Un faux/vrai documentaire. Vrai parce que basé sur les anecdotes d'un homme de terrain, faux parce que Lulu l'inspecteur à moustaches sert de fil rouge au film avec ses doutes, ses interrogations, ses coups de gueules. Tavernier nous dépeint un univers foutraque, kafkaïen, peuplé de flics désabusés, démotivés, allumés, paresseux, violents, puérils, mais pas tous. On triche en coffrant petits dealeurs et consommateurs, parce que c'est plus facile que d'attraper les gros bonnets. Et Tavernier ne triche pas, il nous montre qui sont ces gens, presque tous immigrés, Lulu dira à ce propos, "il n'y a pas d'arabes, il n'y a que de dealeurs". Comme souvent chez Tavernier la distribution féminine est soignée et les personnages très typés, ainsi Lara Guirao dans le rôle de Cécile, prostituée et camée mais pour qui Lulu en pince sans consommer, ou Charlotte Kady en fliquette délurée. Paradoxalement la femme de Lulu (Cécile Garcia-Fogel) à un rôle mon étoffé mais qu'est-ce qu'elle est bien photographiée. Un film d'un réalisme qui fait froid dans le dos, mais qui se laisse regarder avec fascination
PS : le film énerva le ministre de l'intérieur Paul Quilles qui accusa Tavernier de "raconter des choses injustes et fausses", alors on l'invita à vérifier sur place : on l'attend toujours