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    Juste La Fin Du Monde
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    EricDebarnot
    EricDebarnot

    186 abonnés 1 262 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 octobre 2016
    Je n'aime pas être manipulé au cinéma par un réalisateur trop malin, qui joue de tous ses effets de style pour provoquer en moi des émotions exagérées, voire fausses, souvent au détriment de la construction de personnages cohérents ou d'une histoire crédible. Tous ces défauts - et d'autres encore (une certaine prétention auteuriste, une exagération inutile dans le jeu des acteurs poussés à la sur-interprétation permanente) - clairement présents dans "Juste la Fin du Monde" ne m'ont pourtant pas empêché de décoller émotionnellement à plusieurs reprises : j'ai commencé le film en larmes (au bout de 45 secondes maximum) tant Ulliel m'a immédiatement bouleversé avec son jeu douloureusement léger, j'ai tremblé avec cette belle-sœur dépassée par les vagues de rage confuse qui déferlent autour d'elle (Marion Cotillard qui n'a jamais été aussi touchante), j'ai frémi de rage - littéralement asphyxié - dans la voiture avec ces deux frères qui ne supportaient pas d'être ensemble et de se dire qu'ils s'aimaient, j'ai pleuré à nouveau à la fin du film avec cet abruti absurdement blessé que Cassel incarne puissamment, comme malgré lui, presque en dépit de ses habituels tics insupportables. Xavier Dolan m'a laissé épuisé, ébloui, dans mon siège de cinéma d'une salle de province, où j'ai vécu les émotions les plus intenses de cette année 2016 : son film est à proprement parler "inacceptable", pour peu qu'on ait un minimum de "culture cinématographique", et il a pourtant été une fête - laide, éprouvante, mais une fête - indiscutable pour moi, ce soir. Je n'aime pas les réalisateurs manipulateurs, mais j'adore Von Trier, Haneke... et Dolan. Je dois être un peu con, finalement.
    benoitG80
    benoitG80

    3 313 abonnés 1 464 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 27 septembre 2016
    "Juste La Fin du Monde" après un "Mommy" hautement percutant, et pourtant non sans défaut, est loin d'atteindre le même niveau...
    En partant de la pièce de Jean-Luc Lagarce, Xavier Dolan arrive à se fourvoyer dans le traitement de son film, projet pourtant inspiré d'une excellente idée bien que trop décalée, car datée des années 80.
    Pour cette nouvelle version filmée, le fond de l'histoire est déjà mal amené, ou mal construit car en tant que spectateur on se trouve en immersion bien trop brutalement parmi des personnages torturés mais peu définis en terme d'écriture, qui de toute évidence ont un problème avec ce membre, frère ou fils revenu après 12 ans d'absence...
    Tout se mélange alors, hésitation, incommunicabilité, excuses en tous genre, violence verbale, voire hystérie, le tout avec beaucoup d'incohérence, d'illogisme, sans qu'aucune situation ne semble vraiment aboutie ou consécutive à ce qui vient juste de se passer...
    On saute ainsi du coq à l'âne, on s'excite sur un rien, pour ensuite retrouver un semblant de raison, et finalement pour rebondir de plus belle sans que l'on ait les clés pour saisir les enjeux des disputes et des cris; si bien que chacun tourne vite à la caricature de lui-même.
    Et ceci en nous privant des émotions qui auraient permis de croire à la souffrance et aux difficultés relationnelles de cette famille.
    Pour illustrer ce propos, Marion Cotillard arrive en tête avec un rôle qui la dessert complètement tant Xavier Dolan à son sujet enfonce le clou, de même que pour Nathalie Baye qui n'avait nul besoin de tant d'artifice pour ce qu'elle représente en tant que mère.
    Quant à Gaspard Ulliel, celui-ci est par contre trop en retrait, silencieux et presque absent jusqu'à ne plus être convaincant du tout.
    En voulant ainsi caractériser ses personnages à outrance, Xavier Dolan finit par leur ôter toute crédibilité ce que l'on ressent d'ailleurs également avec Vincent Cassel et Léa Seydoux, tous deux beaucoup trop dans l'excès eux aussi.
    Très vite, ces retrouvailles sonnent donc faux au sein de cette famille, de Louis venu annoncer une nouvelle difficile, aux autres qui ne savent comment interpréter son retour et sa présence !
    Une mise en scène plus subtile, et surtout moins esthétisante, sans ces gros plans sur ces visages trop envahissants, aurait permis davantage l'implication du spectateur qui lui a ici l'impression d'assister à des règlements de compte infondés, sans queue ni tête !
    De même que les effets de flou à la manière de clips vidéo, doublés d'une musique omniprésente, sont un recours un peu facile et inutile dans ce contexte.
    Seules deux très belles scènes, pertinentes et fortes, mais trop brèves sauvent cette réalisation pourtant prometteuse...
    Dans le même registre, sur la famille et son relationnel, il y a eu d'excellentes réalisations dont on citera en particulier "Un Conte de Noël" d'Arnaud Desplechin qui avait de quoi nous remuer au plus profond !
    Ce ne sera malheureusement pas le cas cette fois...
    Ufuk K
    Ufuk K

