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    La Loi du marché
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    benoitG80
    benoitG80

    3 314 abonnés 1 464 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 29 mai 2015
    "La Loi du Marché" sonne éminemment juste en étant le reflet précis et plus qu'exact, de situations dramatiques bien trop souvent vécues de loin ou de près par beaucoup, écrasés et terrassés par "La Loi de l'Argent" !
    Tous les thèmes abordés convergent ainsi vers le même constat, celui d'un monde insensible, cruel et impitoyable !
    Et curieusement, bien que d'excellents moments, des entretiens au pôle emploi jusqu'aux visites avec la conseillère bancaire, soient criants de vérité, ce quasi-documentaire de Stéphane Brizé manque malgré tout de nerf, de force...
    Ce traitement presque chirurgical privilégié par le réalisateur a bien sûr tout son intérêt par l'aspect glacé, implacable de faits connus qui ont le grand mérite d'être portés à l'écran, mais en même temps cette triste histoire de tout un chacun répétée à l'infini, aurait gagné à être littéralement englobée dans son vrai contexte, celui d'une époque féroce où ne comptent que la rentabilité et l'argent...
    Jamais en effet, il ne nous est rappelé tous ces profits, toutes ces richesses que les PDG et actionnaires engrangent sans vergogne, pendant que d'autres trinquent pour des broutilles de bon de réduction, de misérables et indispensables steaks volés pour pouvoir survivre...
    Certes Stéphane Brizé dénonce et a tout à fait raison de le faire, mais il y avait tant à mettre en opposition à cette misère, pour rendre ce mal qui ronge notre société encore bien plus ignoble et terrible !
    Ici, on assiste au parcours d'un homme usé, fatigué, très bien interprété par Vincent Lindon mais trop formaté pour ce genre de prestation, dont la famille est à mon avis sacrifiée dans le film...
    Même si on assiste à quelques instants de son intimité difficile par certaines scènes très explicites, on aimerait voir cette épouse jouer son véritable rôle, avoir une vraie présence, afin de rendre le quotidien de cette famille encore mieux rendu, et ses membres encore plus touchants.
    Il manque sans doute toute la tension et l'émotion qui font la différence entre une fiction et un documentaire, où les cris de joie ou de colère, l'encouragement et la déception auraient donné de la puissance et de la crédibilité à ces individus humiliés, broyés et réduits à néant...
    Stéphane Brizé nous montre ainsi rien de bien nouveau que l'on ne sache déjà, comme si lui-même découvrait une dure réalité insoupçonnée de sa personne, mais malgré tout il faut reconnaître qu'il vise extrêmement juste quand il s'agit de l'attitude intéressée de la banque en fonction de la position de son client, de l'hypocrisie des formations ou de l'ambiance délétère d'un supermarché qui espionne ses employés et ses clients, jusqu'au jugement des résultats insuffisants d'un jeune handicapé qui se bat de toutes ses forces pour réussir !!!
    Donc beaucoup de constats terribles en soi, très bien montrés assurément, mais sur un mode trop détaché, trop distant, trop coupé du contexte général pour que ce film prenne vie et nous secoue vraiment comme on l'espérait !
    Sans rien en dire, la fin semble décevante quant au choix que fait Thierry par rapport à son travail de surveillant, alors qu'elle aurait pourtant mérité un vrai positionnement, une attitude vraiment constructive de sa part, et donner ainsi un espoir de lutte enfin attendu...
    Il y a encore tant à faire dans notre monde !!!
    Au final, un film social intéressant sans aucun doute, mais terriblement englué dans une forme très maîtrisée et trop mesurée.
    Un parti pris qui se défend peut-être, mais discutable quant à l'impact trop limité à mon avis.
    Dénoncer, constater, nous ouvrir les yeux, absolument, mais aussi se battre et aller de l'avant, ce sont aussi les buts essentiels du cinéma !
    velocio
    velocio

