Vanessa Filho n’a clairement pas choisi la facilité pour son premier film et c’est tout à son honneur. Mais le résultat de ce drame social et psychologique n’est pas à la hauteur de son sujet pour le moins inhabituel. En effet, dans « Gueule d’ange » on parle d’abandon parental, d’enfance meurtrie, de classes pauvres et d’alcoolisme infantile, un dernier sujet très peu voire jamais traité sur le grand écran, ni même le petit. Tout cela à travers le regard d’une gamine d’à peine dix ans. Le long-métrage aurait pu se vautrer dans le misérabilisme le plus détestable, ce qu’il ne fait jamais et on lui en est reconnaissant. Cependant, on ne parvient jamais à véritablement accrocher à cette chronique d’une mère et de sa fille. La faute à des partis pris de mise en scène quelque peu étranges et à un scénario qui ne sait jamais s’il doit suivre la première ou la seconde.
Marion Cotillard dont les capacités d’actrice ne sont plus à prouver s’essaie au premier film à petit budget et c’est également tout à son honneur. Mais sa composition d’une mère inconséquente, bimbo et pas forcément très intelligente hésite constamment entre l’excès et la justesse. Dans certaines séquences on a l’impression qu’elle abuse des clichés propres aux « gens d’en bas ». Sa gestuelle et sa voix sont outrées, son incarnation d’une mère trop jeune paraît poussive. Puis la séquence d’après, elle brille par ses qualités d’actrice et parvient à émouvoir, comme lorsqu’elle dépose sa fille à l’école dans des habits aguicheurs et qu’elle devient gênée quand les autres parents la dévisagent. La jeune actrice qui incarne sa fille est quant à elle en tous points parfaite dans un rôle vraiment pas facile, et les mots sont pesés. On sent par ailleurs tout le long du film que Vanessa Filho ne sait pas quel personnage suivre sur la longueur, celui qui l’intéresse le plus. Si c’est le parcours de cette mère flamboyante qui prévaut à ses yeux ou le cheminement intérieur de cette gamine abandonnée.
Car, en cours de route, l’histoire fait un choix pour elle en faisant disparaître la mère durant un bon moment. Et là « Gueule d’ange », qui souffrait d’un rythme déjà bien bancal et d’un intérêt relatif, capote complètement jusqu’à un final poussif. On regrette également que ce point très intéressant qu’est l’alcoolisme infantile ne soit pas traité de front, plus approfondi, qu’il ne soit qu’une donnée supplémentaire parmi d’autres dans le malheur de la petite Ely. Quant au choix d’une mise en scène clinquante, il est plutôt discutable (comme la scène clippesque de fête dans une piscine). Embellir l’image, certes agréable à l’œil, pour compenser la tristesse (voire l’horreur) sociale et psychologique de la situation ? Pas vraiment convaincant. Cet essai, s’il est pétri de bonne foi, reste donc assez raté et on peine à s’intéresser à la relation de ce duo maternel et on finit par trouver le temps vraiment long.
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