    464 abonnés 1 398 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 24 septembre 2016
    "juste la fin du monde " grand prix du dernier festival de cannes est une déception pour moi. en dépit d'un casting de luxe ainsi que d'un final quelque peu intéressant je trouve que Xavier dolan est surestimé hormis mommy je n'accroche pas. ce huis clos familial est ennuyeux et glacial ne provoquant quasi rien dans mon intérieur.
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 139 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 30 septembre 2016
    Non mais… Non mais vraiment… Non. Xavier Dolan : je ne peux pas. Pire : Xavier Dolan, je ne comprends pas. Et ce n’est pas son cinéma que je ne comprends pas. Disons plutôt que c’est l’engouement qu’il y a autour de son cinéma qui m’échappe. Déjà, je reste sur le fion quand je constate que même après dix ans de carrière, ce mec a toujours besoin d’un bon quart d’heure pour se roder techniquement. Les premiers plans sont dégueulasses : gestion de l’espace scénique catastrophique ; raccords incohérents tous les deux plans ; photographie bien trop sombre ; dialogues usant d’effets de suspense beaucoup trop artificiels par rapport à la tonalité formelle choisie… C’est… C’est moche. Bah oui, osons le dire : c’est juste moche. Alors après j’entends que les concepts de « beau » et de « moche » relèvent de la pure subjectivité. Moi le premier je me crispe quand j’entends des gens fixer arbitrairement certains codes visuels ou scénaristiques comme étant forcément « bons » ou « mauvais » et cela juste parce qu’ils y ont reconnus les marqueurs propres au groupe culturel auquel ils appartiennent. Seulement voilà, là je trouve quand même assez dingue qu’une fois de plus on passe ça à Dolan alors qu’on ne s’en prive pas généralement pour les autres. Parce qu’attention : pour moi ce type de reproches formels pourrait finalement se généraliser à tout le film. Que ce soit dans les personnages, le rythme, les symboles, la gestion du son et même tout simplement l’histoire qui nous est raconté, tout n’est qu’approximations, embrouillaminis et – osons le dire – balourdises. Bah ouais, je suis désolé, mais moi, à regarder l’œuvre dans son ensemble, je trouve ça vraiment d’un balourd ! Parce qu’au fond, que nous raconte ce film ? Un gars veut renouer les liens avec sa famille parce qu’il est mourant. Mais il n’y arrive pas parce qu’il n’ose pas leur dire ce qu’il a à leur dire. Et à dire vrai, on comprend vite que toute la problématique du film c’est ça : dans cette famille, on n’arrive pas à se dire ce qu’on a à se dire. Et le pire c’est que l’idée, moi à la base, elle me parle. Seulement voilà, si à aucun moment je ne suis parvenu à m’accrocher à cette intrigue, c’est parce qu’elle est menée à bons coups de gros sabots bien maladroits. Alors – je ne redis pas – le porteur de sabots est sûrement pétri de bonnes intentions. Mais bon, soyons franc : le gars ne maitrise clairement pas son outil. Et quand je parle d’outil, je ne parle pas de caméra, d’optique, de capteurs et de mixages sonores (…et encore, rappelons-nous du début). Non : ce qu’il ne maitrise pas, c’est cet outil qui fait que tous ces aspects techniques disparaissent à un moment donné au service de ce qui nous est montré et raconté. Cet outil, ça s’appelle le cinéma. Or, par rapport au spectateur que je suis, Dolan ne maitrise clairement pas cet outil. Ses personnages ne cessent de répéter la même chose. Ils chevrotent en permanence. Ils s’interrompent au milieu de leurs phrases comme pour faire plus authentique. Leurs échanges sont téléguidés par des préoccupations qui s’affranchissent de toute logique… Non mais combien de fois j’ai voulu hurler à un ou deux personnages « Mais dis ça au lieu de rester enfermé dans ta boucle de parole ! » Et ça se répète ! Et ça fait artificiel ! …Bah ouais : quand je disais que c’était balourd tout à l’heure je le pensais aussi pour ça. C’est tellement surfait, surjoué, téléguidé qu’il devient difficile d’y croire. Moi, pendant près de deux heures, je n’ai vu que des comédiens – très bons pourtant ! – s’efforcer de donner de l’épaisseur et de l’authenticité à ce qui à la base n’est que lourd et très peu mûri. D’ailleurs, vraiment un grand bravo à certains d’entre eux. Si Lea « university-of-life » Seydoux m’est apparue assez inconsistante et lisse (comme toujours quoi) et si Marion Cotillard s’enlise une fois de plus dans ses mimiques, Nathalie Baye, Gaspard Ulliel et surtout Vincent Cassel ont su suer sang et eau pour essayer de donner de l’émotion à leurs scènes. Le cas du final en est d’ailleurs pour moi une belle illustration. Quand on prend le temps d’y réfléchir, cette scène est absurde au possible (à moins de considérer qu’on est dans une famille de fous) et elle aurait pu franchement ridiculiser tous les acteurs qui y ont participé si jamais ils n’avaient pas su y la jouer à fond. L’air de rien : respect. Mais d’un autre côté, en prenant bien le temps d’y penser, je me dis aussi que si le film ne sombre pas totalement dans l’affliction absolue, c’est aussi et uniquement grâce à ce que je viens d’expliquer sur cette dernière scène. Parce que ça a beau être long, creux, vain (l’air de rien : au bout d’une heure et demie, tu en sais finalement autant qu’au bout de trente minutes) ; il n’en reste pas moins difficile de se dire que Dolan se fout de nous. Le mec est tellement dans la surenchère qu’on sent qu’il y met tout ce qu’il peut. Et qu’importe s’il calque des gros plans avec des regards mystérieux à tout bout de champ comme le ferait un ado de 17 ans ! Qu’importe aussi s’il claque à outrance des ralentis sur fond de musique à piano comme le ferait un ado de 15 ans ! Et qu’importe même s’il claque quelques vieux tubes en mode random sans souci de cohérence avec l’atmosphère ou l’intrigue comme le ferait un ado de 13 ans ( spoiler: perso je croyais qu’on avait touché le fond avec Dragosta Din Tei, et pourtant le vieux Moby de conclusion m’a prouvé qu’on pouvait faire bien pire
    ) ! Oui ! Qu’importe ! Parce qu’au fond j’ai l’impression que s’en fout un peu de la technique, du sujet et de la narration quand on encense Dolan. Un autre userait des mêmes effets pour un film à grand spectacle ou bien pour une comédie populaire qu’il se ferait tailler en pièces par ces mêmes adorateurs. Non. J’ai l’impression que quand on aime Dolan, ça n’a aucun rapport avec son talent ou sa technique. C’est juste que, parmi les troupes de cinéastes intellos-bobos qui aiment brasser ces sujets un peu vains qui plaisent tant au public conservateur, Dolan est peut-être le seul à savoir faire ça avec cœur, avec envie et conviction… Et je l’avoue, je ne peux pas lui retirer ça au jeune Canadien. On sent qu’il est à fond dans ce qu’il fait. Je trouve ça creux au possible. Je trouve ça incohérent, mal bossé et pas mûri pour un sou, mais il fait ça avec le cœur. Alors bon… Si vous aimez les cinéastes qui ont du cœur – pourquoi pas – allez voir ce « Juste la fin du monde ». Sinon, si vous comptez vous déplacer parce qu’on vous a vendu un génie, je pense qu’il va falloir se préparer à être déçu. Bon après, ça ne reste que moi qui dis ça. Qui suis-je à côté de ces éminences grises des académies et autres presses spécialisées qui savent nous dire ce qui est bon pour nous ? ;-)
    traversay1
    traversay1

