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    William Friedkin et le cinéma : "Je ne suis pas mécontent de voir la pellicule disparaître"

    A l'occasion de la ressortie en salles de son film maudit Sorcerer dans une copie intégrale et restaurée, William Friedkin a répondu aux questions d'AlloCiné. Le cinéaste mythique revient avec enthousiasme sur l'ensemble de sa carrière.

    AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a décidé à devenir cinéaste ?

    William Friedkin : Citizen Kane. En le voyant, je me suis dit : "Voilà une forme d’art à travers laquelle je pourrais m’exprimer". Si je vais dans un musée voir une peinture de Vermeer, ou Rembrandt, ou Van Gogh, je sais que c’est hors de ma portée. Quand j’écoute Beethoven, ou Chostakovitch, je sais que jamais je ne pourrai écrire quelque chose qui s’en approcherait. Mais quand j’ai vu Citizen Kane, j’ai su que je pouvais au moins aspirer au cinéma. Je n’ai jamais réussi à faire aussi bien, et de très loin, avec aucun de mes films, mais ça ne m’intimide pas. Ça ne fait que m’inspirer.

    Un de vos premiers films documentaires, The People vs. Paul Crump, a réussi à sauver de la chaise électrique Paul Crump, condamné pour avoir abattu un agent de la sécurité lors d’un braquage. A-t-il eu l’occasion de vous remercier ?

    Bien sûr. Il est décédé, maintenant. Quand je l’ai rencontré, en 1961, il allait être exécuté. D’ailleurs, il avait dans le couloir de la mort un compagnon de cellule que j’ai rencontré. Lui n’y a pas coupé, et j’ai été témoin de son exécution. Je l’ai décrite dans mon livre (Friedkin Connection : Les mémoires d'un cinéaste de légende, Editions de la Martinière, 2014, ndlr). Je ne l’oublierai jamais. C’était l’une des choses les plus profondément dérangeantes qui m’aient été données de voir.

    Vous auriez voulu tourner avec Steve McQueen sur Sorcerer. On a dit que vous l’auriez aussi approché pour French Connection

    Non, c’est faux. Je ne l’ai approché que pour Sorcerer. Pour French Connection, nous pensions à Paul Newman ou à Jackie Gleason, mais le studio n’en voulait pas. Paul Newman a refusé parce qu’il ne voulait plus se servir d’une arme à feu, après le suicide de son fils… Mais je n’ai jamais approché Steve McQueen à cette époque. Par contre, j’ai écrit le premier rôle de Sorcerer pour lui. C’était un grand acteur, et un ami.

    Vous dites même qu’un gros plan sur lui est plus beau que n’importe quel paysage.

    C’est ça, le cinéma ! La plupart du temps, ce sont les acteurs qui sont intéressants. Sauf si on tourne un documentaire.

    Ça m’embête de ne jamais avoir tourné avec James Cagney, ou Humphrey Bogart, ou Paul Newman… Aux Etats-Unis, il n’y a plus d’acteur de cette trempe.

    Ça vous embête de ne jamais avoir tourné avec lui ?

    Oui. Mais si on va par là, ça m’embête de ne jamais avoir tourné avec James Cagney, ou Humphrey Bogart, ou Paul Newman… Aux Etats-Unis, il n’y a plus d’acteur de cette trempe. En France aussi il y avait aussi de grands acteurs avec qui j’aurais adoré tourner : Lino Ventura, Paul Meurisse, Yves Montand

    Dans les folles rumeurs qu’on entend sur French Connection, on lit souvent qu’Howard Hawks vous aurait donné un coup de main…

    Jamais. Ce sont des racontars. A l’époque, je sortais avec sa fille. Lui, ça faisait dix-huit ans qu’il ne l’avait pas vue. Un jour, elle a reçu un message sorti de nulle part nous demandant de venir lui rendre visite en Californie (nous vivions alors à New York). On y est allés. L’atmosphère était assez tendue. Elle lui a dit que j’étais réalisateur. Je venais de terminer Les Garçons de la bande. Il m’a demandé de quoi parlait le film, alors je lui ai dit que ça s’intéressait à l’homosexualité. Il a juste commenté : "Tu ne devrais pas faire des trucs pareils. Tu ferais mieux de te lancer dans des films d’action ! C’est ça, que les gens ont envie de voir !". C’est son seul lien possible avec French Connection. C’est lui qui est allé se faire mousser en racontant à la presse qu’il avait contribué au scénario, mais c’est faux. Je ne l’ai rencontré qu’une fois, pendant deux heures. Quant à ses films, il y en a quelques-uns que j’aime bien, mais je n’ai jamais été fan. C’est un grand cinéaste, mais qui n’a pas eu d’influence sur moi.

