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    Incendies
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    Sebmagic
    Sebmagic

    156 abonnés 1 126 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 avril 2023
    Ma grosse claque du moment. Je n'imaginais pas que ce film me passionnerait à ce point. L'intérêt principal réside dans le déroulement des explications pour le spectateur et les protagonistes. Le dénouement est une merveille d'écriture, le scénario est effectivement très bien pensé et très perturbant. Même si ce n'est pas un film précurseur concernant ce genre de retournements de situations, Incendies va bien plus loin que la plupart de ses prédécesseurs avec un final impossible à anticiper. Les acteurs sont parfaits d'un bout à l'autre et le mystère est gardé intact jusqu'à la fin émouvante.

    https://www.sebmagic.com/
    Joe D.
    Joe D.

    47 abonnés 45 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 octobre 2014
    Pas revu depuis sa sortie en 2011, Incendies premier film réalisé par l'excellent réalisateur canadien Denis Villeneuve (Prisoners, Enemy) ne m'avait pas trop marqué à l'époque, mais la sensibilité et l'appréciation des goûts changent, en bien heureusement. Villeneuve s'est inspiré pour la réalisation de son premier film à la pièce de thèatre Incendies de Wadji Mouawad, qui fût elle-même inspirée de la vie de Souha Bechara. Ce film nous dépeint une histoire extrèmement tragique. Celle de Simon et Jeanne Marwan, jumeaux, dont la mère Nawal Marwan, vient juste de décéder, et a demandé au notaire pour lequel elle a travaillé comme secrétaire pendant 18 ans, de confier une mission à ses 2 enfants en guise d'héritage. Simon doit trouver leur frère, dont il ne connaissait même pas l'existence, et sa soeur Jeanne, elle doit retrouver son père censé être mort il y a au moins une dizaine d'années, mais qui n'est qu'un mensonge, car la vérité était trop lourde à porter. Nawal, en effet, à travers la quête post mortem de ses jumeaux, cherche l'expiation de l'honneur qu'elle a bafoué au sein de sa famille chrétienne, d'origine, dont elle sera exclue après l'accouchement de son premier enfant, avec un partisan musulman, donc ennemi de la famille et de leurs valeurs, dans cette contrée qui fut en proie aux révoltes, et aux combats religieux, que fût le Moyen-Orient. Simon et Jeanne vont devoir remonter jusqu'à leur origine pour connaître la tragique vérité. Villeneuve filme des plans larges d'une grande efficacité, impose un réalisme subjugant, exploitant les magnifiques décors du territoire, avec une magnifique photographie, dépeignant, par stade de flashback la vraie vie de Nawal Marwan, qui tentera tout pour retrouver son premier fils, né d'un amour interdit, et nommé Nihad "de Mai" (date à laquelle il est inscrit sur le registre de l'orphelinat de Daresh, Cette mise en scène entre période de flashback, et en parallèle avancement de la quête de Jeanne, puis celle de Simon à découvrir la vérité, maintient complètement le spectateur en haleine. Le réalisme traduit sur le visage de nos 2 jeunes acteurs jouant les jumeaux, est d'une grande efficacité tant il nous fait prendre conscience qu'ils ne savent pas jusqu'où tout ceci, va les emmener et qui était vraiment leur mère et qu'a t elle vécue. spoiler: Mais au fond "Un plus un, ça peut-tu faire un" ?
    La rage, et la colère traduite par les scènes de piscine (d'abord apaisante, tranchant complètement avec la guerre dépeinte durant le périple de Nawal) est exceptionnelle tant elle dévoile toute la rage (la course en nage papillon, volonté de se défouler), mais aussi la tragédie révélée aux différents niveaux lorsque les vérités et révélation sont établies que ce soit pour les jumeaux, ou pour leur mère. C'est une parabole justement qui contraste magnifiquement avec le titre 'incendies" et l'affiche d'un autobus en feu. La subtilité de Villeneuve à nous dépeindre cette histoire, telle une tragédie grecque spoiler: (viol incestueux)
    par le cheminement de sa mise en scène est époustoufflante, et l'on ne peux rester stoïque face aux révélations, qui sonnent comme un glas de compréhension mais surtout de liberté pour Simon, Jeanne et la défunte Nawal, face à toute cette vie c(g)achée par, pour Nawal et, la récompense est le pardon par ses 2 jumeaux respectifs, et son fils Nihad "de mai". La vérité est faîte, le fil de la haine est coupée. Exceptionnel et sublime. Décidemment Denis Villeneuve, et David Fincher me confortent dans l'idée que ce sont tous les 2 à leur manière, de grands réalisateurs.
    Kiwi98
    Kiwi98

