31 ans plus tard, ce méchant qui a affronté Stallone a toujours l'un des noms les plus stylés du cinéma d'action !
Vincent Formica
Vincent Formica
-Journaliste cinéma
Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

C'est l'un des plus méchants les plus fous et les plus exubérants de tous les temps, Simon Phoenix dans "Demolition Man" ! Retour sur un personnage de fou furieux qui a en plus l'un des noms les plus stylés du cinéma.

Le 2 février 1994, Demolition Man débarque dans les salles françaises et attire 1,7 million de spectateurs. Si le score est plutôt correct pour l'Hexagone, le long-métrage avec Sylvester Stallone a été un échec retentissant au box-office mondial. Il n'a récolté que la modique somme de 58 millions de dollars pour un budget estimé à 57 millions.

Après les années 80 et l'hégémonie des gros bras façon Schwarzy et Sly, les années 90 voient émerger d'autres personnages d'action avec un physique moins spectaculaire et plus ordinaire comme ceux de Bruce Willis (Die Hard) ou Keanu Reeves (Point Break, Matrix).

À l'instar de Demolition Man, Last Action Hero avait aussi été un fiasco retentissant un an auparavant, sonnant déjà le glas des blockbusters d'action portés par des héros musclés et invincibles.

Demolition Man
Demolition Man
Sortie : 2 février 1994 | 1h 55min
De Marco Brambilla
Avec Sylvester Stallone, Wesley Snipes, Sandra Bullock
Spectateurs
3,3
Disponible sur MAX

En 1994, Demolition Man fait donc figure de chant du cygne pour ce type de production, Stallone commençant également à ne plus faire déplacer les foules. Cependant, l'oeuvre signée Marco Brambilla est devenue culte au fil du temps, notamment grâce à son scénario relativement visionnaire, qui a vu certaines de ses prédictions devenir quasiment une réalité 30 ans plus tard.

Toutefois, si Demolition Man est aussi culte de nos jours, c'est aussi en partie grâce son méchant absolument mémorable incarné par un Wesley Snipes exubérant comme jamais ! Son nom : Simon Phoenix. Rien que ce patronyme donne le ton du personnage ! Quand on découvre le film, on reste bouche bée devant la cruauté désinvolte de ce bad guy, qui fait penser à une sorte de Joker sous amphétamines.

Simon Phoenix, un personnage qui renaît de ses cendres

Même si on adore John Spartan, le héros campé par Stallone, on ne peut que s'incliner face à Simon Phoenix, un nom tellement classe qu'il fait presque oublier que ce personnage est un des méchants les plus terribles du cinéma ! À l'époque, la confrontation entre la superstar Stallone et l'étoile montante Wesley Snipes est alléchante et promet une bonne dose d'adrénaline.

Si Stallone vient de se refaire une santé au box-office avec Cliffhanger, son aura reste vacillante ; quant à Wesley Snipes, il est âgé d'une trentaine d'années et vient de se faire un nom avec Les Blancs ne savent pas sauter et Passager 57. Il transformera l'essai 4 ans plus tard avec Blade.

Dès la scène d'ouverture de Demolition Man, le ton est donné ! On se retrouve en 1996 dans un Los Angeles à feu et à sang. John Spartan, le flic le plus coriace de l'univers, se dresse face à un psychopathe de première aux cheveux blonds péroxydés, vêtu d'une salopette et d'un marcel orange, Simon Phoenix !

Warner

En arrêtant les agissement criminels du bad guy survolté, Spartan laisse malheureusement derrière lui 30 victimes innocentes. Il est donc condamné à être cryogénisé dans une prison aux technologies ultra-modernes. C'est le cas aussi pour Phoenix ! Le but ? Permettre une rééducation pour une éventuelle réinsertion. Drôle d'idée s'il en est !

Le récit fait ensuite un bond dans le temps jusqu'en 2032. Simon Phoenix parvient à s'échapper et les autorités sont obligées de réveiller John Spartan pour parvenir à stopper le dangereux criminel. En effet, à cette époque, la violence a été éradiquée et Los Angeles est un véritable havre de paix. De plus, malheur à vous si vous proférez la moindre insulte ! Un petit robot vous colle une amende immédiatement, ce qui a le don d'agacer Spartan.

Un méchant comme on en fait plus

Dans ce monde édulcoré façon Bisounours, les forces de l'ordre ne savent plus comment agir face à la violence d'un sociopathe tel que Simon Phoenix, qui s'en donne à coeur joie pour commettre les pires exactions ! Ainsi, il engage des sbires pour recommencer son carnage et mettre la ville à feu et à sang !

À coups de punchlines acérées, il peut paraître aussi exubérant qu'effrayant, en témoigne ce discours aux insultes homophobes, qui ne pourrait certainement plus passer de nos jours dans un blockbuster.

"Très bien, messieurs, récapitulons ! On est en 2032 ! Ça donne, 2-0-3-2 ! C'est le 21ème siècle quoi. Et j'ai le regret de vous annoncer que le monde est maintenant peuplé de couilles molles. C'est un remake de La Petite maison dans la prairie joué par une bande de pédales en robes longues. Tout ce qu'on a à faire pour devenir les rois ici, c'est flinguer un mec nommé Friendly, le créateur de Tapette-Land !"

Il y a aussi cette scène où Sandra Bullock propose à Stallone de faire l'amour à distance avec un casque de réalité virtuelle (en ce sens, Demolition Man est visionnaire, ayant prédit le côté "aseptisé" de nos sociétés modernes).

Quoi qu'il en soit, seul John Spartan est donc capable d'arrêter un si dangereux criminel, lui qui vient de la même époque que lui et qui le connaît par coeur. Leur confrontation sera des plus épiques, se terminant avec panache, sonnant la fin des films d'action décomplexés des années 1980 et début 1990. Après Demolition Man, il n'y aura plus de liberté de ton aussi exacerbée dans les longs-métrages du genre.

Le réalisateur évoque son oeuvre la plus marquante

"Le film a étonnamment bien vieilli. La vision du futur qu'il dépeint s'est avérée hélas plus pertinente que nous ne le pensions", a confié Marco Brambilla dans un entretien à Libération en novembre 2023. Le cinéaste est aussi revenu sur son départ de la scène hollywoodienne.

"Je suis arrivé trop tard à Hollywood. Jusqu'à la fin des années 80, les réalisateurs avaient le contrôle de leurs films. Mon arrivée, au début des années 90, correspond au moment où ce sont les producteurs qui ont pris le contrôle."

"Si vous étiez Martin Scorsese ou James Cameron, vous pouviez toujours avoir la main. Mais si vous débutiez comme moi, ce n'était plus possible. Il y a eu quelques exceptions comme Quentin Tarantino, Paul Thomas Anderson... Mais ça été les derniers", a expliqué Marco Brambilla.

Le cinéaste a aussi pointé du doigt les relations difficiles sur le tournage avec le producteur du film, le nabab Joel Silver. Marco Brambilla est sorti brisé de l'expérience. Il ne voulait absolument pas être enfermé dans la case où les producteurs hollywoodiens cherchaient à le cantonner : "Après Demolition Man, on ne me proposait plus que des films similaires : Judge Dredd, Volte / Face... J'étais content de mon film, mais je ne voulais pas refaire la même chose", a-t-il assuré.

Si vous voulez (re)voir Demolition Man, le film est disponible sur la plateforme Max.

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