Avis sur Coup de théâtre

Comme Coup de théâtre se moque avec ironie et tendresse des whodunits de Agatha Christie, il est tentant d'en faire de même avec ce "petit" film qui n'a d'autre but que de distraire, en jouant gentiment avec les codes du genre. Les personnages sont tous d'une pièce et réservent peu de surprises mais l'évocation du Londres de 1953, très nostalgique, est satisfaisante, et aurait pu d'ailleurs s'y ajouter le sacre d'une certaine reine, en juin de cette année-là. Tom George, le réalisateur, très expérimenté à la télévision mais novice au cinéma, aurait pu cependant nos épargner quelques coquetteries inutiles (les split screens), et essayer de donner un peu plus d'intensité à sa mise en scène, mais tant pis il faut bien se contenter de la malice du scénario, qui use de rebondissements avec parcimonie, préférant jouer sur une double mise en abyme, avec d'emblée une voix off façon Boulevard du crépuscule. A vrai dire, on se fiche un peu du suspense autour du meurtre commis pendant la représentation de la pièce d'Agatha Christie, La souricière, et de la résolution de l'intrigue, aussi, par la même occasion. Plus cocasse est le duo d'enquêteurs de la police londonienne avec son inspecteur mou et son assistante gaffeuse, tandem qui permet à la délicieuse Saoirse Ronan de briller, l'actrice semblant aussi à l'aise que dans le registre dramatique où elle a beaucoup donné jusqu'alors. Il faut faire preuve d'indulgence pour cette comédie policière sans prétention, porteuse d'un charme désuet, par un petit trou de souricière.

Après un "Mort sur le Nil" revisité par Kenneth Branagh et en attendant "Glass Onion", deuxième volet d'un de ses descendants modernes ("À Couteaux Tirés") sur Netflix, les amoureux du whodunit ont une nouvelle enquête à se mettre sous le coin de la loupe avec "Coup de Théâtre", titre que l'on a d'ailleurs méchamment envie de prononcer avec un accent anglais appuyé, accompagné d'une bonne tasse de thé à la main. Et pour cause, en plus de se situer dans une Angleterre 50's que l'on croirait faite pour ce genre de récit, le film de Tom George se permet même directement d'invoquer Agatha Christie en donnant pour cadre à son inévitable meurtre inaugural une pièce de théâtre de la célèbre auteure: "La Souricière". Dépêchés sur place, un inspecteur désabusé et une jeune policière enthousiaste vont tenter de démêler les fils d'un crime où la la réalité, le théâtre et le cinéma vont entrer en collision pour essayer de déjouer nos attentes sur les mécanismes les plus érodés du whodunit.

Le terme "tenter" a son importance car, si "Coup de Théâtre" joue directement sur sa mise en abyme du genre en faisant de son crime (et de ses décors) la rencontre houleuse entre une représentation théâtrale engluée dans la rigidité de ses codes et celle d'un cinéma hollywoodien cherchant à les dynamiter par des artifices grotesques, l'enquête qui va en découler va s'installer dans un schéma bien plus routinier.

Entre un sempiternel passage en revue de suspects caricaturaux, un humour loufoque pas des plus inspirés ou des coups de coude méta trop faciles, "Coup de Théâtre" peine vraiment à incarner le véritable dépoussiérage du genre qu'il ne cesse de proclamer d'être. Certes, on sourit ici et là, le sympathie que l'on a pour le duo d'enquêteurs doit beaucoup à celle que l'on a déjà depuis longtemps pour ses excellents interprètes (Sam Rockwell et Saoirse Ronan, accompagnés d'un casting à leur hauteur), mais notre intérêt sur la recherche du coupable ne fait étrangement que décroître... jusqu'à ce que, à près de la moitié du film, "Coup de Théâtre" fasse enfin un minimum honneur à son titre, en offrant une dynamique un peu plus inédite par l'intermédiaire d'un suspect inattendu. Cela ne durera pas mais ça aura le mérite de remettre un léger coup de fouet au film pour l'amener en direction d'un dénouement plus réjouissant, concentration la plus efficace et amusante de toutes ses strates les plus méta du whodunit même si, là encore, un goût d'inachevé en termes d'ambition se fera toujours ressentir (dommage qu'une certaine apparition ne soit pas plus exploitée notamment, l'idée était géniale).

À défaut d'être le whodunit satirique ultime tant voulu, "Coup de Théâtre" en restera à une simple variation récréative, pas désagréable en soi mais trop timide dans son brin de folie pour en faire quelque chose de vraiment marquant.

J'ai adoré ce divertissement qui rend hommage au Polar d'après guerre, l'ambiance et la réalisation sont magnifique (décor soigné et musique de jazz). L'humour tout en finesse constant tout le long de ce Cluedo soo british joue avec les codes du genre et sans être super hilare cela ma donnée la banane toute la projection. Un petit polar joyeux où les protagonistes principaux finissent par devenir attachant jusqu'au dénouement final. Cinq étoiles pour aussi contredire une presse bien trop sévère avec des critiques pas méritées. Au final pas grand chose à reprocher à ce coup de théâtre où même une petite souris joue bien son rôle. Un second degrés qui ma beaucoup fait penser et rappeler l'époque de cette comédie excellente "les cadavres ne portent pas de costard"...

