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    Enemy
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    Sonia E.
    Sonia E.

    23 abonnés 29 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 2 septembre 2014
    Pour rappel, Enemy est le dernier film du réalisateur québécois Denis Villeneuve, avec Jake Gyllenhaal dans le rôle principal. Il interprète Adam, un professeur d’histoire discret qui mène une vie paisible avec sa fiancée Mary (Mélanie Laurent). Un jour qu’il découvre son sosie parfait en la personne d’Anthony, un acteur fantasque, il ressent un trouble profond. Il commence alors à observer à distance la vie de cet homme et de sa mystérieuse femme enceinte (Sarah Gadon). Puis Adam se met à imaginer les plus stupéfiants scénarios… pour lui et pour son propre couple.

    A l’issue du visionnage, plusieurs questions surgissent inévitablement. Quel est le sens du plan final? Que symbolisent les différentes araignées? Le personnage de Jake Gyllenhaal a-t-il vraiment un double identique? Autant de questions, et bien d’autres encore, auxquelles il est finalement possible d’apporter une réponse après un nouveau visionnage et un peu de réflexion. Cependant, avant d’aller plus loin, je pense qu’il est nécessaire de clarifier une bonne fois pour toute l’interrogation principale autour de l’élément central du film. Le personnage de Jake Gyllenhaal dispose-t-il, oui ou non, d’un jumeau en tous points identique? La réponse est non ! Plus le film avance et plus cela devient évident. Et si certains en doutent encore, il suffit de se référer aux interviews du réalisateur qui déclarait durant la promo que le film pouvait s’interpréter comme un documentaire sur le subconscient du personnage de Jake Gyllenhaal. Il apparaît donc clair que les deux versions du personnage de Jake Gyllenhaal ne forment en fin de compte qu’une seule et même personne (plusieurs éléments viennent d’ailleurs étayer cet état de fait au fur et à mesure de la progression de l’histoire : cicatrice, discussion avec la mère…), et que le film décrit la lutte qui se joue dans l’esprit du personnage. Mais que savons-nous exactement des deux versions du personnage? L’un est acteur, charismatique, marié à une femme enceinte et plutôt attentif à son look. Tandis que l’autre est professeur d’histoire, discret, plutôt désordonné et en couple avec une jeune femme qu’il voit régulièrement sans pour autant avoir d’attache.Au premier abord, on s’aperçoit donc que les deux versions sont relativement différentes, autant sur le mode de vie que sur le caractère. Néanmoins, nous avons préalablement établi que les deux personnages présentés ne constituaient en fait qu’une seule et unique personne. Du coup, on est en droit de se demander quelle est finalement la version réelle du personnage et celle imaginée. Et heureusement, sur base du développement des différentes versions et de quelques dialogues clés, il est tout à fait possible de remettre dans l’ordre les pièces du puzzle. Ainsi, on découvre que le véritable Jake Gyllenhaal est un acteur raté dont la discussion avec sa mère nous apprend qu’il a un travail respectable de professeur d’histoire et un bel appartement. Marié à une femme enceinte de 6 mois, l’homme est en proie à des problèmes d’infidélité, comme en témoigne sa visite au club lors de l’introduction du film ainsi que la dispute avec son épouse qui lui demande si il la revoit "encore". Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que cela fait 6 mois qu’il ne s’est plus rendu à l’agence et que sa femme est justement enceinte de 6 mois. Le personnage a donc d’énormes problèmes d’engagement et sa femme enceinte représente pour lui l’absence de liberté, qui fait par ailleurs échos aux déclarations sur la dictature et le contrôle du début du film. Et toute cette confusion débouche sur des troubles réels de la personnalité qui provoquent l’apparition d’Adam Bell, un double débarrassé de tous ses démons qui peut assouvir ses désirs sexuels. Le film décrit donc le conflit intérieur du personnage, dont sa femme semble d’ailleurs être pleinement consciente au vu de ses différentes réactions.

    Le point culminant du conflit étant certainement la confrontation intense entre les deux versions du personnage. Une confrontation durant laquelle le professeur d’histoire Adam Bell passe un marché avec l’acteur Anthony St. Claire en lui permettant de passer une soirée avec Mary, sa petite amie interprétée par Mélanie Laurent. Pour ma part, j’interprète ce marché comme une façon pour lui de se débarrasser une bonne fois pour toute de la partie néfaste de sa personne, la partie infidèle qui fait tant souffrir son mariage. Tout le segment qui suit avec Mélanie Laurent est donc le fruit de son imagination, le personnage ne pouvant naturellement pas se trouver à 2 endroits simultanément. Dans le même temps, il se rend dans le bel appartement d’Anthony et tente d’appréhender les lieux avant le retour de sa femme. Il y découvre notamment une photo de couple entière, qui renvoie immédiatement à celle déchirée du début du film. Plus tard, dans le lit avec sa femme, cette dernière semble remarquer quelque chose d’inhabituel et lui demande s’il a passé une bonne journée à l’école. Ce qui va dans le sens de l’idée selon laquelle il est bien professeur d’histoire et qu’elle est parfaitement consciente de sa condition. En effet, au lieu de le confronter directement, elle joue le jeu pour qu’il fasse lui-même le cheminement mental. Malheureusement, il ne se souvient pas et ne voit pas de quoi elle parle. Cependant, durant la nuit, il se réveille et semble en proie aux doutes. Sa femme souhaite qu’il reste, et au moment précis où ils se retrouvent charnellement, l’autre version du personnage subit un accident de voiture critique après une dispute violente.Reste maintenant à traiter la question des araignées qui font partie intégrante du film et qui occupent une place importante dans l’interprétation de l’histoire. Concrètement, les araignées représentent ici les femmes (et par extension la figure maternelle, une thématique très présente au sein du récit et fortement liée à l’état psychologique du personnage), en tout cas la vision qu’en a le personnage de Jake Gyllenhaal. Comme évoqué précédemment, le personnage a une peur immense de l’engagement, et surtout de la perte de contrôle et de liberté que cela implique. Il se sent complètement piégé par sa femme enceinte, telle une proie dans la toile d’une araignée. Les câbles de la ville en forme de toile d’araignée, le pare-brise fracassé à la manière d’une toile d’araignée ou la gigantesque araignée apparaissant juste après la discussion avec sa mère en sont des illustrations flagrantes. Mais comment interpréter la dernière séquence dans laquelle sa femme laisse place à une gigantesque araignée réagissant avec peur à son arrivée? Si on remonte quelques secondes avant la confrontation, le personnage ouvre enfin la fameuse enveloppe de l’agence. Il y découvre la clé du club et ressent immédiatement le besoin de s’y rendre. Autrement dit, après être finalement parvenu à éliminer la partie infidèle de sa personne, il replonge instantanément dans ses travers au premier signe de tentation. C’est pourquoi sa femme, représentée maintenant par une araignée, réagit avec peur en le voyant. Car c’est en quelque sorte un tueur d’araignée, incapable de réfréner ses pulsions et incapable de s’engager dans une relation saine. Les écarts de conduite étant symbolisé ici par la scène du club où un talon s’apprête à écraser une araignée.
    Enfin, toujours dans cette dernière séquence, comment interpréter maintenant le regard presque amusé de Jake Gyllenhaal au moment où il découvre l’araignée? Comme s’il comprenait soudainement l’enjeu de la situation. Il faut pour cela revenir au début du film, lorsqu’il enseigne l’histoire à ses élèves et déclare :