    1 164 abonnés 3 025 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 mai 2015
    "La loi du marché", le dernier film de Stéphane Brizé, fait partie de ces films âpres, de ces films qui ne font rien pour se faire aimer, mais qui laissent une trace indélébile au fond de la mémoire. En effet, ce film, présent cette année dans la compétition cannoise, nous met en contact, de façon quasi documentaire, avec une France épuisée, avec une part importante de ses habitants qui n'en peut plus, qui n'arrive plus à joindre les 2 bouts, qui sombre, noyée qu'elle est par le chômage, par l'importance qu'a prise l'économie par rapport à l'humain. Thierry est chômeur depuis de nombreux mois. Les stages que lui propose Pôle emploi ne débouchent sur rien, il ne souhaite plus continuer la lutte avec les anciens collègues contre ceux qui ont les ont mis au chômage alors que leur boite faisait des bénéfices. Thierry est marié, lui et sa femme ont un fils handicapé qui travaille plutôt bien au lycée et qui souhaite intégrer un IUT. Un beau jour, Thierry trouve un emploi de vigile dans un super-marché et il va devoir fliquer en position de force des vieux sans ressource contraints de chaparder un ou deux steaks pour pouvoir manger ou des collègues caissières gardant pour elles des bons de réduction. Pour Thierry et sa femme, la distraction préférée, la seule peut-être, semble être l'apprentissage de la danse rock'n'roll. Le film est une succession de petites scènes criantes de vérité et c'est sans transition qu'on passe de l'une à l'autre : l'entretien pôle emploi, l'entretien d'embauche via Skype, les visites chez la banquière, la réunion avec les anciens collègues, la vente du Mobile home, le cours de danse, les interrogatoires des "fautifs" au supermarché, etc. Vincent Lindon est bluffant dans le rôle de Thierry, aussi vrai que ceux qui jouent autour de lui et qui, eux, sont vraiment vrais puisqu'ils jouent le plus souvent le rôle qu'ils tiennent vraiment dans la vie. Y compris Xavier Mathieu, l'ancien Conti, qui joue le plus combatif pour attaquer les anciens employeurs. Petit à petit, on ne peut que se laisser gagner par ce film qui donne envie de crier et peut-être, espérons le, de se battre. Un petit clin d'oeil au rayon musique : lorsque Thierry et sa femme montrent à leur fils leur progrès en danse rock'n'roll, ils le font sur le morceau le plus court ayant atteint la place de n°1 au Billboard américain : "Stay", par Maurice Williams & The Zodiacs, 1960, 1 minute et 38 secondes.
    chrischambers86
    chrischambers86

    11 968 abonnés 12 157 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 mars 2019
    Regarder ce film superbe de Stèphane Brizè revient à prendre le pouls du monde du travail du moment! Pour un C.D.I ou pour un emploi, est-ce qu'il faut tout accepter ? En fait, c'est un film qui place un individu et qui le suit sans le lâcher, à l'intèrieur d'un système qui veut le mettre à genou! Sur un sujet social (un quinquagènaire perd son boulot à cause d'une dèlocalisation), Brizè et son scènariste Olivier Gorce ont rèussi bien plus qu'un long-mètrage! ils ont èvitè et le clichè et la simple description! Sans pour autant typer leur hèros et encore moins l'èlever au rang de symbole, ils ont su lui donner une vèritè! Aucun sentimentalisme, mais beaucoup de vraie sensibilitè! Dans les meilleurs moments, on retiendra la sèquence d'ouverture à Pôle-emploi ou celle du mobil-home! Le rèalisateur s'attarde longtemps, presque la moitiè du film, sur l'humiliation lièe au chômage! En fait, Brizè montre la rèalitè de l'homme qui attend le travail en subissant un certain nombre de situations vexantes pour qu'au moment où il trouve le boulot en question, on sait qu'il est absolument prisonnier de cette situation! Et quand ce travail le met face à un dilemme moral, on sait qu'il n'a absolument pas le choix parce qu'on a ètè au contact de la vraie difficultè qu'il avait à trouver un boulot! Filmè au plus près et souvent en plan-sèquence, Vincent Lindon est vraiment exceptionnel et le spectateur finit progressivement et rèellement par s'attacher à son personnage! Un personnage loyal et rassurant, mais aussi courageux et diablement sexy dans sa posture, dans sa façon d'encaisser, de prendre sur lui et de montrer en même temps que ça va pèter à un moment ou un autre! Rarement Prix d'interprètation masculine au Festival de Canes aura ètè aussi beau et aussi justifiè! Longtemps, on se souviendra de son discours formidable lorsque Michelle Rodriguez lui a remis le prix lors de la clôture de la 68e èdition du Festival de Cannes! En une poignèe de minutes, Lindon nous assaille d'èmotions! Tout simplement parce qu'il a dèdiè son Prix à tous ces gens qui ne sont pas toujours considèrès à la hauteur de ce qu'ils mèritent et qui sont les citoyens, un peu laissès-pour-compte! A signaler ègalement une interprètation solide dans les seconds rôles, d'où èmergent plusieurs acteurs non-professionnels! Pour le reste que dire de plus, si ce n'est que "La loi du marchè" est un très grand film proche du documentaire, qu'on ressent physiquement, comme son hèros Thierry, ècoeurè par sa fonction d'agent de sècuritè dans un supermarchè! Quant à l' unique scène apaisante d'un Lindon qui apprend à danser sur du Goldman, elle est remarquable de simplicitè...
    tony-76
    tony-76