    242 abonnés 238 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 avril 2014
    Denis Villeneuve est certainement le cinéaste à suivre en ce moment, acclamé en Octobre dernier pour Prisoners et encore chargé de nombreux projets alléchants à faire aboutir le réalisateur Québécois peut déjà être considéré comme l'avenir du 7ème Art, la maitrise qu'il exerce sur Incendies en dit long. Dès son premier film on sent déjà le prodige arriver, avec une imagerie magnifique et une créativité folle dans la mise en scène Incendies est déjà un coup de maitre. Le film se déroule à partir de flashback entre la quête d'une femme et de son frères pour retrouver leur père et un frère dont il ignoraient l'existence et l'histoire de leur mère plusieurs années plutôt au même endroit, au fil de nombreuses révélations ils vont apprendre à découvrir qui était vraiment leur mère et se découvrir. Ce pitch parait déjà vu mais Villeneuve y ajoute sa sauce, le résultat est un film bouleversant et terrifiant de vérités, en apportant une vive critique de la société, de la religion extrême et surtout sur la politique Incendies se révèle comme étant une claque magistrale. Le film bénéficie également d'une écriture sublime, les personnages sont quasi fascinant entre autre la mère bouleversante en plus d'une interprétation sublime de la part de l'actrice belge Lubna Azabal, ce personnage bouleversé par le traumatisme demeure fascinant à suivre. Incendies bénéficie également d'une force émotionnelle rarement vue. Haletant, émouvant, bouleversant sont les trois mots pour décrire cette claque magistrale. Du grand art !
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 12 août 2013
    Quel chef-d'oeuvre... Un film immense, terrible, passionant et qui nous boulverse. Un film pas comme les autres et qui va rester longtemps dans les memoires. Grand film à voir absolument.
    Arlette et les mécanos
    Arlette et les mécanos