    3 085 abonnés 4 622 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 22 septembre 2016
    Xavier Dolan n'en est qu'à son sixième film mais il est déjà impossible de tous les aimer. A cause des partis pris de son cinéma, de sa volonté de tout amplifier y compris ce qui relève du psychodrame, comme dans Juste la fin du monde dont le titre lui-même est bien présomptueux. Le film adapte une pièce de théâtre très datée sans donner de quelconques références, impossible de comprendre pourquoi la famille qu'il nous présente est aussi hystérique et incapable de communiquer. L'incommunicabilité c'était l'affaire de Bergman, la mise en scène de Dolan a besoin d'autre chose qu'un espace de théâtre filmé et de dialogues bafouillés ou glapis pour exister. Les seules séquences réussies du film sont celles qui s'évadent du huis-clos et encore sont-elles aidées par des envolées musicales. Sinon, c'est morne plaine tout du long, chacun des acteurs y allant de sa partition maladroite devant un Gaspard Ulliel qui joue tranquillement les taiseux fantomatiques. Ils font ce qu'ils peuvent les interprètes stars de Juste la fin du monde mais ils sont au niveau de l'écriture de leur rôle. Et du coup, Baye et Cassel s'en sortent mieux que Cotillard et Seydoux. Au fond, le film traite de sujets intimes (ou les maltraite plutôt) qui nous donnent l'impression d'être tombés dans une gigantesque scène de famille qui ne nous concerne pas et nous rend honteux d'assister à un tel déballage chaotique.
    Béatrice L
    Béatrice L