    1 012 abonnés 1 410 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 3 octobre 2015
    Présenté en Compétition au Festival de Cannes 2015, La Loi du marché s'avère un récit d'un réalisme saisissant. Filmé comme un documentaire, le réalisateur nous projette dans la société actuelle : la recherche d'un emploi, le chômage, la crise... Mais également, la violence des rapports humains dans le monde du travail. On se concentre plus, sur la vie de Thierry. Après des mois de chômage, un homme de 50 ans, et père d'un garçon handicapé, retrouve un emploi d'agent de sécurité dans un supermarché. Et, c'est Vincent Lindon qui interprète cet homme fragile, courageux et sensible. La vie d'un homme de tous les jours qui a des problèmes au travail, c'est malheureusement la vérité et la réalité. Il est très juste dans sa performance ! Des plans maîtrisés avec une atmosphère assez prenante. Une mise en scène un peu poussive accompagnée de quelques longueurs mais cela n’empêche pas qu'on reste captivé jusqu'à la fin du dénouement. Il y a aussi beaucoup d'émotions au sein de cette production, assez puissantes. Donc, La Loi du marché est un film français social qui fait réfléchir sur certaines réflexions de la vie. A découvrir une fois, mais pas deux !
    montecristo59
    montecristo59

    33 abonnés 288 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 25 mai 2015
    Vincent Lindon s'enfonce vers l'épure absolue. Il a perdu toute nervosité apparente, ne gardant que son silence obstinément respectueux et l'affaissement de ses épaules, écrasées par la vie qui plombe. Il disparaît à force d'être taiseux mais crève l'écran de plus en plus, en toute humilité, en symbiose totale au milieu de ses comparses, tous acteurs non professionnels d'après ce que j'en sais, tous impressionnants de justesse. Du grand Lindon, vraiment.

