Mon compte
    Nightmare Alley : Guillermo del Toro et le film noir en 10 références
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Avec "Nightmare Alley", Guillermo del Toro abandonne la fantastique et signe un pur film noir. Et il est revenu sur dix de ses influences auprès de Collider.

    The Walt Disney Pictures

    Quatre ans après les Oscars du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur reçus pour La Forme de l'eauGuillermo del Toro est de retour sur grand écran. Et il y a du changement dans son cinéma. Car Nightmare Alley est un pur film noir, dénué de tout élément surnaturel, ce qui est une grande première pour le cinéaste mexicain.

    Nightmare Alley
    Nightmare Alley
    Sortie : 19 janvier 2022 | 2h 31min
    De Guillermo del Toro
    Avec Bradley Cooper, Cate Blanchett, Toni Collette
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    3,8
    Voir sur Disney+

    Certes, le fait que la première moitié du récit se déroule dans une fête foraine au milieu de monstres de foire lui permet de rester dans des eaux familières et de créer une ambiance à la lisière du fantastique. Mais tout change ensuite lorsque le charismatique Stanton Carlisle (Bradley Cooper) quitte sa famille d'adoption pour intégrer l'élite new-yorkaise des années 40, et tenter d'escroquer un homme riche.

    Avec ce polar également emmené par Cate BlanchettRooney Mara et Willem Dafoe, Guillermo del Toro s'appuie sur d'autres références et rend hommage à l'un des genres majeurs de l'âge d'or hollywoodien. Au micro de Collider, il revient sur dix longs métrages qui l'ont inspiré lorsqu'il s'est agi de donner naissance à Nightmare Alley.

    GUILLERMO DEL TORO ET LE FILM NOIR EN 10 RÉFÉRENCES

    CRIME PASSIONNEL (1945)

    De quoi ça parle ? - Lorsqu'il arrive dans la petite ville de Walton, Eric Stanton est sans le sou. Il rencontre Stella, une serveuse de café à la beauté obsédante. Tout en s'éprenant de celle-ci, Eric séduit June Ellis que tout oppose à la première. Un mariage arrangé pourrait le sortir d'affaire mais Stella est retrouvée morte... L'avis de Guillermo del Toro - "[Le film] a été réalisé par Otto Preminger après Laura. Je l'aime tellement que j'y fait indirectement référence dans Nightmare Alley, quand le personnage joué par Richard Jenkins parle du fait qu'Alice Faye s'est lassée et a tout laissé tomber une bonne fois pour toutes. Car c'est vraiment le film qui l'a décidée à quitter l'industrie." "[Crime passionnel] et Nightmare Alley ont beaucoup de connexions indirectes. Le prénom du personnage principal est Stanton [nom de famille de celui joué par Dana Andrews en 1945, ndlr]. Et il y a un élément de la voyante de la fête foraine qui ressemble à John Carradine."

    NIAGARA (1953)

    De quoi ça parle ? - Ray et Polly Cutler sont en séjour à Niagara Falls. Ils font la connaissance de George et Rose Loomis, un couple au bord de la rupture. Rose annonce la disparition de son mari aux Cutler et a la désagréable surprise de reconnaître à la morgue le cadavre de son amant... L'avis de Guillermo del Toro - "L'un des plus beaux films à regarder. La couleur est stupéfiante. Une partie très importante de la genèse de Marilyn Monroe. Il joue avec le désir et la question du rôle des genres, dans une histoire incroyablement étrange et psychosexuelle. [Niagara] ferait un parfait double-programme avec Sueurs froides."

    LES BAS-FONDS NEW-YORKAIS (1961)

    De quoi ça parle ? - Un perceur de coffres-forts qui a assisté dans son enfance au meurtre de son père, trouve l'occasion de le venger. L'avis de Guillermo del Toro - "Un film noir vraiment implacable signé Samuel Fuller. Très énergique. Il est question d'un garçon obsédé par l'idée d'écrire sur son passé et de la figure paternelle menaçante qui plane sur lui. La plupart des personnages de films noirs, quand ils sont confrontés à des obstacles incroyables, parient sur un camp ou un autre. Qu'ils aient raison ou tort, ils y vont à fond. Et il y a ce côté sans concession ici."

    L'ULTIME RAZZIA (1956)

    De quoi ça parle ? - Une bande de gangsters organisent le hold-up de la caisse des paris lors d'une course de chevaux... L'avis de Guillermo del Toro - "L'un des chefs-d'oeuvre de Stanley Kubrick. Parfois dans un film noir, vous avez une scène dans laquelle l'argent, qui est devenu une icône, perd de sa signification. Et la mère de tous ces sentiments néolistiques, c'est L'Ultime razziaSterling Hayden est parfait dans la peau de ce dur à cuire complètement hardcore du début à la fin. Sa dernière réplique dans le film est fantastique."

    DÉTOUR (1945)

    De quoi ça parle ? - Un pianiste de bar va, malgré lui, prendre l'identité d'un automobiliste qui l'a pris en stop mais qui est mort subitement. L'automobiliste en question est l'héritier d'un millionnaire mourant et que sa famille n'a pas revu depuis des années... L'avis de Guillermo del Toro - "Edgar G. Ulmer était un réalisateur très rapide, parfait pour une économie de films de série B. Il y a une scène[de Détour]  avec Tom Neal dans laquelle il commet un homicide involontaire avec un fil de téléphone. Et j'y fais écho dans une scène [de Nightmare Alley] entre Lilith et Stan. C'est une petite citation. Ce qui compte c'est à quel point c'est implacable."