Le même effet qu’une tasse de thé tiède, pas degueu mais peu savoureux.
J’ai été déçue par ce film dont je peine à comprendre l’objectif. Se moque t-on gentiment d’Agatha Christie et du genre d’enquête british ou souhaite t-on lui rendre hommage ?
J’ai plus le sentiment d’avoir assisté à une petite farce pour ma part. J’ai trouvé le rythme lent et mou, les personnages un peu fade et à peine développé et des pièges grossiers dans lesquels on tente de nous faire tomber. Pas un immense navet mais loin d’une réussite, un film quelconque qui finira par s’oublier tout seul.

Une enquête policière assez plaisante à suivre mais souffrant de petits défauts. On a déjà vu ce genre de film mais il attire toujours la curiosité pour trouver le coupable. Doté d'un beau casting, l'histoire se veut être comme une comédie d'enquête burlesque mais cela ne fonctionne pas dans toutes les scènes, le scénario s'éparpille à force de vouloir aller trop vite et la première partie du film m'a rendue un peu passive face à l'écran. La deuxième partie relève heureusement le niveau pour un rendu satisfaisant mais qui aurait pu être beaucoup mieux.
Mention particulière pour Saoirse Ronan, très touchante et drôle dans son personnage de policière novice et naïve.

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Dès les premières secondes, le film annonce : « C’est un film comme vous en avez vus des dizaines », et effectivement, c’est un film comme on en a vu des dizaines.

Malgré un cast exceptionnel, quelques idées métas, un humour mal dosé et une tentative de mise en scène "à la mode", c’est raté, plat et long.

Scenario alambiqué et souvent incompréhensible , décousu ou l'on décroche très rapidement et donc ennui profond.

En adhérant immédiatement au projet esthétique et comique, je qualifierai ce film de grand divertissement.
Si je l'avais interprété comme une moquerie des whodunit d'Agatha Christie, je qualifierai ce film de pure provocation irrespectueuse.
C'est en tout cas une sacrée mise en abyme parodique aux musiques lêchées et à la photographie soignée.
Et le duo caricatural m'a bien fait rire avec des gags potaches à la Laurel et Hardy : le canapé qui s'écroule, la marionnette du ventriloque qui regarde notre inspecteur, la femme nue intruse du storyboard, le suspect qui a un comportement suspect, "gardez les yeux ouverts", jeux de porte dans les couloirs du théâtre,...

C'est le vide absolu. Ce film semble avoir été écrit il y a 50 ans sans qu'il en soit conscient. Le personnage féminin de la cruche naïve ne fait plus rire personne.

J'avais trouvé "A couteaux tirés" bancal dans sa distribution et un peu longuet.
Je n'avais pas aimé les deux remakes d'Agatha Christie ( Mort sur le Nil et le Crime de l'Orient Express) qui cédaient à la facilité et aux images de synthèse un peu hideuse.
Rien de tout cela avec "Coup de Théâtre" ( "see how they run") un petit bijou d'hommage à cette bonne vieille Angleterre.
Le pitch : Dans le West End des années 50 à Londres, la préparation de l’adaptation cinématographique d’une pièce à succès est brutalement interrompue par le meurtre de son réalisateur hollywoodien. En charge de l’enquête, l’inspecteur Stoppard - blasé et revenu de tout - et l’agent Stalker - une jeune recrue du genre zélée - se retrouvent plongés au cœur d’une enquête dans les coulisses à la fois glamour et sordides du théâtre. Ils vont tenter d’élucider ce crime bien mystérieux à leurs risques et périls...
Le casting est en béton armé avec des acteurs tout terrain ( film et théatre) qui sans forcer jouent parfaitement leurs partitions.
L'idée de la mise en abyme de la mise en abyme ( le meurtre intervient lors d'une pièce qui parle de meurtre et la fin reprendra le même canevas pour fermer la boucle) est assez savoureuse.
Image léchée, superbe reconstitution du Londres des années 50 et bande son et musique originale aux petites oignons.
Même la pluie qui tombait dehors a rendu l'ensemble magnifiquement immersif.
Télérama a dit BOF , je dis THUMBS UP !!!

C'est une comédie policière réussie : très british dans le style (à la façon du récent "A couteaux tirés") et très fine quant à l'intrigue car le scénario joue sur la mise en abime permanente : l'enquête sur le crime de la célèbre pièce de théâtre "The mouse trap" suit un chemin similaire à l'histoire écrite par Agatha Christie. C'est très malin, très drôle, par contre ceux qui n'ont pas préalablement vu la pièce auront une analyse incomplète du film. Pour autant, tout le monde pourra prendre plaisir à suivre l'improbable duo de flics joué par Sam Rockwell et la pétillante Saoirse Ronan.