    - It’s important to remember this. This is a pattern that repeats itself throughout history.

    Je pense que le personnage comprend en voyant l’araignée qu’il reproduit exactement le même schéma. Il répète inlassablement les mêmes erreurs dès lors que la tentation survient. Il est d’ailleurs intéressant de constater que le film se termine avec un coup de téléphone manqué de sa mère, et commence avec un message de sa mère laissé sur son répondeur. Dans le même ordre d’idée, le film se clôture avec sa femme enceinte transformée en araignée dans la chambre, et s’ouvre avec sa femme enceinte nue sur le lit dans cette même chambre. Ce qui confirme la théorie selon laquelle le schéma se répète. Par la suite, il reprend :

    - All the greatest events happen twice. The first time, it’s a tragedy. The second time, it’s a farce.

    Une fois le stade de la tragédie dépassé, je pense que le personnage se rend compte de la grosse farce que représente la situation. Effectivement, bien qu’il soit parfaitement conscient de ses problèmes et de l’issue dramatique de la situation, il ne peut pas s’empêcher de céder, encore et toujours, à la tentation, et donc de répéter continuellement le même processus. On peut ainsi parfaitement imaginer que ce n’est pas la première fois que cela se produit et le personnage le réalise en voyant l’araignée sur la défensive. D’où son très léger détachement à la fin, comme s’il se rendait compte, après l’aspect tragique du moment, de son aspect humoristique.

    En définitive, si on se réfère au titre du film, on comprend donc maintenant que l’ennemi, c’est lui-même ! Ses instincts, ses craintes, son incapacité à s’engager dans une relation normale. Toute une série de choses qui peuvent mener à terme à la destruction de sa santé mentale, de son couple et même de sa vie.

    Voilà donc comment j’ai compris le film sur base d’éléments du scénario aussi concrets que possible. J’espère que l’article vous aura permis d’y voir plus clair :)
    benoitG80
    benoitG80