    58 abonnés 549 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 21 juillet 2012
    Véritable chef d'oeuvre. Intense, émouvant désarçonnant. Le spectateur n'a pas un moment de répit.Une histoire grave racontée de façon toitalement originale. Le cinéaste nous mène à chaque fois là où on s'y attend le moins. On cherche, on s'interroge sans pour autant se torturer l'esprit, juste de quoi intégrer l'histoire et faire corps avec elle. C'est d'une telle virtuosité ! Le parcours et la souffrance d'une femme pendant la guerre, sans doute celle du Liban et parallellement, de nos jours,le parcours initiatique de sa fille qui va tenter de découvrir d'où elle vient et qui était précisément sa mère. Des images chocs, une histoire à fleur de peau. Du grand grand art.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 008 abonnés 4 091 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 septembre 2015
    Le cinéma est réellement sur la voie de l'internationalisation. Ce film canadien aurait en effet tout aussi bien pu être réalisé par une des jeunes pousses d'un des cinémas du Moyen Orient.. Il est l'émanation d'un réalisateur canadien qui œuvre aussi à l'écriture pour cette dénonciation spectaculaire de la guerre et de son aspect le plus horrible, la torture. Le ton est immédiatement donné quand Villeneuve nous immerge dans un camp d'entraînement où des enfants de 8 à 15 ans sont conditionnés pour devenir de futures armes de guerre au service de causes dont plus personne ne comprend bien pourquoi elles ne trouvent pas d'issue par la voie diplomatique à force d'avoir trop duré et brisé de vies . On ne le sait pas encore mais le metteur en scène nous donne une bonne partie de la clef de son film dès ces premières images. Nawal exilée au Canada vient de mourir et on retrouve son fils et sa fille en face du notaire chez qui elle travaillait pour la lecture de ses dernières volontés. Cette scène rend clairement hommage au film de Clint Eastwood "Sur la route Madison", mais le secret laissé par la défunte sera beaucoup plus lourd à assumer. C'est à la recherche de son père et de son frère que Jeanne part seule dans ce pays indéfini du Moyen Orient. Sous la forme d'une enquête passionnante on découvre avec Jeanne le destin tragique de cette femme qui a subi tout à la fois la condition faite aux femmes et les horreurs de la guerre. Jeanne est une chercheuse en mathématiques qui a l'habitude d'envisager les choses de manière rationnelle, elle va découvrir que l'homme quand il est en proie à la sauvagerie est capable de mettre à bas toutes les constructions intellectuelles qu'elle a apprises puis enseignées à l'université. Deux faces sans doute opposées mais qui peuvent se rejoindre quand la science se met au service des généraux. La chute finale, de construction purement artificielle quoique matériellement possible n'a d'autre but que de montrer qu'à son paroxysme et pourvu que le sort s'en mêle un peu, les pires situations peuvent être provoquées par la fureur des hommes. L'histoire est complexe et souvent douloureuse mais la fluidité du scénario et le jeu très habité de Lubna Azabal nous emporte jusqu'au bout de ce cauchemar sans que l'on ait vu passer les 2 heures du film. Le regard que porte les yeux noir de Nawal sur ce qu'elle découvre au cours de cette guerre hantera longtemps les mémoires. "Incendies" peut et doit sans doute provoquer pour les jeunes d'aujourd'hui le même choc que des films comme "Midnight Express", "Vol au dessus d'un nid de coucou" ou " Le choix de Sophie" en leur temps.
    maximemaxf
    maximemaxf

    324 abonnés 260 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 septembre 2015
    Ah ben putain, si je m'attendais à quelque chose d'aussi plombant et poignardant que ça ! "Incendies", adapté de la pièce de Wajdi Mouawad, est un titre métaphorique qui explique non seulement la photo du film, mais elle définit aussi la haine religieuse entre chrétiens et musulmans sur la terre palestinienne dont traite ce film : la haine se transmet parce qu'on la répand sans cesse et tant qu'on ne sera pas capable de s'en défaire on ne sortira pas de ce cercle vicieux.
    C'est l'histoire d'une mère palestinienne qui a vécu la guerre et de nombreux tourments cachant une triste vérité, Nawal Marwan qui a rendu son dernier souffle en début du film et dont l'histoire est aussi incroyable que traumatisant. Denis Villeneuve sait filmer et maîtrise bien le plateau et sa caméra pour filmer chaque scène importante de ce film, et il arrive ici à mettre en avant chacun des personnages les plus importants : Jeanne qui cherche à lever le voile sur le passé de sa mère pour retrouver son père et son frère, Simon qui refuse de se soumettre aux désirs de sa mère distante mais qui finira par céder en raison de la détermination de sa soeur, Nawal Marwen brisée par ses traumatismes et qui tente de survivre malgré tout, ou encore Jean Label le notaire joué de main de maître par Remy Girard qui considère Jeanne et Simon comme ses propres enfants et qui était proche de Nawal avant qu'elle ne s'éteigne, les acteurs sont tous justes et très correct dans leurs rôles, surtout Lubna Azabal et Mélissa Désormeaux-Poulin qui étaient très touchantes.
    Mais avant d'aller plus loin, je tiens à dire que je ne peux pas poursuivre cette critique sans être subjectif quand au thème traité, je n'ais rien contre la religion on est tous libre de croire en un dieu ou pas, mais les guerres entre extrémismes religieux sont d'une bêtise éternelle et à bannir quelque soit sa forme, "Incendies" nous confronte à ça et plusieurs scènes sont vraiment pénibles et atroces car c'est très réaliste et on est à moins d'un pas de la réalité des conflits entre les croyants prônant leur religion et leur politique pour justifier leur haine envers autrui ce qui absolument révoltant, mais je ne dirais rien quant à ce qu'on peut voir dans ce film, ce film doit être découvert sans savoir à quoi s'attendre.
    On suit la vie de Nawal sur sa terre natale, ses mésaventures et surtout l'enfer qu'elle a traversé plus d'une fois, le film critique avec une grande justesse l’extrémisme religieux et la société dans lequel Villeneuve apporte sa touche personnelle, le tout se termine sur une scène bouleversante et un message d'amour adressée à Jeanne et Simon. Comme quoi regarder un film dont on ignore tout a son lot de surprise, même si ce film connait quelques lenteurs et une petite incohérence au niveau de l'âge des personnages à certains passages du film au niveau de la narration.
    Ewen Blake
    Ewen Blake