    Ironie du sort, vous ayez reçu tous ces prix à Hollywood pour un film que vous avez vraiment tourné loin du système, avec peu de moyens.

    C’était l’époque. D’autres que moi faisaient pareil. On était la jeune génération. Les studios nous filaient de l’argent et nous laissaient faire. Ils se disaient que, parce que nous étions jeunes, nous étions capables de choses qui leur échappaient. Aujourd’hui, on peut dire qu’ils avaient raison, d’un certain point de vue. Mais pas à grande échelle, puisque les films coûtent de plus en plus cher.

    On lit beaucoup de choses excentriques sur la façon dont vous avez mis en scène L’Exorciste. Quelle est la part de vérité et la part de légende ?

    Je n’en sais rien, il faut que vous soyez plus précis. J’essaie de ne pas trop lire ce qu’on écrit à mon sujet, car à chaque fois, je découvre des points de vue si éloignés du mien…

    Avez-vous tiré des coups de feu sur le tournage ?

    Oui, des balles à blanc, plusieurs fois, pour faire réagir les acteurs. Il y a un plan sur Jason Miller, qui joue le jeune prêtre. Dans une de ses scènes, il réécoute chez lui la voix enregistrée de la petite fille. Soudain, le téléphone sonne et il tourne la tête en gros plan, surpris par la sonnerie du téléphone. Il n’allait pas vraiment tressaillir en entendant un téléphone sonner, puisqu’il l’avait lu dans le script. Du coup, j’avais besoin d’un autre bruit pour le surprendre. J’ai souvent fait tout ce que j’ai pu pour prendre de court mes acteurs.

    Ellen Burstyn s’est-elle vraiment blessée sur le plateau ?

    N’importe quoi. Elle a eu une longue et prestigieuse carrière, et elle n’a pas passé une minute à l’hôpital pendant le tournage de L’Exorciste. Je l’ai vue récemment, elle n’a aucune douleur dorsale. Elle est même plus en forme que moi ! Certes, le technicien qui tirait le câble auquel elle était attachée n’y est pas allé de main morte, au moment où elle se faisait gifler par le démon qui possédait sa fille. Mais non, c’est une légende. Dieu merci, elle ne s’est rien cassé.

    Etait-ce difficile de diriger la jeune Linda Blair et de lui demander de se prêter à toutes ces demandes subversives ?

    Non, nous avions un rapport particulier, elle et moi. J’étais un père de substitution. Elle me faisait confiance, elle était très intelligente. Bien sûr, souvent, elle ne comprenait pas les implications de ce qu’elle faisait, mais elle comprenait quand même que quelque chose n’allait pas. Elle me disait : "Je ne peux quand même pas faire ça !" et je lui répondais : "Mais si, bien sûr que tu peux le faire !". Je tournais ça en jeu. Je l’ai traitée en adulte en lui portant l’affection qu’on a pour un enfant.

    Ce n’est pas tous les jours qu’on fait un film qui parle une langue internationale.

    C’est un film célèbre pour avoir rendu malades les gens dans les salles de cinéma.

    J’en suis le premier surpris. Ça ne me faisait pas cet effet. C’était vraiment un film sur le mystère de la foi. Je comprendrais mieux qu’on soit choqué à l’idée d’un acte comme la crucifixion, radical et barbare, sur lequel repose toute une religion !

    Récemment, le réalisateur d’Insidious 3, Leigh Whannell, nous a confié avoir déjeuné avec vous pour vous demander conseil.

    Oui, il vous a rapporté des choses que je ne me souviens même plus lui avoir dites. Effectivement, il m’a demandé conseil, mais que pouvais-je lui dire ? Qu’est-ce que j’allais pouvoir raconter sur Insidious 3 ? Je n’ai même pas vu les deux premiers !

