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    American Gods saison 2 : la guerre divine fait déjà une victime dans notre récap' de l'épisode 1
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Après pas loin de deux années d'attente, les divinités de "American Gods" sont de retour pour en découdre sur Amazon Prime Vidéo, qui a mis le premier épisode en ligne ce lundi 11 mars. Que faut-il donc en retenir ?

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    ATTENTION - L'article ci-dessous contient des spoilers dans la mesure où il revient sur les événements survenus dans le premier épisode de la saison 2 de "American Gods". Veuillez donc passer votre chemin si vous n'êtes pas encore à jour. Pour les autres, rendez-vous après la bande-annonce.

    Le 18 juin 2017, la guerre entre anciens et nouveaux dieux était officiellement déclarée, avec fracas, dans le jardins de la demeure d'Ostara, à l'issue de la saison 1 d'American Gods qui a d'abord installé une ambiance riche en séquences visuelles fortes et proches de l'onirisme, avant de devenir plus narrative dans une seconde moitié qui nous a tranquillement menés vers le point de départ du conflit. Lequel ne démarre pas immédiatement puisque ce premier épisode de la saison 2, qui débarque presque deux ans après le pilote, avance doucement ses pions, comme pour mieux nous laisser le temps de nous mouiller la nuque avant de replonger dans le bain.

    "Vous verrez plus des personnages avec lesquels vous n'aviez pas passé beaucoup de temps dans la saison 1", nous avait annoncé Orlando Jones au Comic-Con de Paris, en octobre dernier. Et il ne faut pas longtemps à ce season premiere pour le prouver, puisque celui-ci s'ouvre sur M. Monde (Crispin Glover), leader des nouveaux dieux et personnification de la globalisation, qui n'apparaissait réellement que dans deux des épisodes précédents, étant seulement crédité dans les autres. Mais c'est avec lui que tout recommence lorsque, après avoir tué un golfeur qui ne demandait rien d'un coup de limousine, il investit son nouveau QG de Black Briar. Un lieu absent du roman de Neil Gaiman dont s'inspire le show, mais l'ajout fait sens dans le monde actuel et son goût pour les complots, puisque c'est dans ce bunker que le personnage révèle être au coeur de toutes les opérations secrètes menées par le gouvernement américain depuis plusieurs décennies.

    Roswell, c'était en effet lui. Tout comme l'Opération Paperclip (engagement des meilleurs scientifiques de l'Allemagne nazie par les États-Unis pendant la Guerre Froide), évoquée à deux reprises : dans un dialogue puis à travers le trombone ("paperclip" en anglais) que M. Monde donne à son bras droit le Technicien (Bruce Langley), toujours aussi instable et déjanté, et à qui il ordonne de contacter Média pour rallier leur cause. Une déesse dont le champ d'intervention est assez clair au vu de son nom, et qui devrait revenir dans l'épisode 3. Plus sous les traits de Gillian Anderson, qui avait annoncé très tôt son envie de quitter le navire, mais de Kahyun Kim. Ce qui ne devrait pas poser de problème, en matière de justification scénaristique, puisque le personnage se démarquait par sa capacité à changer d'apparence, en s'inspirant aussi bien de Marilyn Monroe et David Bowie que de Lucille Ball.

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    Se déroulant en parallèle de l'intrigue principale (sauf à la fin), cette partie est de loin la plus intrigante de l'épisode. Car à côté, nous retrouvons Shadow Moon (Ricky Whittle) et M. Voyageur (Ian McShane), accompagnés par Laura Moon (Emily Browning) et Mad Sweeney (Pablo Schreiber) et en route à travers les États-Unis, direction une mystérieuse Maison sur le Rocher, dont l'évocation et l'histoire donnent à la série l'oppportunité d'effleurer quelques-uns des mythes de l'Amérique contemporaine, comme un avant-goût de ce à quoi nous pourrions avoir droit par la suite. Mais aujourd'hui, l'heure est à la réunion d'anciennes divinités. Car le quatuor est rejoint par M. Nancy (Orlando Jones), Jinn (Mousa Kraish) et Salim (Omid Abtahi) qui ne veut pas le quitter, Zorya (Cloris Leachman), Czernobog (Peter Stormare) ou Mama-ji (Sakina Jaffrey). Sans oublier Bilquis (Yetide Badaki), dont l'aptitude à avaler un humain avec son sexe semble toujours intacte, comme le suggère une scène.

    Celle-ci concentre d'ailleurs l'une des limites de l'épisode, à savoir que tous ceux qui ne se sont pas remis à jour risquent de manquer quelques allusions. Fort heureusement, les références ne sont pas trop nombreuses : il y a bien la mention de cette partie de dames perdue par Czernobog contre Shadow Moon et qui empêche le premier de tuer le second, mais l'enjeu principal se trouve du côté de Voyageur. Car celui-ci doit convaincre les anciens dieux qu'il a rassemblés du bien-fondé de la guerre qu'il veut mener contre les nouveaux, le temps d'une séquence où la série renoue, enfin, avec la puissance visuelle qui a fait son charme, lorsqu'un tour de manège à grande vitesse prend des allures psychédéliques pour le héros, qui se retrouve sur une île viking (en réalité l'esprit d'Odin) et voit les divinités sous leur véritable apparence. Présente dans le livre, contrairement au Black Briar, cette séquence constitue l'un des rares points forts de ce season premiere qui, sans être ennuyeux, peine côté rythme.

