Deux jeunes jésuites débarquent au Japon, terre hostile au christianisme, pour retrouver la trace du père Ferreira disparu depuis des années.
Premier constat: à peu près tout le monde parle anglais au Japon. Le récit s'en trouve facilité, mais pour l'authenticité et le dépaysement, on repassera. Puis c'est parti pour 2h30 de catéchèse, de soporifiques bondieuseries puis, enfin, de bavardages sur les mérites comparés du christianisme et du bouddhisme japonais.
Dans les pas du père Rodrigues (Andrew Garfield, dans le rôle principal), ça prie et ça se confesse dans des postures victimaires ou empreintes de dévotion assez naïves; des villageois convertis tentent d échapper aux intolérants autochtones jalousement attachés à leurs seules croyances, et Scorsese filme ces paysans, avec plus ou moins de légèreté, comme il aurait filmé les premiers chrétiens martyrisés.
Il faut dire que les supplices japonais, que scorsese ne se prive pas de montrer, pour obtenir l'abjuration sont cruels et raffinés. Les gouverneurs nippons ont le mauvais rôle. En revanche, sur leur intolérance religieuse, sur la question de la légitimité de l'évangélisation et du prosélytisme, les jésuites n'ont pas à se plaindre.
"Silence" ressemble au film d'un chrétien superstitieux hanté par l'apostasie, pour qui le reniement semble le péché ultime alors qu'il suffit ici
de poser le pied sur une icône chrétienne pour éviter la torture et la mort, ce qui semble un compromis raisonnable.
L'apostasie est le sujet du film, jusqu'à l'abstraction et au prêchi-prêcha philosophique. On ne doute pas que le père Rodrigues,
fait prisonnier,
aura à faire un choix; on ne doute pas non plus que l'objet de ses recherches, le missionnaire Ferreira, a fait ce choix et on imagine bien lequel.
Andrew Garfield, avec ses airs christiques et son dolorisme affiché, fait une composion horripilante. A moins que ce soit le personnage qui est pénible.