    3 313 abonnés 1 464 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 septembre 2014
    "Enemy" est le dernier film attendu de Denis Villeneuve qui après l'excellent "Prisoners" très maîtrisé et cartésien, prend cette fois un virage à 90° pour mieux nous déstabiliser, nous questionner mais surtout nous envoûter !
    Et force est de dire que ça marche à la lecture des critiques, on ne peut plus divisées...
    Avant de donner mes impressions sur le film, il faut reconnaître le jeu impeccable et saisissant de Jake Gillenhaal qui compose un personnage torturé et inquiétant, à la limite de la folie pour ne pas trop en dire !
    Ensuite, on reste ébahi devant la qualité des images, de la lumière quasi artificielle, des prises de vue sur la ville et son architecture presque surréalistes, un peu comme dans certains films de SF où une ambiance surnaturelle nous submerge complètement !
    On pense bien sûr à David Lynch également, d'autant plus que la bande son a tout pour renforcer l'angoisse, l'inquiétude et le malaise ambiant qui va crescendo !
    Reste, et ce n'est pas le moindre des détails, l'interprétation de ce film que l'on essaiera de ne pas trop dévoiler afin que chacun se fasse sa propre idée, grâce à tous les éléments que ce puzzle met en place à travers cette toile, pour mieux nous guider en usant ici et là de signes et de symboles mais en sachant aussi que l'idée centrale repose avant tout sur le problème psychologique et bien personnel du héros et de son double, sans encore ici trop en dire !
    Cependant et malgré tous ces éléments en place et même assemblés puis décryptés, il semblerait que plusieurs pistes soient envisageables pour reconstituer la vraie réalité de sa vie...
    Un film à méditer, qui peut dérouter, agacer, ou après décantation totalement ensorceler et travailler ainsi notre esprit dans le meilleur sens du terme...
    Denis Villeneuve a, à mon sens, réalisé une expérience cinématographique audacieuse et courageuse, élégante et surtout diablement intéressante !
    Que pourra bien nous réserver son prochain film ?
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 16 avril 2016
    : Attention spoiler ! L’année dernière, pour la première fois je vois Enemy que j’avais beaucoup apprécié mais je ne l’avais pas totalement compris (notamment avec la métaphore de la tarentule). J’ai décidé de le revoir à présent, et je le trouve encore plus impressionnant. Denis Villeneuve a lui-même dit qu’il n’expliquerait pas sa métaphore et qu’il est libre à chacun de l’interpréter comme bon lui semble. Adam, un professeur d’histoire discret mène une vie banale avec une certaine Mary. Un jour en regardant un film, il aperçoit son double parfait : Anthony. Après mûre réflexion il décide d’entrer en contact avec cette personne mais se demande s’il y a vraiment un but à cette rencontre, était-ce vraiment une bonne idée ? C’est un film étrange et inquiétant plus dans la forme que dans le fond. Villeneuve va énormément jouer sur les jeux de lumières et offrir une image jaunâtre et crasseuse. Les scènes sont lentes mais le film est assez court (à peu près 1h30), le spectateur perd rapidement la notion de temps et se retrouve vite perdu. Ajouter à ça, la solitude des protagonistes. En effet, l’action se situe à Toronto, une grande ville qui se veut déserte et ou l’air est quasi irrespirable (température élevé). Et comment ne pas aborder le jeu d’acteur ! Tout d’abord Jake Gynnehall qu’on ne présente plus, qui nous offre l’une de ses interprétations les plus abouties à mes yeux jouant un double à merveille. Pour ce qui est des actrices secondaires, Mélanie Laurent joue très bien le jeu de la femme détachée qui se demande souvent ce qu’elle fait là. Mais Sarah Gadon m’a littéralement bluffée surtout dans la scène de nuit où Adam se met à pleurer sur le sofa. Il est temps de passer maintenant aux personnages d’Adam et d’Anthony. Il est clair que pour moi c’est une seule et même personne, d’ailleurs plusieurs indices nous le laisse le prouver (quand Sarah Gadon appelle son mari après avoir vu Adam, la mère d’Adam qui rétorque à son fils d’arrêter son rêve d’être acteur de 3e zone ou encore Gadon qui demande à Anthony si sa journée à la fac s’est bien passée). En réalité, Adam est le mari de Gadon qui le trompe avec justement Mélanie Laurent. Anthony incarne son inconscient, la part sombre de lui-même mais aussi la personne qu’il aurait toujours aimé être. Pour ce qui est de la métaphore de la tarentule, je pense qu’elle représente l’image de la femme selon Adam (Gadon se transforme en tarentule, dans l'un de ses rêves on apercoit une femme avec tête d'araignée et enfin au début une prostituée en écrase une, à comprendre le non pouvoir de la femme dans un lieu de luxure) et surtout celles qui l’entourent : sa mère pour commencer qui l’appelle tout le temps, qui l’étouffe et l’empêche de se poser les bonnes questions notamment sur la rencontre avec son double. Ensuite, il y a sa femme enceinte qui n’a toujours pas digéré la tromperie de son mari et qui souhaite plus de sa présence en vue de son futur accouchement. Et enfin avec Mary, où la relation est très étroite et mystérieuse (à la première apparition, on aurait pu croire qu’il s’agissait d’une prostituée). Mary représente l’inconnu pour lui, il doit se demander ce qu’elle recherche et il doit se dire secrètement que cette femme court peut-être à sa perte. Au final, un film qui frôle l’excellence et qui bluffe au vu de la filmographie de Villeneuve. Après Incendies (2010), Prisonners (2013) et dernièrement Sicario (2015), le réalisateur canadien est en train de confirmer qu’il est l’un des plus talentueux avec une patte à la Fincher. A présent, une sortie d’un film de Denis Villeneuve sera un événement égal à Tarantino à mes yeux tout comme un film de Jake Gynnehall. Un mot, époustouflant !
    Flaw 70
    Flaw 70