    82 abonnés 150 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 28 septembre 2016
    Ce film est une caricature de film intello branché. Certes Xavier Dolan a une façon très particulière de manier la caméra. Overdose de gros plans du début jusqu'à la fin (il faut aimer). .Mais le côté huis clos de l'adaptation de la pièce de théâtre devient vite oppressant. Les personnages parlent pour ne rien dire, passent leur temps à s'énerver à balbutier sans jamais finir aucune phrase. Le jeu des acteurs est exagéré . À la fin on espère que Marion Cotilard va enfin arrêter de balbutier et de minauder. Il y a des tensions pendant tout le film sans qu'aucune réelle explication ne soit donnée. Personnellement je n'ai ressenti aucune émotion. Juste de l'ennui en espérant que quelque chose se produise ou que des vérités soient dites, mais non. Tout est suggéré et cela devient vite insupportable.
    Acidus
    Acidus

    613 abonnés 3 644 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 22 septembre 2016
    Attendu avec impatience, ce dernier long métrage de Xavier Dolan s'est avéré être une petite déception tout en restant un bon film.
    Tout d'abord, sur la forme, le cinéma de Dolan est généralement d'un esthétisme poussé dont chaque plan est soigné. Ici, le réalisateur opte pour des choix de mise en scène et de cadrage contestables avec un abus de gros plans et d'un jeu de flous. Si cela doit avoir sa symbolique, elle donne aussi une lourdeur au film et l'image tout comme le rythme en prend un coup. On retrouve néanmoins la patte du cinéaste avec notamment un jeu de lumières toujours aussi judicieux.
    Le film réunit cinq grands acteurs français excellant chacun dans leurs rôles respéctifs et dont les personnage ont une personnalité marquée avec une profondeur psychologique intéressante. Peu d'achanges entre les protagonistes dont les textes consistent essentiellement en monologues.
    Avec "Juste la fin du monde", Dolan s'attaque au sujet sensible de la fin de vie et de l'annonce de celle-ci à ses proches. C'est traité de manière sensible, intelligente avec son lot de scènes intenses émotionnellement parlant. Il faut juste un peu de temps pour rentrer dedans. Là encore, on retrouve des thèmes dominants dans l'Oeuvre de Dolan notamment le rapport du fils à sa mère et l'absence d'un père quaisment jamais cité. Beaucoup de non-dits viennent pimenter cette histoire et laisse au spectateur une marge interprétative.
    Xavier Dolan signe donc un bon film mais qui nous secoue moins qu'un "J'ai tué ma mère" ou qu'un "Mommy" en dépit de sonsujet sérieux.
    btravis1
    btravis1

