Je hausse d'emblée la note de 2 étoiles à 3, parce qu'à ma connaissance, Braquo est la seule série française non-merdique, non-gentillette, non-chiante, non-Navarro, non-Plus Belle La Vie à être diffusée. Après avoir admis que Marchal et Schoendoerffer évitent les tartes à la crème typiquement françaises, reconnaissons que Braquo souffre de quelques sérieux points faibles. La série ne se prive pas d'une certaine forme de caricature de la vie d'un flic "borderline", même au regard des thématiques habituelles des deux réalisateurs, qui sont déjà très orientées. On y trouve finalement une fascination pour la vie d'un flic-voyou assez irréel, celle de Caplan, un Commandant de police incarné par Anglade, qui me semble plus à l'aise dans le rôle du rêveur commissaire Adamsberg. Ce qui sauve cette caricature, c'est l'absence, dans l'ensemble, de jugement moralisateur porté par le réalisateur sur ses personnages: certes, Caplan fait très "pirate blasé", mais il n'est pas tout à fait sympathique; le seul à être vraiment condamné est Vogel. En règle générale, dans Braquo, le vrai crime, ce n'est pas la liquidation hors procédure des truands, mais l'ambition mal placée des boeufs carottes. Certains dialogues sont mal écrits, et donnent encore l'impression d'être récités. Les noms des flics sentent le vieux feuilleton, et le personnage de Nicolas Duchauvelle est assez exaspérant, avec ses fameux "put*** d'enc****!". Mais dans l'ensemble les acteurs s'en tirent plutôt bien. Le nombre restreint d'épisodes (8 au total) donne un rythme haletant à la série. Pourtant, on ne peut que se demander si l'intérêt du spectateur serait aussi soutenu dans un format classique d'une vingtaine d'épisodes. On a d'ailleurs plus l'impression de voir un film un peu long qu'une véritable série, cf. 24H Chrono. La photographie, la bande sonore, le cadrage, tout ça porte la marque d'un très bon chef opérateur. Bref, un demi-succès, qui laisse entrevoir un belle réussite pour les saisons à venir.