    133 abonnés 1 166 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 1 novembre 2013
    Une œuvre puissante et poignante au scénario brillant. Incendies fait partie de ses films qui restent longtemps en mémoire. L'intrigue principale se situe au Liban qu'il décrit avec une valeur quasi journalistique. Les thèmes abordés nous font réfléchir sans que cela ne devienne jamais ennuyeux ou lourds. J'ai beaucoup aimé le jeu des acteurs, le choix de confier le rôle de leader au personnage féminin et la BO. Le rôle titre de Radiohead notamment, retranscrit parfaitement l'émotion qui étreint les personnages et spectateurs après les scènes les plus déchirantes : entre lenteur, mélancolie, beauté et surtout une tristesse sans nom. Une scène : 1 + 1.
    chrischambers86
    chrischambers86

    11 968 abonnés 12 157 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 avril 2012
    Une claque qui ne manque pas de puissance et d'èmotion! C'est avec une grande vraisemblance et un souci de virtuositè quasi permanent dans la mise en scène que Denis Villeneuve s'attache à raconter ce film dur et poignant, tirè de la magnifique adaptation de la pièce de Wajdi Mouawad! Le rèalisateur quèbècois nous entraîne sans mènagements durant deux bonnes heures dans une vèritable tragèdie et ne nèglige pas pour autant son aspect familial où l'on plonge progressivement dans ce passè de bruit et de fureur! Dèconcertante de naturel, d'èmotion et de volontè, Lubna Azabal livre une prestation saisissante en donnant le meilleur d'elle même! S'il y avait une seule bonne raison de voir "Incendies", ce serait pour apprècier son interprètation! Alternant entre le prèsent et des flash-back racontant un destin dèchirant, Villeneuve signe une oeuvre riche et complexe, dont certaines scènes prennent franchement aux tripes comme cette terrible scène du bus! C'est donc à ne manquer sous aucun prètexte car c'est un film qui ne laisse aucun rèpit au spectateur, qui en ressort abasourdi et lessivè! De plus, la B.O est excellente et sans sentimentalitè excessive! Nommè aux Oscars et aux Cèsars dans la catègorie meilleur film ètranger, c'est assurèment l'une des bonnes surprises de l’annèe 2011...
    septembergirl
    septembergirl

    563 abonnés 1 069 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 21 octobre 2012
    Un film dramatique à l’idée intéressante mais mal exploitée. Même s’il y a un beau travail au niveau du son et des décors, la mise en scène est souvent maladroite et manque de nervosité. L’ensemble est confu et inégal, il y a des invraisemblances, certains dialogues paraissent lourds, et les longueurs du film desservent l'émotion qui aurait pu s'en dégager. Seule, la conclusion plutôt brillante, quoique douteuse, reste à retenir.
     Kurosawa
    Kurosawa