    97 abonnés 529 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 23 septembre 2016
    Ne connaissant pas la pièce, je ne peux pas juger le travail d'adaptation de Dolan, mais dans tous les cas, il ne parvient jamais, contrairement à certains de ses précédents films, à nous passionner pour son sujet. Le scénario est très moyen et les dialogues d'une grande faiblesse. Et ce n'est pas la réalisation de Dolan, entre choix assez douteux des musiques, abus des flous et gros plans, qui va remonter le niveau. La bande-annonce était particulièrement bien faite, mais elle résume à elle-seule la totalité du film, il ne s'y passe rien d'autre. Chaque rôle reste dans sa caricature et au bout d'un moment, il n'est plus possible que le personnage principal reste muet à ce point. Quand au prix reçu à Cannes, cela reste pour moi un mystère !
    L'AlsacienParisien
    L'AlsacienParisien

    591 abonnés 1 402 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 29 septembre 2016
    Avant de lire cette critique, il faut savoir que je suis admiratif du travail de Xavier Dolan depuis ses premiers films et j'attendais "Juste la fin du monde" avec une grande impatience car je connais le texte de Jean-Luc Lagarce (presque) sur le bout des doigts, l'ayant joué tout récemment dans le rôle d'Antoine (celui de Vincent Cassel dans le film). Ce qui va suivre relève davantage de mon interprétation personnelle que celle de Dolan car je crois qu'il a laissé volontairement de nombreux points sans réponses pour laisser libre cours à chacun d'y voir ce qu'il veut y voir. Mon impatience était énorme bien que les extraits en ligne m'avaient rendu perplexe car on n'y entend pas du tout la langue ni ne ressent le poids des mots de Lagarce... Choix méthodologique je suppose car j'ai été bien surpris à ce niveau là. Il faut notamment avoir en tête que le texte original n'apporte aucune information sur les lieux où se déroulent chaque scène, les interactions, la manière de parler le texte et je trouve que l'imagination et l'intelligence fine du jeune réalisateur ont permis de rendre ce texte purement théâtral, accessible et d'une fluidité étonnante, parfait pour un dispositif cinématographique. Le défi de l'adaptation est relevé haut la main (il nous l'avait déjà prouvé avec "Tom à la ferme" qui est aussi tiré d'une pièce de théâtre...) car on retrouve l'ordre exacte des scènes de la pièce ainsi que la langue de Lagarce, avec ses hésitations, ses reformulations, ses intrusions, ses longs monologues,... Cette fidélité à la pièce de théâtre est également gérée avec brio par ce groupe d'acteurs talentueux, au sommet de leur capacité d'interprétation. On entend beaucoup parler de Marion Cotillard et c'est vrai, bien que le personnage semble avoir moins d'importance en terme de présence, il y a une véritable empathie qui se dégage de son regard, voilée derrière un manque d'assurance dans la prise de parole. C'est magnifique, on est décontenancé à la vue de cette femme d'une profonde bonté qui s'empiètre dans le sens même des mots au risque de mal se faire comprendre. D'où cette intense connexion qui se créé avec le personnage de Louis (Gaspard Ulliel) qu'elle rencontre pour la toute première fois. C'est la seule, après toute ses années d'absence à pouvoir le voir tel qu'il est, sans attentes ni souvenirs lointain de lui, sans vouloir lui ressasser ce qu'elle a à lui dire. Car Lagarce c'est aussi ça et Dolan s'en est très bien servi ; le silence et l'écoute que l'on porte à quelqu'un qui parle, plus ou moins longtemps, cet espoir d'entendre quelque chose de l'autre qu'on sait qu'il ne dira jamais, des regrets (pour Suzanne), des excuses (pour Antoine), des explications (pour la mère). Catherine, c'est la pièce rapportée, elle n'est pas de la famille, c'est dans sa distance, son écoute et son instinct qu'elle perçoit la réelle raison du retour du fils prodige. Elle perce la tension familiale de son aura particulier. Parenthèse Cotillard close. Xavier Dolan a adaptée, retranscrit avec ses propres sensations une histoire de famille, de retrouvailles. Des rires, des pleurs, des peines, tous les éléments qui promettent un film riche, intense, car on pense encore à nos mouchoirs usagés qui ont servi pour "Mommy". On retrouve sa pâte, son atmosphère à lui avec une playlist que seul lui peut remettre au goût du jour (le tube de O-Zone passe crème), de l'excentricité (la super Nathalie Baye), des scènes d'amour, de l'émotion qui découle d'un rien (encore une fois, ce tube d'O-Zone en est touchant, faisant clin d’œil au tube de Céline