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    Poltergeist, La Malédiction...Tournages maudits ou légendes urbaines ?
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Décès parfois brutaux et accidentels de membres de l'équipe de films, incidents à répétition... Certains films traînent une réputation de tournages maudits. Retours sur quelques histoires à l'occasion de la sortie DVD / Blu-ray de "Poltergeist".

    La malédiction des Poltergeist

    Le cas de la saga des trois films Poltergeist est sans doute le plus fameux exemple de ces légendes urbaines entourant les films estampillés "maudits". Sorti début juin 1982 aux Etats-Unis puis dans le reste du monde, Poltergeist de Tobe Hooper fut un énorme succès. Soit, pour rappel, les malheurs d'une famille américaine dont la maison est construite sur un ancien cimetière, ce qui n'est pas vraiment du goût des esprits frappeurs du coin qui vont terroriser la petite famille.

    Premier incident : le jeune Oliver Robins, qui joue le fils de famille (Robbie Freeling), manqua de peu d'être réellement étranglé par la marionnette en forme de clown diabolique. Conséquence d'un mauvais réglage des accessoiristes qui animaient la marionnette à l'aide de câbles. La séquence est visible ici :

    La première tragédie survient le 26 septembre 1982. L'actrice Dominique Dunne, qui joue la fille aînée dans le film, est victime d'une tentative d'homicide par strangulation de son compagnon... Qui parvient finalement à la tuer début novembre, toujours par strangulation. Détail particulièrement sinistre : pour étouffer les cris de la malheureuse, son compagnon tueur aurait mis très fort sur la chaîne Hi-fi la bande-son du film Poltergeist...

    En dépit de ce drame, la MGM demanda la mise en chantier d'une suite, Poltergeist II, sortie en 1986. Sur le tournage, une partie de l'équipe du film ainsi que du casting découvrit que certains des cadavres étaient en fait de vrais squelettes. En apprenant cela, l'équipe demanda à faire procéder à un exorcisme, qui sera mené par l'acteur amérindien Will Sampson, qui était par ailleurs un vrai Chaman. Instructions furent données à l'équipe de sécurité de laisser le plateau de tournage ouvert, de sorte que Sampson puisse y venir au milieu de la nuit pour procéder à sa séance d'exorcisme, ou plutôt d'apaisement des esprits...

    D.R.

    Il faut croire que ca n'a pas vraiment servi...Will Sampson décèdera l'année suivante des suites de graves complications post-opératoire liées à une transplantation. L'acteur Julian Beck, qui campe le terrifiant révérend Henry Kane, à l'origine du mal, décède en 1985 d'un cancer à l'estomac.

    Au début de l'année 1987, la jeune actrice Heather O'Rourke, présente dans la saga depuis le premier volet Poltergeist, tombe malade et les médecins diagnostiquent la maladie de Crohn. Elle doit subir un traitement médical durant le tournage de Poltergeist 3 à Chicago. Elle termine le tournage avant de rentrer en Californie, apparemment remise. Mais le 1er février 1988, à la suite d'un malaise, on lui diagnostique une sténose intestinale. Opérée en urgence, elle meurt à 12 ans d'un choc septique, l'obstruction ayant entraîné une infection fatale.

    Bien qu'éloignée de la sortie de son Poltergeist II, on notera aussi le décès en 2004 de son réalisateur, Brian Gibson, à peine âgé de 59 ans, d'une tumeur des os (maladie de sarcome d'Ewing). Dix ans après avoir tourné dans Poltergeist, l'acteur Richard Lawson survivra miraculeusement au crash aérien de son avion qui partait de l'aéroport de LaGuardia, à New York. Un crash qui fit 27 morts sur 51 passagers au total. Sans doute les (bons) esprits veillaient-ils sur lui...

    Ci-dessous, un spécialiste du paranormal revient justement sur le phénomène des Poltergeists :

    La Malédiction

    Glaçant film d'épouvante littéralement hanté par le score justement oscarisé de Jerry Goldsmith, la Malédiction est un classique du genre. Tous ceux qui l'ont vu se souviennent, horrifiés, de cette histoire d'Ambassadeur des États-Unis à Londres réalisant que son fils de cinq ans, Damien, n'est autre que la réincarnation de l'antéchrist...Avec un sujet aussi fort, il était au fond presque fatal, sinon (sur)naturel, que les histoires de malédictions fleurissent autour du film. D'autant que le sentiment de malaise est palpable avant même que le premier coup de manivelle de tournage ne soit donné. Gregory Peck accepta quand même de jouer le rôle d'un père devant In Fine tuer son enfant, alors même qu'il était déchiré dans sa vie intime, après le suicide de son fils, en 1975...