Ce genre de film ne révolutionne évidemment pas le cinéma. C’est moins drôle que A couteaux tirés mais c’est plaisant. Une sorte de confiserie agréable en bouche et sans réelle qualité gustative.

(en VO)
Si la bande annonce enchaîne des bouts de scènes humoristiques via situations et dialogues amusants, le tout sur un fond musical sympathique appuyant le tout, l’atmosphère du produit final est tout autre: un ton beaucoup moins aguichant, dont la majorité des tentatives tombent à plat, quelque chose de moins chaud, souvent morne, sous forme de Cluedo manquant souvent d’âme.
Construction hautement inégale, des personnages du film en faisant eux-mêmes le grief, le film ce prétendant de génie, mais n’offrant qu’un calme plat dans la salle de projection d’une œuvre semblant d’avantage faire office de parodie que de pastiche.
Bien que la construction se cherche à donner du neuf, le rendu final, très convenu, n’est autre qu’un produit au scénario épuisé jusqu’à la moelle, tant vu des centaines de fois, avec un coupable repéré par le spectateur presque immédiatement.
Stalker est un brin attachante, mais les scènes fortes sont tirées d’une bande annonce bien plus enivrante que ce Polar trop souvent soporifique, et se moquant d’Agatha Christie de plus est.

Les dialogues en VO sont totalement dénués d'humanité, comme robotiques.



Dommage.

La tendance pour les crimes prémédités se confirme en salle et ce n’est toujours pas pour nous satisfaire. Le succès et la prochaine extension de « À Couteaux Tirés » en attestent, bien que les tentatives de Kenneth Branagh soient oubliables. Reconnaissons alors que les œuvres d’Agatha Christie et d’autres polars continuent d’influencer le mouvement. Et si « La Souricière » de cette dernière est loin d’avoir fini avec la scène du théâtre, aucun n’aura manqué de prétexte pour en adapter ses grandes lignes, dans un discours plus méta que jamais. Tom George passe ainsi des séries aux longs-métrages, avec des défauts inhérents à la manœuvre. Le cinéaste et son scénariste Mark Chappell ne parviennent pas à gérer le suspense ou le tempo comique. De même, l’adaptation de la pièce étant impossible, tant qu’elle continuera de se représenter, mais ceux qui devaient à la base jouer avec les coulisses de l’œuvre n’ont plus cette prétention, ni l’ambition.

Quand le programme est dévoilé par avance, c’est souvent pour mieux duper son spectateur, souvent par le biais d’artifices cinématographiques et d’écriture. Ici, une voix off prétentieuse ne recule devant rien pour nous annoncer son manque d’inventivité à venir, non pas parce qu’elle a tendance à généraliser le Whodunit à toute la gamme qu’on nous sert périodiquement depuis quelques années, mais simplement par fainéantise. L’évidence qui tape à l’œil, c’est bien cette première balle perdue qui heurte fatalement la lucidité du spectateur, mais également des auteurs, à l’image de Christie et à qui l’on ne rend pas hommage avec la superficialité du discours. On coche chaque étape sans recul et lorsqu’il nous est donné de voir les analogies d’écriture nous éclater au visage, il ne reste qu’un fantôme nostalgique, incapable de maintenir notre curiosité.

À partir de là, tout est perdu, mais le film insiste dans une mise en scène qui singe davantage les travellings intelligents de Wes Anderson, au lieu de servir son mobile. Les personnages traversent ainsi des couloirs vides, sans que la direction ne soit un choix artistique, mais bien esthétique. Tout le défaut de l’intrigue, c’est qu’il n’en fait jamais assez pour semer la moindre de graine de réflexion chez le spectateur, à qui on démontre à tout-va les rouages scénaristiques, avec un cynisme qui écœure. De l’utilisation des flashbacks aux clichés des suspects, le film ne prend pas soin d’entretenir le doute, car il ne sait pas le faire. La dernière cartouche est gardée pour la fin, avec un nombre de suspects et d’indices évidemment réduits. L’important n’est donc plus de connaître l’identité de l’assassin, car l’astuce est aussi vaine que les split screen employés.

L'inspecteur Stoppard (Sam Rockwell) reste un poivrot, secondé par l’agent inexpérimentée Stalker (Saoirse Ronan), dont l’assurance ne va pas de pair avec sa justesse. Ce ne sera pas non plus grâce à eux que l’on va se questionner le paysage et les usages des années 50, un pan historique oublié au détriment de scénettes de transitions grinçantes. L’enquête file donc en ligne droite, avec ses apartés habituels, avant de finir dans l’Overlook Hotel du crime, ce qui en devient risible et navrant pour le temps consacré aux décors et au soin de la photographie. Alors, who done it ? « Coup de théâtre » répond à côté, en veillant à repomper ce qui se fait de bien mais en moins bien. Sa connaissance de cause ne le dédouane pas pour autant de ses maladresses juvéniles, qui n’ont pas eu la décence de divertir un tant soit peu.

Un peu décevant. Le film est agréable à regarder mais très confus dans son scénario et surtout très très bavard. Les acteurs cabotinent un peu. Bien loin du remarquable A couteaux tirés.