La censure donnera du fil à retordre à
Hawks, qui aborde dans
Scarface un sujet brûlant. Un autre film de gangsters devenu mythique,
L'Ennemi public de
William Wellman, sorti quelques mois plus tôt, avait dû être amputé d'environ une demi-heure dans certains états. Production indépendante,
Scarface est tourné en 1931, mais mettra près d'un an à trouver le chemin des salles de cinéma, en raison des pressions exercées sur le réalisateur et son producteur, le milliardaire
Howard Hughes, par Will Hays, président de la MPPDA (Motion Picture Producers and Distributors of America) et auteur du code qui porte son nom -écrit en 1931, mais qui ne sera appliqué qu'en 1934. Fait rarissime, le film sortira d'abord dans la Nouvelle-Orleans, et seulement après dans les grandes villes, en 1932. Les deux Howard devront accepter de procéder à quelques modifications. Tout d'abord, il leur faut donner au film un nouveau titre :
Scarface, The shame of a nation (Scarface, la honte d'une nation). Ensuite, ils doivent ajouter au début du film un texte précisant que ce film est une condamnation, et non une apologie du gangstérisme, et une scène dans laquelle un patron de presse prononce un discours moralisateur. La fin du film (celle que nous connaissons aujourd'hui, avec Camonte à terre, sous une publicité qui indique "The world is yours") ne satisfait pas non plus les censeurs, qui exigent qu'une nouvelle conclusion soit tournée : dans cette version Camonte est arrêté et condamné, puis le juge lit la sentence, qui prévoit que le gangster sera pendu. Le film s'achève sur un plan de Scarface, une cagoule sur la tête.