Kagemusha, l'ombre du guerrier : les secrets du tournage

Alors qu'il a 70 ans et 26 films au compteur, Akira Kurosawa se voit enfin remettre la prestigieuse Palme d'or du Festival de Cannes (ex aequo avec Que le spectacle commence! de Bob Fosse ), doublée un an après du César du meilleur film étranger. Après l'oscar décroché pour son précédent film L' Aigle de la Taiga, il confirme ainsi avec éclat son retour sur la scène internationale, et un nouveau départ après le douloureux échec financier et moral de Dodeskaden.

Francis Ford Coppola et George Lucas, tous deux grands admirateurs de Kurosawa (le créateur de La Guerre des étoiles s'est fortement inspiré de La Forteresse cachée), sont les producteurs exécutifs de la version internationale. Sans leur aide financière, ce film à gros budget (6 millions est une somme énorme pour le Japon) n'aurait jamais pu voir le jour.

Les mêmes Francis Ford Coppola et George Lucas ont en revanche fait amputer le film de 35 minutes pour ne pas effrayer le public américain, peu friand de sous-titrage, avec un film en langue japonaise de trois heures (la version dvd zone 2 n'est pas la version intégrale).

Rencontrant de nombreuses difficultés pour financer Kagemusha, Akira Kurosawa décida tout d'abord de raconter son histoire à travers des peintures, à défaut d'écran de cinéma. C'est d'ailleurs en voyant ces tableaux que Francis Ford Coppola et George Lucas décidèrent de financer le film.

Kagemusha fut l'occasion pour Akira Kurosawa de retrouver quelques-uns de ses plus fidèles comédiens. Le réalisateur a ainsi dirigé Tatsuya Nakadai, présent dans la plupart de ses chefs d'oeuvre comme Les Sept samouraïs (1954), Yojimbo (1961), ou Ran (1985). Troisième collaboration pour Tsutomu Yamazaki après notamment Barberousse (1965) et deuxième pour Jinpagi Nezu et Ryu Daisuke, tous deux déjà présents au générique de Ran.

Outre les comédiens Akira Kurosawa s'est également entouré de techniciens fidèles. Ainsi le scénariste Masato Ide avait-il déjà écrit Barberousse en 1965 et signera-t-il le script de Ran cinq ans après celui de Kagemusha. Le film a marqué le début de la collaboration de son réalisateur avec le compositeur Shinichiro Ikebe avant Reves (1990), Rhapsodie en août (1991) et Madadayo (1993), et avec le directeur de la photographie Masaharu Ueda avant quatre autres films (dont Ran et Reves) et la poursuite du travail commun avec le directeur de la photographie Takao Saitô (neuf collaborations).

"Kagemusha" signifie en japonais "guerrier de l’ombre". Ce terme a été souvent utilisé pour désigner les doublures ou les remplaçants d’hommes politiques et chefs de clans influents.

Ce long-métrage se déroule pendant la période Sengoku autrement appelée l’époque des royaumes combattants. Kagemusha, l'ombre du guerrier s’est basé presque entièrement sur des faits et batailles historiques de cette période iconique du Japon médiéval.

Pour les besoins du film, plus de deux cents chevaux spécialement entraînés ont été transférés au Japon depuis les États-Unis. Ces équidés ont été chevauchés par une majorité de femmes que le célèbre réalisateur japonais, Akira Kurosawa, a décrit comme étant "plus vaillantes que la plupart des hommes."

Les costumes et armures utilisés pour le film ont été empruntés à des musées japonais. Certains de ces habits étaient considérés comme des trésors nationaux extrêmement précieux.

Kagemusha, l'ombre du guerrier, a été financé en partie grâce à la compagnie Suntory Whiskey qui a demandé à ce que des publicités pour leurs boissons alcoolisées soient présentes pendant tout le tournage du film.