Dion de "Mommy") et il réussit, par son intelligence scénaristique, à combler les scènes de la pièce par des dialogues à lui tirés de ses rêveries autour de la pièce, ciment qui permet d'éviter la rigidité et la froideur d'une adaptation pure et dure. Il nous emporte dans ses rêveries, et dans son amour fou pour ses personnages. C'est fort, c'est puissant, c'est ultra-sensorielle, ça transpire, ça se touche, se tâte, se s'observe, se menace, s'enlace, s'embrasse... Les acteurs ont tout un bagage, un background ultra-chargé et ça se sent, ils sont habités ! Gaspard Ulliel, rôle quasi-muet, est d'une justesse déstabilisante dans son écoute et avec ses mots qui pendent à ses lèvres constamment. Ses nombreux monologues de la pièce sont habilement transformés par le biais de flash-back, voix-off et coup de fil. Nathalie Baye, dans le rôle de la mère, qui est celle que je craignais le plus par son accoutrement, se révèle être d'une force incroyable, très touchante ! Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences. Léa Seydoux colle bien au rôle mais implique moins d'investissement émotionnel donc on la considère un peu moins même si son personnage, d'une excentricité similaire à la mère avec ses tatouages, est très dessiné. Tout ça pour arriver au rôle de Vincent Cassel dans le rôle du frère. Et c'est là que je vais détonner avec la majorité des critiques car son jeu ne m'a pas touché. Je suis certainement pas objectif car je l'ai joué ce personnage, je connais le texte par cœur, je me suis aussi raconté beaucoup de choses à son sujet et en voyant le film, j'ai prêté un regard tout à fait particulier à Antoine et j'ai eu énormément de mal à m'y retrouver, à m'identifier à sa colère. Car oui, comme dit le texte de Lagarce, c'est un homme en colère, mais pas que ! Et là, j'ai l'impression d'avoir vu un personnage monochrome, qui est sans cesse sur une couleur. C'est vrai que Vincent Cassel a coutume de jouer les grandes gueules et c'est peut-être ça qui m'a déstabilisé. J'ai vu Vincent Cassel faire du Vincent Cassel dans tout sa splendeur. J'étais très déçu. Au début, je peux comprendre qu'il traduise sa gêne ou son incompréhension face à l'excitation effervescente de tout le monde a face à l'arrivée de Louis en râlant, allant toujours dans le sens opposé. Mais j'attendais tellement cette scène finale que j'en ai été déçu. Certes, il y a de l'émotion mais pas celle que j'attendais. C'est un personnage qui a accumulé les rancœurs envers son frère pendant des années d'absence. Il l'a invité au mariage avec Catherine, à la naissance des enfants, mais il n'est jamais venu, il n'a fait qu'envoyer des cartes postales. C'est Antoine qui a supporté l'absence de Louis, sa mère et sa sœur se confient à lui à ce sujet, il porte un poids très lourd. Il habite près de la maison de sa mère tandis que Louis est parti à la capitale vivre sa vie, celle d'un artiste. Antoine a assumé un rôle qu'il n'a pas voulu, qu'il a du supporté pour le bien de sa mère et de sa soeur, en partie du à l'absence du fils prodige. Et ce retour comme une fleur, après douze ans d'absence, c'est la cerise sur le gâteau car tout le monde adule Louis, en oubliant Antoine qui croit être le seul à voir cette réalité là. Donc oui il est en colère contre Louis, certes, mais il a beaucoup de chose à lui dire, il lui a aussi manqué pendant tout ce temps. Ma perception est biaisé par ce que j'ai pu traversé sur le plateau en tant que comédien et aussi par ce que je pense de Vincent Cassel, je le sais. Mais il y a quelque chose qui ne m'est pas parvenu. Comme si c'était le seul à ne pas se plier à la règle de l'oubli de soi, brillamment assimilé par ses partenaires. J'étais également un peu déçu de la scène de la voiture, qui est selon moi une scène où la parole déborde, s'émancipe d'elle même sans savoir où elle va. Là, c'est une déflagration d'insultes qui vient ponctuer tout son texte, perturbant totalement le pourquoi il dit ça, cette scène perd tout son sens. Mais malgré ça, ce film m'a énormément plu, s'émancipant clairement de la vague émotionnelle de "Mommy", ayant sa propre empreinte marquée par des plans serrés, soulignant l'étouffement. Le huis-clos dessine les non-dits, les rend palpable à l’œil nu. Et ce final, imaginaire ou non, on ne sait pas, nous fait sourire et nous bouleverse à la fois. La métaphore est d'une limpidité évidente avec l'histoire tandis que l'esthétique poétique de cet envol nous prouve bel et bien que Dolan sait nous atteindre, visant directement nos émotions les plus intimes.
    brunetol
    brunetol