    20th Century Fox

    Les avions transportant Gregory Peck et le scénariste David Seltzer, qui se trouvaient dans des avions séparés pour gagner Londres, furent tous deux frappés par la foudre.

    Lorsqu'il était à Rome, le producteur du film, Harvey Bernhard manqua de peu d'être foudroyé. Il eut aussi un accident au volant de son véhicule, sur le tournage en Angleterre. Une voiture arriva en sens inverse, qui lui arracha quand même la portière du passager avant.

    Les différents Rottweilers "engagés" sur le film pour incarner le cerbère de l'enfer veillant sur Damien attaquèrent leurs dresseurs, pourtant très expérimentés et prudents.

    Le restaurant de hôtel dans lequel dormait le producteur exécutif David Neufeld, et où Richard Donner et une partie du casting devait dîner un soir, fut victime d'un attentat perpétré par l'IRA.

    Après avoir tournés quelques scènes en Israël, Gregory Peck devait regagner les Etats-Unis à bord d'un jet privé loué pour l'occasion. L'acteur annula au dernier moment son vol, et l'avion fut finalement réservé par cinq businessmen japonais. Ils n'arrivèrent jamais à destination : l'avion se crasha, tuant tous les passagers et l'équipage.

    20th Century Fox

    Puisqu'on parle d'avion...Un avion fut justement loué, destiné à faire des photographies aériennes pour les besoins du film. La production annula finalement sa réservation. Peu de temps après, cet avion fut victime d'un crash, tuant tous ses occupants...

    Le lendemain de sa participation au tournage d'une scène située au Longleat Safari Park situé en Grande-Bretagne, un gardien du fameux zoo fut tué dans l'enclos des lions.

    Une malédiction qui semble continuer même bien après la production du film. Comme le drame qui frappa le 13 août 1976 l'ex responsable des effets visuels, John Richardson, et sa compagne assistante, alors en plein tournage du film de guerre Un pont trop loin, en Hollande. Un soir, de retour en voiture vers leur hôtel, ils furent victimes d'un accident de la route, causé par un camion. La violence du choc fut telle que la malheureuse fut tuée par l'une des roues avant de leur voiture. A moitié KO, Richardson eut le temps de voir non loin un panneau de signalisation indiquant qu'ils se trouvaient à une soixantaine de km d'une ville dénommée...Ommen. Un quasi homonyme au titre en VO du film La Malédiction.

    Pour ceux qui ne l'ont jamais vu (c'est mal !), la venue de l'Antéchrist ressemblait à ça en 1976. On jetera un voile pudique sur le remake de 2006...

    Le Conquérant ou la malédiction de Genghis Khan

    John Wayne en Genghis Khan ? Et oui, même si l'association des deux est totalement improbable tant l'acteur incarne LA figure tutélaire du western. Quoi qu'il en soit, il a bien incarné le célèbre conquérant Mongol en 1956 dans le film Le Conquérant, réalisé par Dick Powell, et dernière production du mégalomane multi milliardaire Howard Hughes.

    Au-delà de son erreur de casting majuscule pour le rôle-titre, le film est aussi entré dans l'Histoire pour la "malédiction" qui s'est abattue sur l'équipe du film et son casting. Mais une malédiction pas vraiment surnaturelle pour le coup...

    Les scènes d'extérieur du Conquérant furent en effet tournées en 1953 à Saint George dans l'Etat de l'Utah, près de Yucca Flat. Particularité du coin ? C'était le terrain des essais nucléaires atmosphériques de l'armée, dans un désert où le vent et les tempêtes de sable disséminaient la radioactivité. C'est notamment là que que l'on fit exploser la bombe atomique baptisée Harry, le 19 mai 1953, d'une puissance de 32 kilo-tonnes, pour laquelle on enregistra par la suite une contamination extrême des populations près des trajets des vents...

    L'équipe de tournage est ainsi exposée pendant trois mois à des radiations 400 fois supérieures à la dose normale acceptée. Elle totalisait 220 personnes, et sur ce nombre, 91 ont développé avant 1981 une forme de cancer et 46 en sont morts, y compris Wayne. Ce taux de cancer est environ trois fois supérieur à celui attendu.

    Ci-dessous, une célèbre photographie prise lors du tournage du film, dans laquelle John Wayne manipule un compteur Geiger, qui mesure la radioactivité...De nombreuses personnes impliquées dans la production du film savaient qu'il y avait des radiations, mais, à l'époque, personne ou presque ne prenaient ça suffisamment au sérieux. On connait la suite...

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