    Quand vous voyez tous ces films d’exorcisme qui sortent de nos jours (Le Dernier ExorcismeDélivre-nous du mal, Le Rite…), ça vous fait sourire ?

    Je ne vais pas les voir. Je n’ai même jamais vu tous les remakes et les suites de L’Exorciste. Pourtant, il y en a eu quatre ! J’en ai attrapé des bouts, quand ça passait à la télé, mais je changeais de chaîne tout de suite. Le 4 et le 5, par exemple, je n’en ai jamais vu une seconde.

    Y a-t-il encore quelque chose que vous n’ayez jamais raconté à personne sur le tournage de L’Exorciste ?

    On m’a vraiment posé toutes les questions du monde sur ce film. Tout ce que je peux vous dire de sincère, c’est que, quand je repense à cette époque, je me rends compte à quel point j’étais créatif. Je ne manquais pas d’inspiration pour me détacher du scénario. Et, franchement, je suis vraiment content de ce film. Je le trouve génial. Il marche partout dans le monde, même au Cameroun ou en Turquie… Il a été vu et a ému des spectateurs dans le monde entier. Ce n’est pas tous les jours qu’on fait un film qui parle une langue internationale.

    Je ne suis pas mécontent de voir la pellicule 35mm disparaître

    Sorcerer sort dans une nouvelle copie restaurée. Pensiez-vous un jour le voir dans une si belle qualité ?

    Ça n’existait pas, quand j’ai fait le film. Si vous avez vu le master numérique, vous savez que c’est la meilleure version du film. Les verts sont intenses, les bleus aussi, le grain de la peau fait aussi vrai que nature, ce qui n’a jamais été le cas avec la pellicule. Le développement des anciennes copies rendait ça impossible. Il y avait trop de variantes entre le liquide de développement, le technicien, l’électricité toujours fluctuante dans la machine qui imprimait les copies… Du coup, on n’avait jamais deux bobines pareilles. Aujourd’hui, on peut produire une image fidèle à ce que vous voyiez à travers le viseur de la caméra. Effectivement, je n’ai jamais rêvé qu’un jour ce serait possible. Et, pour ma part, je ne suis pas mécontent de voir la pellicule 35mm disparaître. Ça n’a jamais été fiable, alors que le monde numérique l’est.

    Vous qui admirez Orson Welles, pensez-vous qu’il aurait aimé voir une telle copie de son Citizen Kane ?

    Evidemment. Par ailleurs, je ne suis pas plus fan d’Orson Welles que ça. Je pense juste qu’il a fait un des plus grands films au monde, qui m’a donné envie de me mettre au cinéma. C’est à peu près tout ce que j’en pense. J'apprécie ses autres films, mais Citizen Kane, pour moi, est un chef d’œuvre incontestable.

    Henri-Georges Clouzot est mort avant de pouvoir voir Sorcerer. Est-ce la raison pour laquelle vous lui avez dédié le film ?

    Non, je lui avais dit que je le ferais, et que je lui donnerais aussi un pourcentage sur les bénéfices.

    Vous auriez aimé qu’il le voie?

    Je ne crois pas. Il avait fait un très grand film avec la même histoire (Le Salaire de la peur, adapté du livre de Georges Arnaud, ndlr). Ma version est vraiment différente. J’ai changé les personnages, l’histoire, les péripéties… C’est la même charpente, mais de deux manières différentes. Je ne les compare pas. Son film est génial. Parfois, les gens voient Sorcerer et ont la curiosité de voir Le Salaire de la peur. C’est une grande satisfaction. Mais je n’ai pas la prétention de dire : "J’aurais voulu que Clouzot voie mon film". Je suis sûr qu’il avait mieux à faire.

    Vous vous référez souvent à lui, pourtant ! Il a eu beaucoup d’influence sur votre travail ?

    Oui. Les Diaboliques et Le Salaire de la peur font partie de mes films favoris. Il repoussait les limites. Moi aussi, j’ai essayé de faire ça avec mes films. Les Diaboliques, c’est vraiment un film sans concession, presque vicieux. Justement, c’est ce qui est formidable.