    172 abonnés 179 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 22 septembre 2016
    A quoi sert de critiquer ? Dolan parait au-delà, dans un éther où n'existent plus que l'extase ou la détestation. J'avais apprécié l'énergie des premiers films, leur insolence, leur "geste" effrontée, mais depuis "Tom à la ferme", chaque nouvel opus du "prodige" québécois me navre un peu plus. Celui-ci touche le fond : affèterie, hystérie, vide abyssal dans un bas de soie (si vous êtes fan de l'esthétique des pubs pour produits de luxe - bagnoles, montres, parfums) qui ne mérite qu'un prix technique pour la direction artistique, option pâtisserie. Un tunnel d'ennui interminable, comme de feuilleter une année de Vogue Homme chez le dentiste, et qui sombre parfois dans le comique involontaire par l'hypertrophie de la surcharge, l'épuisement par la répétition. Pas le courage de déchaîner ma prose vengeresse sur un navet de ce calibre : si vous n'êtes pas un(e) inconditionnel(le), passez plus que jamais votre chemin.
    Hey Jude
    Hey Jude

    19 abonnés 14 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 25 septembre 2016
    Je suis sortie de là sans trop savoir qu'en penser, encore un peu ébranlée par le choc de la dernière scène, d'une rare intensité. Je connaissais Xavier Dolan pour ses films hypèractifs nous entrainant dans une tornade de couleurs rocambolesques et d'émotions sincères. Mais ici le rythme change du tout au tout.

    Il s'agit d'une après-midi, quelques heures à peine, à regarder des personnages qui ne peuvent pas, plus communiquer. Louis, surtout, porte ce secret qui rend pesant chaque mot, chaque phrase prononcée. Je dois dire que le début était lent, pour ne pas dire chiant, il faut s'habituer à un drôle de language sans doute mis en place par l'auteur de la pièce d'origine, fait de répétitions, de silences, de non dits. Le personnage de Marion Cotillard fait très fort à ce sujet, et sa peine à s'exprimer m'a rappelée Kyla dans Mommy, sauf qu'ici ça en devient presque burlesque. Je ne savais pas comment regarder ce rythme, ce language, fallait-il rire ou plonger dans la détresse des personnages?

    Mais ensuite, il y a eu ces souvenirs, des immersions brutales dans la mémoire de Louis, enivrantes et manifiquement filmées, et je me suis dit que Dolan n'avait pas son pareil pour faire surgir l'émotion, là, d'un coup. Et le rythme en était tellement changé, que je pense que c'est un film à propos du temps et de son écoulement, le temps qu'on voudrait ralentir parce qu'on redoute ce moment d'avouer, le temps éclair d'un flash de souvenirs vivaces mais trop vite passés, le temps qu'on voudrait partager malgré tout avec ceux qu'on aime sans le gâcher. Avec cette perspective là, je trouve le film assez intéressant.