    253 abonnés 422 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 28 août 2014
    ATTENTION ! [ critique contient des spoilers majeurs mais les masqués ferait perdre toute pertinence à ma critique qui sert aussi d'analyse donc assurez vous d'avoir vu le film avant de la lire ] ATTENTION ! Connu pour son très bon Incendies et son excellent Prisoners, Denis Villeneuve signe avec Enemy son meilleur film, son plus complexe et déroutant qui demandera de la patience et de la réflexion pour être correctement déchiffré. Tourner un peu avant Prisoners, il ne sort que maintenant en France, environ un an après ce dernier avec Jake Gyllenhaal encore une fois en tête d'affiche. Il est ici excellent comme à son habitude livrant deux performances contraires mais pourtant semblables avec beaucoup de justesse et il hante le film de sa présence magnétique et inquiétante. Il est d'ailleurs soutenu par un casting exemplaire mais restreint, n'ayant pas beaucoup de personnages dans l'intrigue et on retiendra une Mélanie Laurent ayant enfin appris à jouer et une Sarah Gadon saisissante. Pour ce qui est de l'intrigue, elle est savamment orchestré, le scénario étant un puzzle que le spectateur devra assembler et interpréter car le film est extrêmement exigeant, ils vous donnera des clés pour le comprendre mais jamais d'explications claires et parfois même il s'amusera à vous donnez des fausses pistes. Le scénario sera d'ailleurs assez cloisonné dans l'unité de lieu et de personnage, ni l'un ni l'autre ne seront nombreux dans le film ce qui instaure un schéma de huit clos. D'ailleurs le film sera très schématique comme expliqué dans le cours du personnage, tout est une question de schéma et d'ailleurs la plupart des clés pour déchiffrer le film seront dans ses cours et les inscriptions sur le tableau ne seront d'ailleurs pas anodines. Ce qui fait que le spectateur doit constamment être sur ses gardes et il ne doit laisser passer aucuns détailles et faire attention à ceux qui induisent en erreur. Car même si le film est cloisonné dans l'espace, il ne l'est absolument pas dans le temps, les événements que l'on voit dans le film ne se passe pas nécessairement au moment ou on les vois, ce qui permet d'ailleurs au film d'avoir un twist relativement brillant. Donc comme le dit si bien la phrase qui ouvre le film, "le chaos est un ordre à déchiffrer" ce qui fait que le film peut paraître chaotique si on se laisse perdre mais il est incroyablement ordonné et contrôlé, des thèmes primordiales qui seront encore une fois illustré dans les cours du personnage, ses scènes peuvent paraître anodines mais c'est vraiment là que toute la compréhension du récit ce trouve. Le film traite donc de la dualité, du mensonge et de l'infidélité car c'est avant tout l'histoire d'un homme qui se ment et qui ment à ses proches pour pouvoir tromper sa femme, se confrontant à ses deux personnalités, d'un côté le mari aimant résolu à être professeur et de l'autre l'acteur raté qui veut qu'on lui prête attention et qui veut plaire. Il avait déjà tromper sa femme avant notamment dans des soirées sordides illustré en ouverture du film et il entame un combat intérieur pour savoir si il va recommencer ou pas et pour perdre le spectateur le film va brouiller les lignes temporelles avec intelligence et faire de chaque petits détails un mystère qui à son importance pour la compréhension de l'ensemble ( la cicatrise ). On est donc en plein dans la psyché du personnage qui se confronte parfois à des visions horrifiques ( un magnifique jumpscare qui se cache dans le film ) ce qui renvoi à deux autres chef d’œuvres psychologiques, le magnifique Donnie Darko et le poignant L'Echelle de Jacob, dont Enemy partage des similitudes qui ne sont sans doute pas des coïncidences. Le film forme une boucle comme un schéma qui ne cesse de se répété ( il commence avec un message téléphonique de la mère et ce clôture sur un appel manqué de la mère ) et comme le film cite Hegel avec pertinence " l'Histoire se répète toujours deux fois: la première fois comme une tragédie; la seconde fois comme une farce" , il ne fait aucun doute que l'histoire va se répété ( surtout avec le mensonge final du personnage ) mais on peut s'interroger sur l'histoire que l'on a vu, est-elle la farce ou la tragédie ? C'est au final la seule question qui restera véritablement en suspend car là plupart des énigmes du film peuvent trouver leurs explications notamment les symboliques assez grossière de l’araignée ( seul véritable défaut du film qui n'en est pas vraiment un ). Mais cette symbolique permet aussi d'avoir un regard double sur le film comme le personnage qui a un regard double sur sa vie. d'ailleurs l'aspect dualité est traité avec plus d'inventivité et plus de subtilité que le récent The Double. Car on peut voir le film du point de vue de l'homme qui se confronte à lui-même non pas pour ne pas tromper sa femme mais final pour trouver une excuse pour le faire, il accepte d'ailleurs cela avec une sorte d'amusement ( la parallèle faite entre le divertissement et la crainte car le divertissement était utilisé lors des dictatures pour embrouiller la population ) traduit par un magistral plan final qui repose sur le jeu impressionnant de Gyllenhaal. Mais on peut aussi voir le film d'un point de vue des femmes et là le film prend encore plus de sens car elle se confronte à la peur qu'elles ont de cette homme manipulateur, menteur et parfois perfide traduit par ce brillant et tétanisant plan qui précède le plan final livrant deux chocs au sein d'une même scène, deux point de vue brillamment amené. Cela souligne le talent de metteur en scène de Denis Villeneuve qui signe un film formellement superbe avec une photographie sublime et un rythme lent qui instaure une atmosphère oppressante et une ambiance mystique. Il se trouve entre Lynch et Polanski, avec des plans fourmillant de détails et des travellings lents et maîtrisés, il s'impose clairement comme un auteur visuel qui a ses propres tics visuelles et son propre langage cinématographie. Un réalisateur hors norme sur lequel on peut compter à l'avenir qui devrait justifier le déplacement rien que par la présence de son nom. Du moins pour moi il est officiellement un grand ! En conclusion Enemy est un chef d'oeuvre perturbant, complexe et intelligemment construit qui repose sur la force de déduction de ses spectateurs. En ressort un film forcément exigeant mais une fois immergé dans celui-ci on rentre dans un voyage unique et fascinant. Un film de l'étrange qui pourrait devenir culte et côtoyer les grands films du genre comme L'Echelle de Jacob et Donnie Darko.
    tony-76
    tony-76

    1 011 abonnés 1 410 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 27 août 2014
    « Le contrôle. » « Tout est une question de contrôle. » Avis très partagé sur cet Enemy. Après la claque qu'était Prisoners, le nouveau film de Denis Villeneuve est un projet audacieux. Un projet aux envolées artistiques grandioses, mais beaucoup trop allégoriques pour atteindre un large public. L'ambiance pesante, la musique, le jeu souvent décalé ; le contenant de Enemy est étouffant. Le spectateur est emporté dans cet univers déjanté et rapidement déboussolé comme le sont les personnages principaux, physiquement identiques. Cette attraction est intéressante, mais ne s'avère jamais complète en raison d'une histoire décousue. spoiler: La métaphore de la tarentule est l'une des plus grandes énigmes de ce film complexe. L'araignée semble être la clé pour comprendre les fondements de l'intrigue.
    Jake Gyllenhaal livre une performance étonnante. Le défi d'incarner deux personnages différents, dans le même film, il le relève avec brio. Il est parfois difficile de déterminer en présence de quel personnage nous nous trouvons, Adam ou Anthony. Mais cette incertitude fait partie du jeu. Le réalisateur québécois veut installer une confusion dans l'esprit du spectateur. Mélanie Laurent et Sarah Gadon sont très efficaces dans les rôles des deux amoureuses des protagonistes. Accompagnée par une musique séduisante, sa caméra nous manipule jusqu'à nous faire entrer dans ce monde. spoiler: Si ce dernier était arrivé à maintenir la paranoïa, l'oeuvre aurait très certainement été une grande réussite.
    Enemy fait probablement partie de ces projets énigmatiques rangés dans la catégorie des œuvres d'art. Pourtant, cette oeuvre est un fouillis que seuls certains élus peuvent décoder. Un vrai bordel ! Vous êtes prévenus.
    Dex et le cinéma
    Dex et le cinéma