    Vous qui êtes célèbre pour vos courses poursuites, Sorcerer propose presque l’inverse.

    C’est une course centimètre par centimètre. Bien sûr, c’est ce que j’essayais de faire.

    La scène sur le pont de singes est sûrement la plus haletante. A-t-il fallu construire tout le décor ?

    Eh oui ! Il n’existait aucun pont sur lequel faire passer deux camions sans qu’il ne s’écroule. On a dû tourner la scène sur une très longue période, car chaque jour, le soleil pointait son nez de 7h à 11h du matin, et s’en allait très vite après. Moi, j’avais besoin que la lumière soit raccord. Donc on avait trois heures pour tourner chaque matin, et puis c’était terminé. Ensuite, on pouvait revenir et tourner de 7h à 11h du soir pour les scènes de nuit. Du coup, ça a pris au moins deux fois plus longtemps que prévu.

    La Chasse vous a valu l’hostilité de la communauté gay et aussi hétérosexuelle…

    Moi, je voulais juste faire un film sur le milieu S&M, pas sur l’homosexualité ou l’hétérosexualité de mon héros. Dans le milieu S&M, à l’époque, il y avait des meurtres dans des clubs comme le Mineshaft de New-York, où j’ai filmé. Et je trouvais que ça en faisait une bonne toile de fond pour une enquête criminelle, rien de plus.

    Le film a réussi à marquer les esprits jusqu’à aujourd’hui, en tout cas.

    Oui, mais la nouvelle génération de critiques le prend bien. Ils ont compris que le film parle d’une époque. Aujourd’hui, ce genre de choses arrive moins souvent. Ces clubs étaient en vogue à la fin des années 1970. Il y en a moins parce qu’en plus de ces meurtres qui ont fait sensation dans la presse à l’époque, d’autres morts mystérieuses sont apparues, dont on sait aujourd’hui que la cause est le SIDA. Et je pense que beaucoup de jeunes critiques voient la métaphore, maintenant.

    Un DJ français, Panpan Master, a pris un extrait de La Chasse pour en faire le clip de son titre "Cuir-Moustache", il y a six ans. Cette vidéo a été vue des millions de fois en France et a même provoqué un phénomène de mode. Ça vous amuse d’être toujours aussi iconique, y compris pour la nouvelle génération ?

    Je ne le savais pas. C’est génial ! Je trouve ça très drôle ! Ça ne me gêne pas du tout qu’on puisse en faire une satire.

    ATTENTION : Certaines images de cette vidéos peuvent heurter la sensibilité de certains spectateurs.

    En parlant de clips, vous vous êtes aussi essayé à l’exercice en 1984 pour "Self Control" de Laura Branigan. L’exercice vous a plu ?

    Oui, c’était super ! C’est une forme très intéressante qui vous amène à raconter une histoire en peu de temps, en illustrant les paroles et en créant un monde parallèle. Elle était formidable, Laura Branigan ! C’était une grande vedette.

    Aujourd’hui, tout ce que j’entends m’ennuie. Le rap, en particulier, ce n’est pas pour moi.

    MTV a quand même réussi à censurer quelques plans de votre clip.

    Bien sûr ! Mais le clip est toujours diffusé et a eu plusieurs dizaines de millions de vues sur YouTube. On le trouve partout sur le net et Laura Branigan revient en force. Ça m’a vraiment passionné de travailler sur une chanson de pop et de la transformer en cauchemar.

    Un an plus tard, vous tournez le classique du polar Police Fédérale Los Angeles. Ne trouvez-vous pas que la musique de Wang Chung l’a beaucoup vieilli ?

    J’aime beaucoup cette BO. Elle n’a pas pris une ride. J’ai trouvé leurs mélodies et leurs tonalités très intéressantes. Je ne crois pas qu’elle soit estampillée "musique des années 1980". Ou alors disons que Beethoven sonne XIXe siècle. Ça ne vieillit pas plus que la musique de Wang Chung, en réalité. Aujourd’hui, tout ce que j’entends m’ennuie. Le rap, en particulier, ce n’est pas pour moi. J’aime presque tout le reste : le classique, le jazz, la folk, la musique du monde…

    Dans ce film, le personnage interprété par Willem Dafoe a un comportement paradoxal et étonnant : il brûle ses peintures originales et passe son temps à imprimer des copies de billets. Pourquoi ?