    Mais il y a peut-être de quoi être optimiste, car la série passe la seconde dans les dernières minutes. Réunis dans un motel pour festoyer ensemble, alors que peu ont été convaincus par le plan de Voyageur, les anciens dieux sont attaqués par l'un des sbire de M. Monde (soit M. Ville, à qui il donne un ordre par message, soit l'un des bras armés de ce dernier) : un sniper qui tire à vue au son de "Everybody Walkin' This Land" de Paul Cauthen, et fait plusieurs victimes. Dont Zorya, déclanchant au passage la colère de Czernobog, qui maudit celui qui apparaît donc comme le grand méchant de cette saison 2. Et remporte la première manche, avec ce meurtre mais aussi l'enlèvement, dans un halo de lumière digne de X-Files, de Shadow Moon, sans doute le "colis" que M. Ville avait été chargé de récupérer.

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    Pour connaître la suite, il faudra patienter jusqu'au 18 mars. Mais deux informations se dégagent déjà de cette fin d'épisode : Laura Moon aura sans doute un grand rôle à jouer dans l'élimination de M. Monde, puisque Czernobog précise bien, au moment de le maudire, que "Tu ne mourras même pas pendant une bataille. Aucun guerrier ne goûtera ton sang. Aucun être vivant ne prendra ta vie." Revenue d'entre les morts, dans la saison 1, l'épouse de Shadow est actuellement celle qui correspond le plus à la description. Surtout si son mari est entre les mains du méchant. Ensuite, nous avons déjà droit à une trahison, dans la mesure où Bilquis, dans un désir d'évoluer, se tourne vers les nouveaux dieux, en les aidant à organiser le guet-apens final dont elle réchappe grâce à ce message lui indiquant que son "chauffeur est en route" visible sur son portable alors qu'elle s'approche de Laura. Mais on sent quand même un peu de réticence dans son nouveau camp, qui la laisse surtout faire car il faut qu'elle "sente la complicité."

    Reste maintenant à savoir qui était la fameuse "cible" dont M. Monde a ordonné la mort, pour prouver que, même s'il fait partie des nouveaux dieux, "les anciennes méthodes sont les meilleures." M. Voyageur, le leader de ses ennemis ? Ou Zorya, histoire d'envoyer un message ? Et quelle sera la riposte dans anciens ? Il faut en tout cas espérer que la guerre soit bel et bien lancée et que le rythme s'accélère, dans la lignée de la fin de cet épisode, un peu déçevant au regard de l'attente entre les deux saisons. "Si on obéit aux panneaux, on ne se fend jamais la gueule", dit Nancy à Shadow, au moment de l'inciter à enfreindre les règles et monter sur le manège qui l'emmènera dans l'esprit d'Odin. Or, la série peine à mettre ce conseil en application, avec un season premiere trop sage : narrativement (sauf dans sa conclusion) comme visuellement.

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    Si les coulisses ont été marquées par des remous, ceux-ci ne se font sentir que dans la deuxième séquence, où nous retrouvons les héros loin de la demeure d'Ostara où s'était achevée la saison précédente, pour masquer le fait que Gillian Anderson et Kristin Chenoweth ont quitté le show et que nous ne sommes pas prêts de revoir leurs personnages respectifs (ou alors sous une autre forme, comme dans le cas de Média). Il faudra ensuite voir si les changements de showrunner et les différends créatifs qui en sont à l'origine transparaissent à l'écran. Mais en attendant, la plus grosse déception de cet épisode provient de sa forme : là où la saison 1 parvenait à nous marquer et se démarquer des autres avec son univers, la 2 paraît plus timide à ce niveau, malgré quelques moments où l'on retrouve un peu l'ADN d'American Gods.

    Faut-il y avoir la conséquence du départ de Bryan Fuller, ex-showrunner qui, de Pushing Daisies à Hannibal, avait développé un style identifiable d'une série à l'autre ? Il y a de fortes chances, surtout que son abandon est notamment lié à des restrictions de budget réduisant, du même coup, les possibilités visuelles. Et on peut d'ores et déjà redouter qu'American Gods ne rejoigne les séries mentionnées plus haut, annulées avant d'avoir pu exploiter leurs potentiels respectifs à fond. Tout dépend de la direction qu'emprunteront les prochains épisodes : si nous restons dans la lignée des premières minutes de celui-ci, les désertions risquent d'être nombreuses et l'annulation à prévoir ; mais si la suite s'appuie sur les quelques moments réussis et intrigants, et la fusillade de la fin, tout en parvenant à faire honneur au best-seller de Neil Gaiman, alors nous pourrons envisager de re-prendre rendez-vous pour une saison 3.

    En attendant, la saison 2 se poursuit le 18 mars en France. Et nous devrions rencontrer M. Ville :

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