    647 abonnés 186 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 31 décembre 2014
    Une femme enceinte... Deux Jack Gyllenhaal... Des tarentules... L'un des meilleurs films de l'année ?... est en effet une question qui finit indéniablement par se dessiner dans notre esprit, à la sortie du visionnage de... ce film. Malheureusement, il est claire que sa grande complexité et son ambiance incroyablement oppressante, seront les arguments principaux du grand public pour "tenter" de corrompre le statut cette œuvre, kafkaïenne. Mais que dire de "Enemy" ?
    C'est le genre de film qui ne se critique pas. Le genre de film qu'il est impossible de résumer. Une œuvre que l'on ne peut pas analyser sans y être préparer. Sans doute produira-t-elle en vous un sentiment de ras le bol, une frustration compréhensible devant ce labyrinthe de symboles oniriques, métaphoriques, et mystérieux. Prenez cela comme un avertissement, "Enemy" n'est absolument pas le film que vous vous attendiez à voir, et c'est là tout son génie. Les images sublimes, la musique envoutante, les performances d'acteurs exceptionnelles, tout cela n'est pas le but premier de cette œuvre grandiose. Son objectif, c'est de vous faire perdre le contrôle. De faire disparaitre en vous cette assurance qui murmure "je vais tout comprendre, je ne suis pas stupide". Et une fois que vous êtes immergé avec Jake Gyllenhaal dans cette univers sombre et morne, le film cherchera, à vous noyer. Il vous éblouira visuellement et techniquement, pour mieux vous terrasser grâce à son final. Et je suis parfaitement conscient de la haine de certains spectateurs envers ce sentiment, que le film les à trompés. Mais pour ma part je trouve cette sensation fascinante.
    Certains diront fièrement que le film est l'ennemi du spectateur, de part sa lenteur et son intrigue si obscure qu'elle en devient presque incompréhensible. Et je leur dirai simplement, réfléchissez. Pensez à cette araignée. Vous vous êtes sentis pris au piège par l'incompréhension ? Pensez à l'araignée. Elle est la clé d'une vérité que le film tentait de nous dissimuler. Une vérité que, emprisonné avec le personnage de Jake Gyllenhaal dans la toile de ce scénario si complexe, vous n'avez pas réussi à apercevoir. Réfléchissez, pensez à l'araignée...
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 142 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 14 janvier 2015
    Après ce troisième film que je découvre de l’ami Villeneuve, je commence à comprendre davantage comment il fonctionne et ce qui me dérange là-dedans… Parce que oui, « Enemy » n’a clairement pas été ma tasse de thé, et pourtant il avait beaucoup d’éléments pour me séduire. Bâti comme une sorte de piège de l’esprit à la façon d’un film de Richard Kelly, cet « Enemy » parvient très rapidement à se faire captivant dans sa capacité à vouloir entretenir un mystère flou autour de la réalité de la nature de l’intrigue. Formellement d’ailleurs, ce film est remarquable : il est très soigné ; il fourmille d’idées et parvient à avoir un rythme cohérent. Bref, autant de compliments pour seulement deux étoiles au final ? Bah oui, parce que malgré ses qualités indéniables, « Enemy » m’a profondément ennuyé. Même s’il garde sous le coude quelques intrigues visuelles, tout est dit sur le premier quart d’heure. Le film n’est qu’une sempiternelle loop de lui-même, évitant artificiellement tous les embranchements logiques afin que son intrigue ne s’évente pas dès le premier quart. Ce que je trouve très triste en fin de compte, c’est que cette belle mécanique tourne dans le vide, car en fin de compte rien n’est dit dans cet « Enemy ». C’est du formalisme pur, avec un propos finalement réduit à quelque-chose d’ultra-basique. A prendre du recul sur lui, je ne peux m’empêcher de le comparer à « Lost Highway » dans sa démarche, à la différence que Villeneuve ne prend que la base de la démarche lynchéenne et ne parvient pas à creuser son univers expérimental. Et, pour moi, en ce sens, il est là le syndrome Villeneuve. C’est un bon formaliste, qui maitrise ses codes, mais qui malheureusement n’a strictement rien à dire et à livrer. Malgré tout, je le reconnais, avec ce film je commence à respecter le bonhomme pour ce qu’il fait, même si, il y a de fortes chances pour ce qu’il fait ne me satisfasse jamais… That’s life…
    septembergirl
    septembergirl

    563 abonnés 1 069 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 30 août 2014
    Un thriller fantastique de Denis Villeneuve qui se démarque de son précédent film, le polar "Prisoners". Ici, le réalisateur canadien nous présente un film plus complexe, psychologique, psychanalytique et métaphorique, qui nous offre une plongée dans l’esprit et le subconscient de son personnage. Un film à la mise en scène appliquée, se déroulant dans un décor de ville inexorablement embrumée, et révélant une atmosphère mystérieuse, lourde et pesante. Jake Gyllenhaal nous propose un très bon jeu d’acteur. Cependant, sur le fond, la réalisation, abstraite et obscure, reste difficilement lisible et la majorité du film nous échappe. Un thriller lynchien et surréaliste qui ne convainc pas !
    Kiwi98
    Kiwi98