    513 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 2 juillet 2015
    Il fallait bien du courage à Denis Villeneuve pour adapter la pièce de Wajdi Mouawad "Incendies". L'adaptation est risquée et le résultat est imparfait. Villeneuve aura réussi à élaborer une construction scénaristique lisible, loin de l'entremêlement vertigineux entre passé et présent chez Mouawad. Ainsi, le film se suit sans réel ennui, avec une nette compréhension des enjeux de cette histoire, dont la réflexion sur le besoin de connaître à tout prix ses origines est passionnante. Mais là où le film pose problème, c'est du point de vue de sa mise en scène, trop maîtrisée pour un sujet qui méritait plus de fébrilité afin d'émouvoir le spectateur. Si la double révélation de l'intrigue était déchirante chez Mouawad (bien que limite moralement parlant), elle laisse de marbre chez Villeneuve, car mal amenée et surlignée. Le cinéaste québécois manque son final car il décide de se démarquer de la pièce en ne procédant pas par associations d'idées, parti pris qui pourtant s'imposait. Le film manque enfin d'incarnation concernant l'interprétation, pas assez poignante (Lubna Azabal et Mélissa Désormeaux-Poulin atteignent une intensité épisodique, Maxim Gaudette est transparent), loin de la violence et du dynamisme qui ressortait des personnages de Mouawab. Quelques beaux moments de cinéma (la scène du bus est très forte) inscrits dans un film originalement construit mais trop inégal pour pleinement convaincre.
    Kloden
    Kloden