    Je n’en sais rien. On n’explique pas le comportement des gens. Je n’ai jamais essayé. La seule question à laquelle je n’aurai jamais la réponse, dans mon travail, c’est : "Pourquoi ?". Pourquoi sommes-nous là ? Pourquoi la guerre ? Pourquoi deux pays décident-ils de s’anéantir ? Pourquoi les Israéliens et les Palestiniens ne peuvent-ils pas se supporter ? Je ne sais pas. C’est la nature humaine, on ne peut pas la comprendre.

    Les gens retiennent d’un film ce qu’ils y voient. Si vous trouvez le monde excessif, étrange et violent, vous allez sûrement trouver que La Chasse ou Killer Joe le sont aussi.

    Avec Bug, vous êtes revenus à des films à petits budgets et la critique vous a à nouveau adulé. Est-ce que le manque de moyens stimule votre créativité ?

    Non. Bug, c’est une incroyable histoire sur la paranoïa. Quand on s’y intéresse, ce n’est pas drôle, ni même divertissant, mais c’est très vrai et émouvant. Moi, je ne crois pas que tout soit une conspiration, mais beaucoup de gens en sont convaincus. Les théories du complot sont toujours passionnantes, mais elles restent des théories. Pour ma part, il me semble qu’il y a une bonne dose de paranoïa, quel qu’en soit le degré, chez chacun d’entre nous. Surtout quand on prend de la bouteille. Mais le vrai sujet de Bug, c’est la transmission de cette paranoïa d’une personne à une autre.

    A en croire votre fiche Wikipédia dit que vous êtes un cinéaste de l’excès, du malaise et de la violence. Killer Joe confirme plutôt cette description, vous ne trouvez pas ?

    Pour le malaise, je ne trouve pas. Il y a de la violence dans Killer Joe, c’est certain, mais surtout beaucoup de tendresse. Les gens retiennent d’un film ce qu’ils y voient. Si vous trouvez le monde excessif, étrange et violent, vous allez sûrement trouver que La Chasse ou Killer Joe le sont aussi. Par contre, si vous êtes capables d’y voir de l’empathie ou de la tendresse, vous en trouverez aussi dans ces films. Ce sont des tranches de vie, elle-même très étrange, excessive et violente pour bien des gens.

    La plupart des scénarios sur lesquels vous travaillez sont des adaptations, et non des œuvres originales. Vous sentez-vous plus en confiance lorsque vous vous appuyez sur des matériaux préexistants ?

    J’aimerais avoir l’imagination de Fellini pour inventer mon univers. J’ai essayé, parfois, d’ailleurs. Mais les films de Fellini reposent sur les cauchemars, les rêves et les émotions de Fellini. Mes films trouvent plutôt leur source dans des livres (L’Exorciste), des pièces de théâtre (Killer Joe) ou des faits divers (French Connection). Je ne suis pas le seul à travailler ainsi.

    Les films peuvent-ils encore sauver des vies aujourd’hui ?

    Sûrement, mais plus les miens. Je sais qu’Errol Morris a fait un film qui a sorti un gars de prison, par exemple, en prouvant que les preuves retenues contre lui n’étaient pas fondées (Le Dossier Adams, dont le titre en version originale, The Thin Blue Line, est emprunté à un documentaire de William Friedkin tourné en 1966, ndlr).

    Quels sont vos prochains projets ?

    En ce moment, je travaille sur un scénario consacré à une actrice, Mae West. Elle sera incarnée par Bette Midler. Je compte le réaliser pour HBO. C’est une histoire très intéressante et subversive sur une grande star, une femme pour une fois – alors que la plupart de mes films s’intéressent aux hommes. Sauf, bien sûr, l’Exorciste où les personnages principaux sont une femme et sa fille. En tout cas je suis très enthousiaste à l’idée de travailler sur cette histoire avec Bette Midler. Et j’ai la tête pleine d’autres projets…

    Propos recueillis par Gauthier Jurgensen à Paris le mercredi 10 juin 2015

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