    C'est un exercice de style, une nouvelle expérimentation de Dolan qui reste surprenant et intriguant au fil de ses films. Mais est ce que j'ai aimé? J'ai beaucoup pensé à l'Esquive, d'Abdellatif Kechiche, ou les balbutiements et les non dits trahissaient l'émotion chez les personnages. C'est une sorte de Marivaudage qu'on a aussi ici, mais au lieu de susciter la tendresse, cela en devient frustrant et étouffant. Il me faut quand même parler des acteurs qui fonctionnaient très bien en groupe malgré seulement 6 jours de tournage tous ensemble, et une Léa Seydoux pour une fois moins inaccessible, plutot assez chaleureuse et...gamine.

    En tout cas j'ai tout de suite eu envie de le revoir pour mieux le cerner.
    nicolas t.
    nicolas t.

    54 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 23 septembre 2016
    Huis clos hystérique et théâtral. Malgré les gros plans permanents, on reste à distance de cette famille de stars qui font leur numéro. Dommage la pièce de Lagarce méritait mieux qu'un psychodrame clipesque.
    vinetodelveccio
    vinetodelveccio

    52 abonnés 802 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 octobre 2016
    Un film réussi qui nous offre la grâce de Dolan allié à un casting extraordinaire. En invitant Seydoux, Cassel, Cotillard, Baye et Ulliel dans son monde, on pouvait craindre de se perdre dans un tourbillon d'égo qui nous éloignerait des personnages. Si au début, ce constat se ressent, on se retrouve vite au milieu d'une famille des plus réalistes et dysfonctionnelles. Le propos est émouvant, comme d'habitude avec le cinéaste québecois, et l'histoire crève le coeur. La mise en scène est au plus près des personnages, ce qui immerge vraiment le spectateur. Les nombreux bavardages enlèvent un peu la suspension émotionnelle de ses précédents films et cet opus m'a moins touché.
    Raphaël O
    Raphaël O

    120 abonnés 1 567 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 mars 2017
    Ce psychodrame familial en huis clos signé Xavier Dolan trouble parfois mais n'ennuie jamais et parvient à maintenir l'intérêt du spectateur grâce à un certain sens du rythme, des dialogues vociférants, un casting cinq étoiles et une conclusion finale inattendue. Une franche réussite.
    toxicbo!
    toxicbo!

    15 abonnés 320 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 octobre 2016
    CRITIQUE : 7 ans de carrière, 6 films, 2 prix à Cannes et l'international désormais. Xavier Dolan, québécois, pas encore la trentaine a grandit et s'est épanoui au rythme de ses films et celui-ci, va faire couler beaucoup d'encre. On va l'aimer, le détester, enfin surtout parler de lui et ça, c'est tout sauf "la fin du monde"!
    Dans son premier film au grand casting, son sens de la mise en scène reste intacte et c'est ce qui fait la singularité de Dolan. Son style est unique mais comme tout grand artiste, difficile à appréhender. Son maniérisme, son exubérance et son lyrisme, propres à sa personne trouvent chaque fois une place dans son cinéma, mais s'installent avec le temps, avec plus de mesure, de maturité sûrement. Dès lors, on comprend que son cinéma va se faire connaître, chaque fois davantage, mais qu'il ne troquera jamais son sens de la caméra.
    Son parti pris à vouloir filmer les acteurs au plus près, les faire prisonniers de la pellicule rend d'emblée le film anxiogène. Ici on parle de grands sentiments, de cris du coeur et leurs expositions sont chirurgicales. Film donc oppressant ou tout simplement intense. Chacun des 5 grands acteurs livrent une grande prestation, comme s'ils livreraient une grande bataille. Et avec nous sur le champ de bataille. On vit l'expérience "dramatique" essorée de larmes, comme si on avait gelé sur place. Pas le temps pour l'empathie, ni pour le regret, c'est le mystère de chaque personnage que l'on tente de décrypter. La tâche est complexe et Dolan nous lâche des brides, par instants de fulgurances. Le reste, on le construit, par notre esprit.
    La musique toujours, celle d'un enfant des années 90 habille toujours aussi bien ses films. Ici elle trouve son sens encore, par envolées poétiques, dans le passé du personnage central en l'occurrence.
    Avec tout ça mais aussi sa fin anthologique, tragique et métaphysique, Xavier parvient à nouveau à captiver et semble s'installer pour la postérité, une bonne fois pour toutes. Ce n'est pas le chef d'oeuvre "Mommy" sûrement, mais c'est du très grand cinéma, bien sûr...
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