    242 abonnés 238 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 septembre 2014
    Denis Villeneuve est probablement le cinéaste à suivre, comme beaucoup de monde j'ai adoré Prisoners, thriller à mystère et psychologique dans lequel l'interprète de Wolverine Hugh Jackman trouvait son meilleur rôle. On sentait déjà l'influence forte de David Fincher dans ce film, cette manie du mystère, le twist final, la gestion du suspens, le tout faisait pas mal pensé à une sublime reproduction d'un Seven. C'est ensuite que je découvre Incendies, son tout premier succès international et aujourd'hui film culte de la seconde partie des années 2000, et il faut dire la claque est totale et c'est la que j'ai compris que le bougre québécois représentait l'avenir de ce cinéma en voie de disparition. C'est surtout une chose qui m'a impressionné dans ces deux films, l'ambiance, directement mise en place nous sommes immergés (souvenons nous de la superbe introduction de Incendies) dans le film et près pour une suite, il faut aussi faire attention au détail car Denis aime bien les petits éléments révélateurs et dans Enemy c'est un plateau qui nous est servit. Tourné juste avant Prisoners en été 2012 en la bonne compagnie de Jake Gyllenhaal qui dernièrement revient au cinéma mental qui a fait sa renommé avec Donnie Darko. Enemy c'est un petite production à petit budget tournée dans un petit studio mais guidée par une énorme faim de cinéma. C'est l'histoire de Adam, un professeur d'histoire visiblement pas très sociable menant une vie discrète avec sa fiancé dans un appartement plus ou moins quelconque, un jour il découvre son sosie absolument parfait sous le nom d'Anthony, tout son contraire, acteur de troisième zone vivant marié dans un appartement respectable, ordonné et narcissique. Mais qui est Anthony ? Qui est Adam ? Sont-ils de vrais sosies ? Anthony est-il une illusion pour Adam ? Ou bien est ce l'inverse ? C'est certainement le film le plus complexe que j'ai pu voir de Denis Villeneuve, une pure expérience mentale très sophistiquée. Très remarqué avec le carton de Incendies Villeneuve est réclamé par Hollywood et décide sur le chemin de la gloire de faire une pause à Toronto avec un premier film en langue anglaise sans trop d'enjeux commerciaux pour ensuite devenir le réalisateur de Prisoners, les deux films sortiront dans le désordre mais Enemy sera malheureusement assez mal distribué dans le monde ce qui peut se comprendre car malgré son réalisateur et son casting ce n'est pas un film très facile à vendre à cause de sa complexité. Une complexité assumée pour un film très très psychologique. Le talent de Villeneuve est de faire en sorte qu'Enemy ne soit pas un long épisode de La Quatrième Dimension. Son film ne rentre dans aucune case, à la fois extrêmement angoissant et presque émouvant avec ce personnage principal inspirant une certaine pitié. En bon film mental Enemy va aller au plus profond de l'âme humaine avec souvent de gros plans sur le visage des personnages en sondant leurs esprits à travers leurs yeux et en exprimant leurs pensés paranoïaques avec le Jake Gyllenhaal qui va voir des araignées un peu partout comme dans un final absolument dingue. Je ne vais pas dévoiler les clés du film pour ne pas lui enlever cette substance qui fait de lui un trip inoubliable mais il y a des indices qui ne trompent pas. Presque tout évoque une araignée, les fils électriques au dessus de la route, un par brise brisé ou un plan au début du film ou le protagoniste met ses mains sur son visages, son comptons huit doigts, le nombre de pattes dont dispose une araignée. Il y a aussi les cours d'histoire de Jake Gyllenhaal qui sont les moments les plus intéressant du film et qui sont la clé de l'énigme et donc à suivre avec intention.Directement installé dans l'univers du film avec une première scène hallucinante je me laisse faire et m'enfonce de ce voyage prenant des allures de plus en plus complexes. Presque comme une sorte de film vertigineux. Il faut dire qu'il est étonnant de voir Jake Gyllenhaal se prêter au jeu d'une telle façon, il est magistral et maitrise ces deux personnages avec une grande force et une intensité qui font qu'il est fascinant à suivre de plus que l'ont ressent sa complicité avec celui qui le dirige et l'équipe de manière générale. Le film est surtout sublimé par ces images et ces plans aériens sur un fond jaune, un étalonnage audacieux et très réussi montrant un esprit troublé et irréel totalement onirique. Saluons également la BO absolument marquante avec cette harmonie entre l'image et le son qui ne fait que augmenter notre désire d'en voir plus jusqu'à une surprise final à mourir d'effroi. Vous êtes prévenus.Bilan :"Le cinéma est arrivé à un état décevant" disait Alejandro Jodorowsky, Denis Villeneuve prouve le contraire. Chef d'oeuvre hallucinogène et un film qui devrait sans grands efforts marquer tout ses spectateurs. Du cinéma de très haut niveau repoussant les limites du 7ème art et un des meilleurs films de 2014.
    Edgar L.
    Edgar L.