    Dans ce film presque expérimental au budget visiblement étique, il incarne le jour le jour d'un quinqua cherchant comme il peut à rester debout, à échapper au rouleau compresseur de l'argent-roi. Au gré de ses galères de chômeur, coincé entre le béton et le bitume dont il ne sort que pour essayer de vendre son mobil-home, ballotté de l'agence pôle-emploi de sa banlieue au bureau de sa banquière bornée, il entame sa nouvelle vie de vigile au Cora du coin. Nous on le regarde se débattre, atterrés. On se demande quand il va craquer, le temps passe sans qu'il se passe grand-chose derrière l'implacable caméra souvent tressautante. On est saisi par l'acuité du regard de ce cinéaste-vérité et c'est presque trop pour qu'on y croie : chômage, épouse transparente, fils handicapé, petit boulot de flicage sous-qualifié pour garder la tête hors de l'eau, la machine infernale du capitalisme dernier cri va finir par l'avoir, c'est ce qu'on se dit. Mais on reste sur sa faim, parce qu'on ne sait pas ce que sa sortie de route finale, discrète et si digne, lui vaudra comme galère supplémentaire. Pour ce qui concerne ses proches, et notamment sa femme, on reste sur sa faim de même, et c'est dommage. On aurait quand même aimé entrer dans ce personnage important pour lui, la connaître mieux. Elle le côtoie mais, taciturne autant que lui, elle est inexistante, tout repose sur lui sans qu'ils se disent quoi que ce soit et le film n'en est que plus effrayant : on se demande combien de temps ce monde si silencieusement brutal, où il tente de rester humain, va tenir. C'est la vraie vie d'un tas de vrais gens que nous conte ce cinoche, pas des contes de fées, pour sûr. Mais à défaut d'humour, on aimerait quelques sourires, un peu d'espoir, des respirations. C'est du bon cinéma, mais... trop c'est trop, et c'est ce qui me retient, à chaud, de mettre quatre étoiles à ce bon film.
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 146 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 1 juin 2015
    Ah c’est donc comme ça qu’on est sélectionné à Cannes ? Il suffit juste d’être pote avec Vincent Lindon ? Intéressant. Moi qui étais persuadé que cela nécessitait une certaine sensibilité dans la mise en scène, un talent particulier dans la narration, une créativité dans l’histoire racontée… Mais bon, visiblement non. Me voilà rassuré. En fait, à bien regarder cette « loi du marché », la recette a l’air assez simple et à la portée de tous. Il suffit juste de faire du misérabilisme social. Parce que là on a vraiment les ingrédients les plus basiques et ça à l’air d’avoir plutôt bien marché : un chômeur dans la dèche, un conseiller pôle emploi incompétent, un ancien patron voyou, un enfant handicapé, une banquière insensible, des concitoyens qui cherchent à exploiter la misère du héros… A première vue aussi, aucune compétence technique n’est requise non plus. Pas vraiment de montage, tout est tourné en plan séquence. Pas de réflexion sur le cadrage non plus, puisqu’il suffit vraisemblablement de faire de la caméra au poing en permanence sans se soucier de savoir si on coupe des visages ou bien si on fait du hors-champs en permanence. Pas de travail sur le son non plus : tout est en prise de son directe et on ne semble pas se soucier de la réverb et de tous ces non-réglages qui rendent parfois les dialogues pénibles à suivre. Au contraire, j’ai même l’impression qu’il faut afficher de manière ostensible qu’on fait quelque-chose de crade, même si, pour le coup, ça rend la chose encore moins regardable. Si c’est ostensible, alors on se dira visiblement que c’est fait exprès, et si c’est fait exprès, alors c’est que c’est une démarche artistique, une volonté de s’émanciper de l’artifice pour filmer du vrai… Bon et puis après, ça n’a pas l’air compliqué de boucler l’heure et demie de film. Pas d’exigence d’intrigue. La situation n’évolue jamais. On est juste dans de l’illustration de misère du début jusqu’à la fin. Il suffit juste de trouver une bonne douzaine de situations. Après tout, si c’est trop court, on fait tout simplement tourner les dialogues en boucle. Là encore, il suffira juste de dire que c’est pour faire plus vrai pour que ça passe. De toute façon avec Vincent Lindon – ce mec est tellement convaincu par tout ce qu’il fait – que ça passera forcément… Eh bien mazette : belle leçon de cinéma à la française en tout cas ! Me voilà plus instruit. Maintenant ce n’est pas tout ça, mais aussi instructive fut-elle, cette leçon fut quand même bien chiante. J’ai quand même bien le droit à mon petit moment de détente : le moment est venu d’aller lire les critiques presse. Parce que – eh oh ! – ce n’est parce qu’on va voir du cinéma social qu’on n’a plus le droit de bien rire dans la vraie vie, non ?...
    islander29
    islander29

    758 abonnés 2 274 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 juin 2015
    franchement, Vincent Lindon, meilleur acteur au festival de Cannes, je le lui aurait donné certes mais il y a quelques années et pas pour ce film....
    Pour en revenir au film, il m'a fait penser par son incision et sa clarté au Ressources humaines de Laurent Cantet (déjà un vieux film)....Evidemment il n'a rien à voir car ici le monde est devenu noir et sans illusions alors que Cantet avait l'impression qu'une certaine clarté éclairait son combat.....Le film fait un peu peur au début, on a l'impression qu'on va aller de bureau en bureau '(banque, pole emploi, etc.....) histoire d'emprunts, de crédits, de paperasses.....Et puis miracle, Vincent Lindon, trouve un petit boulot (vigile dans un supermarché) et là l'hameçon accroche.....Série de témoignages, misère sociale, le film ose, montre et démontre, d'où une fin magnifique (le seul moment illustré de musique) qui préserve la dignité humaine dans ce chaos.....Le film est un magnifique témoignage d'époque, sobre et efficace qui devrait être vu par le plus grand nombre, histoire de se serrer les coudes dans ce beau pays......
    ogerardin
    ogerardin

