Hollywood nous a habitué à un certain déroulement cinématographique dont on a du mal à se passer, surtout en ce qui concerne les grands films catastrophe. Le cinéma Coréen ne ressemble en rien au cinéma américain, de la même manière que la Kpop n'a strictement rien à voir avec la pop américaine. Si on regarde ce film pour y retrouver ces standards, on ne l'aimera pas ; l'humour, pourtant fin, deviendra grotesque, le hurlement hystérique des survivants comptant leurs morts sera juste gênant... Non, ce qu'il faut c'est aborder ce film comme un film asiatique, où le but recherché n'est pas le réalisme, mais l'allégorie. Ici, tout est excessif : l'amour, l'alcool, la séduction... la vague, qui selon les scientifiques avance à 700km/h et devrait dépasser les 50m voir les 100m de haut... le sort qui s'acharne d'une manière qui frôle le comique et qui, pourtant, finit bien par tuer... les révélations in extremis - "je suis ton père!" avant que la vague n'emporte le tout... Le spectateur occidental, enivré par les odes héroïques américaines, s'ennui ; il attend la vague et son spectacle de désolation photo-réaliste... mais la vague attendra 1h32 minutes pour enfin faire son apparition! Elle est alors anecdotique, simple métaphore, posée là pour nous rappeler que tout est éphémère, que notre cauchemar - eh oui, le début du film! - finit bien par nous rattraper un jour. Au bout du compte, il n'y a pas de gagnant, tous ont perdu quelque chose. Et les mots finalement pleins de sagesses de la vieille dame bouclent royalement le film, un peu à la manière du dénouement d'anthologie du Candide de Voltaire : après l'excès d'une aventure improbable mais chargée de symboles, des hommes imparfaits, blessés et attristés, partiront oeuvrer pour la reconstruction d'une civilisation que l'on croit à tort inébranlable. Certains me reprocheront d'y voir plus que ce qu'il y a vraiment dans ce film, mais à force de regarder du cinéma coréen, on change d'optique, on change de moeurs - et bien que je n'aie rien contre Hollywood, ça fait vraiment du bien de voir une autre manière d'appréhender "le dernier des jours".