    184 abonnés 271 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 décembre 2014
    Au final, on assiste à un véritable film labyrinthe torturé qui entraîne chez le spectateur une réflexion. Ce genre de film dans lequel notre cerveau est actif et où on ne se contente pas de regarder passivement en mettant nos neurones sur "Pause". Une œuvre hors-norme, et schizophrénique, pas sans défaut certes, mais qui a au moins le mérite d'être originale.
    elbandito
    elbandito

    315 abonnés 945 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 14 septembre 2014
    Métaphore poussive sur la dualité, ce thriller métaphysique lent et étouffant ne convainc pas réellement malgré une très bonne interprétation de Jake Gyllenhaal. Le public doit faire un gros effort de réflexion pour capter un message finalement incompréhensible.
    JimBo Lebowski
    JimBo Lebowski

    361 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 27 août 2014
    Après le très surprenant "Prisoners" Denis Villeneuve s'est fait une place chez les réalisateurs à suivre de près, "Enemy" devait être la confirmation, un nouveau thriller certes mais avec une complexité scénaristique bien supérieure et ambitieuse. Au premier visionnage j'ai sans doute sous-estimé ce film, j'en ai saisi les lignes mais le fond laissait trop de mystères à explorer, l'évidence a laissé place au doute et à l'incertitude, reflété par ce final au combien what-the-fuckesque. Un second visionnage semblait donc obligatoire pour percer l'intrigue sous-jacente de ce long métrage qui ne manquera pas de questionner ses spectateurs, "Enemy" marque déjà un point pour cela, j'ai vraiment eu envie de me replonger directement dedans.

    L'action se déroule dans un Toronto sépia et étouffant, Adam (Jake Gyllenhaal) prof d'histoire mène une vie monotone avec sa petite amie Mary (Mélanie Laurent), suite au conseil d'un ami il se renseigne sur un film et découvre avec stupeur qu'un acteur est son sosie parfait, il va alors essayer d'entrer en contact avec lui pour résoudre cette mystérieuse coïncidence.

    Attention Spoilers ! (Interprétation personnelle

    Forcément au second visionnage on remarque des éléments dès l'introduction qui nous ont quelque peu échappés, bien sûr on se rappelle de cette clé, élément principal du film puisqu'elle est associée à cette notion d'adultère, elle ouvre ici un nightclub glauque, deux femmes se déshabillent, on ne distinguent pas leurs visages mais on est en droit de penser que ce sont bien les représentations fantasmagoriques de Helen (Sarah Gadon) et Mary (Mélanie Laurent), un plateau est amené au milieu de la scène contenant une araignée, deuxième élément principal du film, une des deux femmes s'apprête à l'écraser avec son talon aiguille, Adam/Anthony (Jake Gyllenhaal) semble extrêmement soucieux, se tenant la tête comme si elle contrôlait son esprit et qu'il courait à sa propre fatalité (déviance mentale).
    S'en suit une ellipse où Adam explique à ses élèves cette idée de contrôle de par la dictature (métaphore de la conscience), un schéma cyclique qui se répète au travers de l'histoire, d'un dédoublement tragicomique, on retrouvera ce principe avec la dualité des personnages de Adam et Anthony. Ce dernier qu'il découvre dans un film est donc son double, son doppelganger, qui représente son côté sombre et malsain, Adam est montré comme quelqu'un de posé, de simple, avec un emploi stable, bien qu'il vive dans une certaine morosité, Anthony lui est plus agressif, sa femme se méfie de lui, son emploi est instable (acteur de troisième zone).
    Denis Villeneuve nous expose ce problème de conscience mentale déviante de manière maligne, il maîtrise avec brio sa mise en scène malgré un rythme parfois un peu lourd, il semble très clairement influencé par David Fincher tellement les similitudes avec le réalisateur américain sont évidentes, que ça soit en terme de réalisation ou d'esthétisme, l'ambiance, elle, n'est pas sans rappeler un David Cronenberg (canadien lui aussi).
    La ville de Toronto est montrée comme un champ d'immeubles littéralement asphyxié par des vapeurs jaunâtres, métaphore de son esprit embrumé et de son subconscient onirique, on retrouvera plus tard ce symbolisme de l'arachnide tissant sa toile au travers des buildings, donc de son esprit.
    Le dédoublement devient de plus en plus aliénant au fil du film comme cette idée d'adultère, que ça soit la réaction de Helen ou ces deux séquences successives très intéressantes où sur l'une on voit une femme à tête d'araignée traverser un long couloir rappelant celui du night club dans un rêve, et sur la suivante une femme sexy de dos traverse un couloir d'hôtel où Adam est venu retrouver Anthony, ce qui est amusant c'est de remarquer que la femme ne passe pas à côté de lui, comme un fantôme, c'est en fait la représentation de Mary, sa maîtresse, d'ailleurs ce sentiment le fait fuir face à Anthony, lui laissant la clé trouvée dans l'enveloppe à son nom, symbole de l'adultère, Adam tente d'oublier ce chapitre. Mais malheureusement pour lui cela ne va faire que s'accroître, le dédoublement va intervenir lorsque la mère d'Adam ne le reconnais plus et lui demande d'arrêter de vouloir être "acteur de troisième zone", l'araignée tisse sa toile ...
    Il est en proie à la schizophrénie, hurlant devant son miroir, il en veut à Anthony l'infidèle, et veux en finir avec lui et il "l'envoie" se tuer en voiture avec Mary sa maîtresse pour ainsi effacer les traces de son esprit, on remarque même Adam qui semble contrôler la situation à distance, la toile se referme (éclat de vitre) tout semble réparé et il peut désormais couler des jours heureux avec Helen (de plus l'arachnide a disparue de son esprit (plan large de la ville)) ... Mais malheureusement pour lui il retrouve la fameuse enveloppe avec la clé dans sa veste, l'élément avant coureur étant ce rideau de douche évoquant une toile se tissant autour de Helen, la fatalité de Adam est inéluctable, ses désirs le rattrapent. Puis vient ce final mémorable où Helen disparaît pour laisser place à une énorme tarentule dans leur chambre, Adam est surpris puis soupire face à son impuissance mentale, son subconscient reprend le contrôle, le chaos est total !

