Sans effets spéciaux inutiles, on ne voit même pas la catastrophe qui fait flamber la biosphère ce qui aurait été inutile et surtout irréaliste dans tous les cas de figure, "la route" est un chef-d’œuvre qui pose la seule et unique question de la vie de parent (dans ce cas précis du père) : j'ai eu la stupidité de faire un moutard dans ce monde de ... , enfin vous voyez ce que je veux dire, hein, et on se retrouve au milieu d'une catastrophe avec la Vieille qui préfère se faire la cerise plutôt que de faire face à ses responsabilités, qu'est-ce que je choisis ? Ben oui, que le problème soit le chômage sans aucun autre revenu dans un pays géré par l'économie de marché, ou bien, la fin du monde, on est à peu près au même niveau de gravité des évènements. Alors, on peut finir tout de suite par un coup de flingue dans la tronche du mouflet et dans la sienne, pour éviter trop de souffrance, soit, partir à la recherche d'autre chose : ce qu'on pouvait avant mais qu'on a jamais osé faire. "La route" choisit la seconde solution et pas pour le désespoir contrairement à ce que peuvent penser les spectateurs du film adeptes de la lecture en diagonal (comment comprendre les œuvres complètes de Kant en vous limitant aux titres des paragraphes). Le film baigne d'abord dans une noirceur glauque. Pas mal d'erreurs sont commises par le père, (voulues par l'auteur), pour entretenir l'idée que l'être humain, aujourd'hui, est au-dessous de sa vraie tâche : en bon américain, il se ballade dans un monde d'anthropophages avec un 38 SW 6 coups dont les deux dernières cartouches ont certainement perdu 40% de leur vélocité en 10 ans, au lieu de s'être fabriqué un bon arc à poulie avec des boucliers de bagnoles découpés et collés sur plusieurs épaisseurs avant de quitter sa bicoque, il butte deux types dans tout le film et il y a un innocent parce-qu’il n'a même pas cherché à comprendre. Pourtant il suit sa route, même sans y croire vraiment. Puis cahin-caha une lueur non visible mais palpable, par les graines vivantes qu'ils retrouvent parfois, un insecte qui s'échappe d'une boite, un vieillard philosophe qui marche sans peur vers sa mort et la fin, que certains n'ont visiblement pas digérée car elle manque de CGI et de coups de flingue dans des méchants pleins de puces, fait que on peut estimer que tout ne va pas si mal que cela dans ce film. Chapeau pour l'interprétation et la mise en scène...