    LA TIGRESSE (1949)

    De quoi ça parle ? - Suite à un coup du sort, une femme tombe sur une valise contenant 60 000 $. Elle est bien décidée à conserver l'argent, même si cela doit impliquer un meurtre... L'avis de Guillermo del Toro - "Pour moi, c'est le meilleur film de Lizabeth Scott, le meilleur rôle qu'elle ait eu. [Elle joue] une femme qui est tellement fatiguée de son rôle de femme au foyer obéissante dans la société que lorsqu'elle découvre une échappatoire sous la forme d'un sac plein d'argent, elle devient un personnage bien plus dur que tous les hommes du film." "Aucun autre homme ne peut l'arrêter ni se montrer plus malin ou faire jeu égal avec elle. C'est un personnage fascinant, incroyablement puissant. C'est réalisé par Byron Haskin, dont les fans de science-fiction se rappelleront grâce à La Guerre des mondes, mais qui est un metteur en scène incroyablement efficace."

    NÉ POUR TUER (1947)

    De quoi ça parle ? - Helen Brent quitte l'hôtel dans lequel elle séjournait peu après que les lieux aient été le théâtre d'un mystérieux double homicide. Dans son train la ramenant vers sa famille et son mari, elle fait la connaissance d'un inconnu étrange et agressif. Pourtant, la jeune femme tombe sous son charme et décide de le revoir. Celui-ci finit même par rencontrer sa famille. L'homme parvient à séduire la demi-soeur d'Helen... L'avis de Guillermo del Toro - "Né pour tuer de Robert Wise est un film qui n'est pas célébré mais que je trouve fantastique. Le film possède quelques-uns des meurtres les plus stupéfiants et violents vus à l'époque. Ou pour n'importe quelle époque. Lawrence Tierney fait partie de ces personnages capables d'incarner la cruauté absolue. Et Claire Trevor joue son égale." "J'ai demandé à Bradley Cooper et Cate Blanchett de les regarder et de regarder leur manière d'interagir, pour la façon dont leurs deux personnages devaient être sur un pied d'égalité lorsqu'ils se rencontrent. Les deux personnages de Né pour tuer sont des bêtes qui se déchaînent en présence de l'autre. Ce que je trouve également fascinant dans ce film, c'est que Claire Trevor incarne une femme bien placée dans la société. C'est ce qui rend les choses intéressantes."

    LA RONDE DU CRIME (1958)

    De quoi ça parle ? - Pour un tueur professionnel et son associé, tous les moyens sont bons pour retrouver des sachets d’héroïne cachés sur trois innocents passagers d'un avion. L'avis de Guillermo del Toro - "Un film de Don Siegel qui, aujourd'hui encore, est implacable et absolument brutal. Les personnages qui ne devraient pas être tués le sont sans la moindre pitié. Eli Wallach est incroyable. Féroce, sans loyauté et capable de dérailler à tout instant. [La Ronde du crime] se déroule à San Francisco et en fait le portrait de façon unique, pleine de menaces." "De la même manière que Sueurs froides la montrait de façon romantique et gothique, cette version [de San Francisco] est sale, sauvage et dépouillée. Et la poursuite finale est fantastique."

    TRAFIC EN HAUTE MER (1950)

    De quoi ça parle ? - Le vertueux capitaine d'un bateau est confronté à des problèmes financiers qui le font plonger dans activités illégales afin de maintenir les paiements de son navire. L'avis de Guillermo del Toro - "John Garfield apporte un côté brut et réaliste à ce rôle. Il joue un homme déchiré entre ce qu'il doit faire et ne pas faire, entre ce qu'il a et ce qu'il pourrait avoir. Des conflits essentiels dans le film noir. Et sur lesquels Nightmare Alley repose beaucoup. [Trafic en haute mer] est réalisé par le grand Michael Curtiz [auteur de Casablanca, ndlr], mais tiré du roman "En avoir ou pas" d'Ernest Hemingway."

    POURSUITES DANS LA NUIT (1956)

    De quoi ça parle ? - James et Gurston s'en vont à la chasse mais ils tombent sur deux bandits qui réussissent à les berner. Ils tuent Gurston avec le fusil de James qui, lui, réussit à s'enfuir. Problème, les deux malfrats sont toujours à ses trousses et la police se lance également à sa recherche car elle le croit coupable du meurtre de son ami... L'avis de Guillermo del Toro - "Un grand film de Jacques Tourneur. Celui-ci a révolutionné l'horreur en la rendant élégante et pleine de menaces. Il a travaillé sur les ombres de façon magnifique. Mais le principal intérêt de ce film réside dans sa recherche du dialogue. Il possède des dialogues durs et crus qui font authentiques, et sont magnifiquement dits." "Vous pouvez y voir Anne Bancroft dans l'un de ses premiers rôles, et un très bon. C'est basé sur un roman de David Goodis, à qui l'on doit le scénario des Passagers de la nuit avec Humphrey Bogart. C'est un auteur de pulp très intéressant, avec une très bonne oreille pour les dialogues, et beaucoup d'empathie pour les outsiders et les marginaux, ce qui était très important pour moi sur Nightmare Alley." "Nous avions des personnages qui vivent en marge de la société, qui parviennent à s'intégrer, ou non, dans la brutalité urbaine de Buffalo quand ils quittent la fête foraine."

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top