    113 abonnés 997 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 mars 2015
    Attention, cette critique spoile aussi lourdement qu'Incendies m'a marqué. Fatalement, ce mélodrame politique vient se ranger dans la catégorie des films dont je ne peux savoir avec certitude si je ne les apprécie pas moyennement pour de mauvaises raisons. Peut-être, en définitive, suis-je en train de confondre mon désamour pour le film avec ma mise en retrait volontaire de ce qu'il peut montrer d'horrible. Car la fusion entre fond et forme, bien qu'indirectement observable, me semble in fine être la principale caractéristique d'un film qui s'échine constamment à flouter les limites pour s'empêcher de les franchir. Concrètement, cette histoire, adaptée par le très bon Denis Villeneuve d'une pièce du dramaturge Wadji Mouawad (québécois d'origine libanaise) est complètement horrible. On y sent parfaitement des influences théâtrales, dans l'emphase incontrôlée de ce scénario, mais la force d'Incendies, c'est de ne jamais embrasser ses possibilités de renouer avec la tragédie antique dans sa grandiloquence métaphorique. Qu'on me comprenne bien ; une tragédie classique peut-être grandiose, inspirante à souhait. Mais jamais, ô grand jamais, aussi dérangeante. Car comme je l'ai dit, Villeneuve brouille complètement les limites, en refusant le pathos, les appuis dramatiques trop marqués, et tout ce qui aurait pu faire d'Incendies un drame bouleversant au sens conventionnel du terme. L'essence de ce film, il faut plutôt la chercher dans une opacité qu'il cultive à merveille, ne se livrant jamais sur ses intentions, sur un quelconque message (autre que celui sur la brutalité de la guerre, qui est d'autant plus marquant que Villeneuve le laisse s'écrire de lui-même, sans l'appuyer outre mesure). Non, Incendies n'a à mon avis pas pour but de faire pleurer dans les chaumières, de bouleverser au point de cultiver des valeurs morales chez son spectateur, de condamner sans ambages telles ou telles pratiques barbares. C'est un film qui devient monstrueux, parce qu'il refuse toute complaisance ou presque, sur un sujet qui force le spectateur à en réclamer. Le personnage de la mère notamment, que l'on suit d'abord avec empathie, finit par se perdre dans ses contradictions, générant un malaise comme rarement on sait le préserver au cinéma. Le meilleur marqueur de ce sillon brumeux et quasi-angoissant que Villeneuve emprunte, en défrichant complètement une manière neuve d'aborder le drame, c'est sa gestion narrative, qui alterne des passages du présent aux côtés des deux enfants dans leur quête identitaire et ceux aux côtés de leur mère, plongée dans la barbarie qui les aura vu naître. Qu'en dire, de ce mode narratif ? Qu'il est là simplement pour éviter trop de linéarité au récit ? Certes il y contribue, mais Villeneuve va bien plus loin, ou du moins s'il ne le souhaitait pas, son film finit par le faire. Pourtant, s'il aurait pu jouer de ces deux temporalités adjacentes pour créer des effets à suspense, Incendies s'y refuse. On a constamment ce temps d'avance sur les deux enfants, comme si le film refusait de jouer sur la surprise, comme s'il fourbissait d'autres armes bien plus puissantes encore. C'est ce que j'ai vraiment ressenti, ce climat de menace permanent venu de cette narration qui se sert si peu de ses moments glauques comme d'éléments propres à étonner ou dégoûter, comme si se cachait derrière cette barbarie devenue presque ordinaire quelque chose de bien plus terrible encore. Mais le fait de découvrir son vécu avant ses propres enfants semble aussi signifier combien la monstruosité de ce qu'a vécu leur mère peut générer de traumatisme, et être un choc nettement supérieur à leur simple ressenti lorsqu'ils apprennent eux-mêmes les événements. Et combien également, ils sont comme nous les jouets d'un destin que même le spectateur, qui en sait plus qu'eux, ne peut ne serait-ce qu'entrevoir. Cette gestion du récit est sidérante, et l'empreinte qu'elle m'a laissé est considérable. Le mieux, c'est que quand les rôles finissent par s'inverser, et qu'on découvre en même temps que les enfants le fin mot de l'histoire avant que tout ne soit confirmé par des flash-backs aux côtés de la mère, Incendies ne perd pas une miette de sa force, déjà parce que l'image confirme que de simples lettres ne sont rien face à une réalité vécue, mais aussi justement parce qu'une sensation de renversement s'opère à travers ce récit remis à l'endroit, comme si un engrenage imparable s'apprêtait à tout broyer devant lui. Tout ce travail narratif permet finalement à l'intrigue des excès impensables, avec lesquels n'importe qui d'autre s’abîmerait dans le ridicule. Mais pas Denis Villeneuve. Son film s'est, à ce moment là, déjà trop éloigné de toute démarche misérabiliste, moraliste ou prosaïquement dramatique pour qu'on puisse lui porter les griefs ordinaires. Il a accédé à un registre jamais vu, qui me dépasse tout autant que peuvent le faire les sentiments de la mère à l'égard de son fils, qui l'a violé et tourmenté pour devenir le père de ses deux autres enfants, et qu'elle aimera pourtant plus que tout. Des sentiments que je ne suis pas sûr de vouloir applaudir, et que le film ne peut pas réellement mettre en scène (qui peut concevoir quelque chose de si contradictoire sans avoir vécu ce qui l'a créé ?) mais il arrive à en faire ressentir la présence, notamment par les zones d'ombres qu'il laisse pour ses personnages. Cette mise en abyme est sidérante, et d'ailleurs appuyée par les réflexions que vient de lui-même susciter le parcours des enfants. Certes, ils ont appris dans cette dernière lettre l'atrocité de ce qu'a fait leur père, mais qui d'autre que nous, spectateur, a vu ce type tuer de sang-froid des enfants, le plus gratuitement du Monde. Quelque part et comme le film s'est si longtemps plu à nous le rappeler, on ne ressent rien réellement si on ne l'a pas vécu, et toute l'horreur de son scénario, j'ai l'impression qu'Incendies nous la réserve à nous. Voilà vraiment ce qui me traumatise, cette sensation qu'en définitive, ce film où je ne peux même plus m'accrocher à l'idéal du pardon, puisqu'il est motivé par des actes si horribles que je ne suis même pas sûr qu'il faille vraiment l'accorder, a dévoilé de long en large les atrocités de son scénario, mais qu'il n'a rien recollé, et décrit avec une puissance absolument inouïe le déchirement atroce que peut exercer sans limite la folie de l'être humain.
    traversay1
    traversay1