    Avec "Enemy" Denis Villeneuve signe un excellent film, complexe et intelligent, avec une ambiance envoûtante sublimée par une bande son atmosphérique glauque et percutante. Gyllenhaal est parfait, un rôle qui mériterait de lui donner un statut supérieur dans le cinéma hollywoodien, Gadon et Laurent signent une prestation tout en charme et en émotion, puis l'expérimentée Rossellini vient donner la touche finale en mère austère. Une vraie surprise et certainement une des plus grandes réussites de 2014.
    *A signaler que c'est l'adaptation d'une nouvelle de José Saramago "The Double".*
    Caine78
    Caine78

    6 009 abonnés 7 396 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 19 mai 2015
    Sorti après mais tourné avant « Prisoners », « Enemy » est probablement une œuvre beaucoup plus personnelle pour Denis Villeneuve, à défaut d'être plus convaincante. Il y a une touche, beaucoup d'implication, plusieurs moments intrigants, la « double » prestation de Jake Gyllenhaal étant globalement une satisfaction. De plus, le cinéaste évite avec intelligence les facilités et les situations attendues pour nous offrir une ambiance tendue, sombre, amenant souvent le spectateur au malaise, voire au vertige (notamment dans les dernières minutes). Malheureusement, aussi brillant soit-il, le film s'apparente des fois trop à un exercice de style, loin d'être sans intérêt donc, mais quand même un peu frustrant. Après, le sujet est suffisamment passionnant pour qu'on s'y intéresse jusqu'au bout et l'ensemble ne manque donc pas de talent, mais un traitement plus « classique » aurait sans doute mieux servi l'entreprise : une légère déception.
    Joe D.
    Joe D.

    47 abonnés 45 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 8 septembre 2014
    Denis Villeneuve nous avait déjà épaté, avec la sortie de l'excellent Prisoners. La tension était très forte durant le film, et on se demandait jusqu'à quel point être désespéré de savoir son enfant disparu, peut rendre fou. Ici, le rapport est totalement différent. On regarde le film, qui il faut l'avouer à une ambiance bien glauque, avec une imagerie sombre et jaunatre, qui pourrait rappeler les films de Jean Pierre Jeunet. Le rythme est lent, et on suit cette histoire en se demandant où le réalisateur veut en venir avec Adam Bell et son double sosie Antony Claire. Mélanie Laurent joue très convenablement, bien qu'hormis des scènes de sexe, pas grand chose à dire. Et puis arrive la fin du film : et la dernière minute finit sur une impression générale de WTF ?? Qu'est que ça vient faire là. Quel rapport ? En fait le film n'est pas du tout calibré comme on pourrait le penser au premier visionnage. Villeneuve joue subtilement avec notre inconscient plan par plan, et là tout ce qui nous semblait ambigu ou flou dans le film prend un sens. spoiler: Au delà d'être un pervers sexuel, qui s'est construit une schyzophrénie par la personne d'Adam Bell, Antony Claire et Adam Bell sont une seule et même personne. Adam Bell représentant ce qu'Antony est devenu professeur d'histoire, et pu pseudo acteur. Alors pourquoi ce changement soudain de comportement ? Eh bien tout simplement, le déni et la frustration de perdre sa liberté, avec sa femme qui est enceinte. Celle-ci finit d'ailleurs bouleversé quand elle comprend son trouble mental. Antony est malade mentalement; et à travers le personnage d'Adam Bell dont il trouve le nom sur le générique du film St Claire, il peux exprimer beaucoup plus sa liberté, son besoin de contrôler. Le contrôle est le thème prédominant qui l'obsède, et les 3 femmes de sa vie sont ressentis par lui comme des menaces. Le Mythe arachnéen est clairement défini ici, car il a peur du contrôle que les femmes ont sur lui. Villeneuve ne cesse de nous le démontrer tout au long du film d'ailleurs à travers différents aspects de toiles d'araignées. Enfin, la clef qui lui est remis à la fin du film, lui fait reprendre par automatisme ses travers. Le nom UNICA n'est pas marqué pour rien d'ailleurs,
    Bref, la frontière à savoir ce qui est réel, présent, de ce qui ne l'est pas ou qui est passé (l'accident) est subtilement mis en abyme et Villeneuve joue aussi avec ça, dans cet atmopshère sombre, jaunatre, poisseux, où la quête de la compréhension (d'identité ??) est primordial autant pour nous, que pour Antony Claire. En somme, un film très compliqué, bourré de métaphore et de double sens. Il y a longtemps que je n'avais pas vu un film, qui fasse tant travaillé les neuronnes. Enfin, mention spéciale à Jake Gyllenhaal, qui prouve encore ici, qu'il a d'énormes talents d'acteurs quelque soit le registre.
    Alain D.
    Alain D.

    492 abonnés 3 204 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 3 février 2017
    Un climat très particulier règne dans ce thriller du réalisateur Canadien Denis Villeneuve. Cette histoire noire délivre en effet un climat on ne peut plus glauque et une ambiance plutôt stressante. Très bien mis en scène, le scénario fantastique nous livre des personnages extrêmement ambigus et même inquiétants ; Jake Gyllenhaal y excelle dans les rôles principaux. Une BO synthétique et des décors aseptisés complètent l'univers étrange et froid de ce film.
    Après l'excellent "Next Floor" (2008 - 4.5*), "Incendies" (2010 - 3.5*), "Prisoners" (2013 - 4.5*), "Sicario " (2015 - 4*), et "Premier Contact" (2016 - 3.5* B), "Enemy" réalisé en 2014 laisse une impression mitigée.
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