La violence du Far-West est un thème récurrent du western. Depuis toujours, elle a souvent été le moteur de l'action. Le film de Clint Eastwood en est une nouvelle démonstration, puissante et sombre. La violence, ici, omniprésente et protéiforme, s'exprime à travers tous les personnages ou groupes de personnages et dont le corollaire est l'absence de pitié ou de pardon. En premier lieu, Eastwood y incarne un tueur repenti, jadis ignoble hors-la-loi, que le besoin d'argent pousse à sortir de sa retraite, malgré les muscles fatigués et la vue qui baisse, pour exécuter un contrat. Clint Eastwood, avec un vrai sens de l'auto-dérision, ne s'épargne pas. Pas plus qu'il ne défend le comportement des autres personnages.
A la suite d'un incident au cours duquel un cowboy irrascible défigure une prostituée dont les consoeurs se cotisent pour la venger, l'action dévoile une contrée où la loi et la morale ne sont pas encore bien établies...On y rencontre un shériff ( Gene Hackman) aux méthodes et aux châtiments cruels, des prostituées, donc, sans pardon et leur vil patron de bordel, puis une fausse légende héroique, mais vrai assassin, suivie d'un journaliste-écrivain avide de sensationnel et de sang; on y croise encore un apprenti tueur et autres mercenaires ou peut-être anciens chasseurs de primes . Clint eastwood ne joue pas les héros (le personnage qu'il s'est crée ne lui permettrait pas) et il se fond dans une gallerie de portraits qui déterminent l'action tout en la rendant secondaire. Le dénouement sera sans happy end, sans rédemption, un déchainement de violence, comme une fuite en avant pour le personnage d'Eastwood. Son film est noir, sans concession à la nature humaine-en dépit qu'un ou deux personnages sont de bonne volonté- et son auteur confirme, s'il en était besoin, qu'il est autant un cinéaste qu'un comédien.