    3 096 abonnés 4 624 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 janvier 2011
    A la fin de la projection d'Incendies, il est tentant de se demander à quoi donc peut ressembler la pièce de Wajdi Mouawad dont le scénario du film de Denis Villeneuve est tiré ? Et de penser qu'il doit s'agir d'un véritable chef d'oeuvre, sans doute plus complexe et prenant que ne peut l'être son adaptation, puisque privé d'images et nécessairement porteur d'une force évocatrice inimaginable, à travers ses seuls mots. A l'écran, qu'on se rassure, Incendies ne ressemble pas à du théâtre filmé, loin de là. Ses faiblesses, relatives, viennent d'une surexposition narrative, d'un excès occasionnel d'images trop léchées, portées par la musique de Radiohead. L'impression générale ne pâtit pas des quelques réserves que l'on peut exprimer et il est difficile de ne pas être impressionné par la maîtrise totale de Denis Villeneuve de son récit, ou plutôt de ses récits. Deux couches d'époques se superposent, l'une contemporaine, à la recherche de la vérité pour un fils et une fille sur une mère au passé inconnu ; l'autre sur cette femme, bien des années plus tôt, alors qu'elle était en première ligne dans la guerre civile qui embrasait un pays du Moyen-Orient. La construction du film est diabolique, alternant les deux périodes, et donnant toujours un temps d'avance au spectateur sur les "enquêteurs". Il y a un léger déséquilibre entre les deux parties qui finissent pourtant par s'imbriquer à la perfection jusqu'à la dernière révélation (oui, le film est aussi un thriller). Incendies, au-delà d'être une oeuvre sur la recherche de ses racines, est aussi, et peut-être avant tout, un film sur le Liban, même s'il n'est jamais nommé. Sur son histoire tragique, ses blessures indélébiles, la souffrance d'un pays où un peuple s'entretue avec une rage infinie. Loué soit Denis Villeneuve qui, à de rares scènes près, fuit le lyrisme dramatique et le pathos indécent. Et grâce soit rendue à Lubna Azabal, l'interprète de cette femme qui représente à elle seule toutes les contradictions et la cruauté d'un pays déchiré. Son jeu, intense et sur le fil des émotions, est proprement époustouflant.
    Alain D.
    Alain D.

    493 abonnés 3 204 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 15 mai 2015
    Après l'excellent "Prisoners", "Incendies" est ma seconde approche de Denis Villeneuve. Encore un film avec une maitrise technique parfaite, à juste titre récompensée par l'Oscar 2011 et un César en 2012. Les scènes reconstituant la guerre civile et le climat de l'époque au Moyen-Orient sont très belles, dures et émouvantes avec des images crues et parfois violentes.
    Le jeu des actrices est d'une authenticité rare : Lubna Azabal dans le rôle de Nawal, la mère de Jeanne jouée par Mélissa Désormeaux-Poulin. La BOF est très riche avec la musique envoutante du compositeur français Grégoire Hetzel et l'insertion sublime, de " You And Who's Army ?" de Radiohead, en générique de début.

    Jeanne et Simon Marwan sont deux jumeaux vivant au Canada. Ils reçoivent un héritage peu commun de leur mère : Une lettre pour Jeanne lui demandant de retrouver son père, une autre lettre pour Simon lui demandant de retrouver son frère. Frère dont ils ignoraient tous deux l'existence. Jeanne part au moyen orient pour accomplir sa mission. Elle va enquêter sur la vie de sa mère durant les conflits entre les milices musulmanes et les milices chrétiennes au Moyen-Orient.

    Un scénario incroyable de Denis Villeneuve qui cependant traine un peu en longueur dans la première moitié du film.
    reymi586
    reymi586

    402 abonnés 2 444 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 16 juin 2017
    Un film incroyable du réalisateur canadien Denis Villeneuve, le scénario est excellent et c'est merveilleusement réalisé. Cette histoire m'a vraiment pris aux tripes du début jusqu'à ce dénouement, des plus éprouvants. Un film à ne surtout pas louper.
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