Novembre est un film sur une profession au travail, à savoir les membres de la BAC, au contact d’autres professions elles aussi au travail, occasionnant heurts et tensions en tout genre. Sur une profession captée dans son humanité profonde qui transpire sous l’armure musclée et derrière les traits figés d’un visage impassible – ou, du moins, présenté comme tel. Les comédiens professionnels, parce qu’ils sont nombreux et qu’ils disposent d’un temps d’écran à peu près équivalent, se font oublier au profit des personnages qu’ils campent ; pas de héros ici, pas de star non plus, mais un assujettissement aux événements synonyme de confusions, d’erreurs voire d’échecs mais aussi, pas à pas, interpellation après interpellation, de victoires. Ces victoires demeurent modestes, insuffisantes au regard de la densité à appréhender, mais elles participent d’une minutieuse chasse aux indices que le film restitue avec un sens précieux du détail.
Car Novembre ne propose aucune lecture originale des attentats, il n’adopte aucun point de vue sinon celui des forces de l’ordre plongées dans le chaos, dans l’immédiateté d’un présent qu’il faut panser ; il se donne telle une œuvre sinon documentaire, du moins documents, que dessert alors une tendance à l’américanisation de la mise en scène pour accroître le suspense : le filmage caméra à l’épaule gonfle inutilement l’intrigue et confère un faux rythme vite lassant ; de même, le montage charcutier des plans, tous plus brefs les uns que les autres, rend parfois difficile le visionnage de situations compréhensibles en dépit de leur caractère soudain. Aussi la force brute avec laquelle Cédric Jimenez capte les attaques suivies de la traque des responsables, qui nous redonne à vivre l’état d’urgence dans lequel se sont retrouvés plongés un pays et, microcosme investi, un quartier général, se voit-elle parasiter par des tics relevant d’un cinéma d’action impropre, heureusement délaissés lors d’une clausule mémorable et sans concessions.