    13 abonnés 176 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 juin 2015
    Un film criant de vérité, dénonçant les travers du chômage, de la rentabilité et de la dénonciation , le prix à payer pour garder son boulot. Les scènes sont passées au peigne fin, fouillées, décryptées. La caméra balaie le jeu de chaque acteur. Peu ou pas de musique rendant l'atmosphère encore plus pesante sur ce chômeur.
    titicaca120
    titicaca120

    348 abonnés 2 179 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 juin 2015
    un Vincent Lindon magistral qui nous entraine dans les méandres de la vie quotidienne
    des petites gens, les laisser pour compte ceux qui sont obligés de "voler" un steak pour
    survivre ou des points sur une carte de grande enseigne.
    un prix d'interprétation à Cannes largement mérité.
    elbandito
    elbandito

    315 abonnés 945 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 26 juillet 2015
    Vincent Lindon prête son humilité et son animalité naturelles à ce chômeur qui refuse de sombrer dans la déprime, combat pour garder sa dignité et assurer l'avenir de sa famille. Le réalisateur Stéphane Brizé suit de très près l’immense acteur, qui est de tous les plans, et entouré d’acteurs non-professionnels. Cette œuvre bouleversante, proche du documentaire, demande patience et courage au spectateur pour s'immerger dans la réalité de cette histoire. La loi du marché est donc un film âpre, puissant, et surtout nécessaire en ces temps de crise, salué unanimement par la Critique, mais pas forcément à la portée de tous. Vincent Lindon est enfin récompensé justement pour son travail.
    cylon86
    cylon86

    2 256 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 22 mai 2015
    Thierry, au chômage depuis plusieurs mois, parvient enfin à trouver un emploi avec des semaines et des semaines de galère, à enchaîner les formations inutiles à Pôle Emploi et les rendez-vous avec sa banque. Le voilà donc travaillant à la sécurité d'un supermarché, obligé de surveiller les caissières et leurs moindres fautes pour donner au patron de bonnes raisons de les virer. Avec "La loi du marché", Stéphane Brizé fait dans le film social pur et dur, confrontant son personnage à une société se fermant de plus en plus à l'humain. En quelques scènes (notamment celle d'un atelier à Pôle Emploi, horrible de réalisme), le ton est donné. Thierry, incarné par un Vincent Lindon aussi charismatique que subtil, encaisse tout sans rien dire. C'est pourtant un homme fort, ne se plaignant et ne s'énervant jamais, faisant face mais ne se résignant jamais. Grâce à la longueur des plans et à certaines scènes, le réalisateur frappe rapidement dans le mille mais il arrive que l'ennui vienne pointer le bout de son nez, faute d'un fil narratif très fort. Et pourtant "La loi du marché" est un film qui arrive à émouvoir par sa simplicité et par la façon dont il parle d'une réalité sociale concernant tout le monde. Pas divertissant pour un sou mais nécessaire.
    vincenzobino
    vincenzobino

    95 abonnés 390 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 16 juin 2015
    Voilà bien un film qui nous pousse a la réflexion: comment est-il possible, bien malgré nous et sans s'en rendre compte, de se retrouver des 2 côtés du monde professionnel : celui ou vous n'avez rien a vous reprocher et celui ou vous êtes coupable. Coupable de provoquer des situations vous étant personnellement arrivées de l'autre côté; coupable de faire votre job sans se douter des conséquences pour autrui; coupable, soudainement, de réaliser votre "délit humain".
    Je dois reconnaître que sur le moment, en quittant la salle, je ressentais un profond malaise sur certaines méthodes véridiques, mais plus d'une heure après, en me repassant plusieurs passages du supermarché, je me rends compte que cette loi du marché, implacable, nous concerne tous.
    Lindon est impeccable, de même que ses partenaires.
    Il y a tout de même un peu de douceur par 2 scènes très belles ou la musique joue un rôle important, mais ne pas vous attendre a une partie de plaisir. On est très proche d'un classique de Orwell par moments.
    A recommander vivement...
    alain-92
    alain-92

    305 abonnés 1 078 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 mai 2015
    Immersion totale pour Vincent Lindon, seul comédien professionnel, dans le quotidien d'hommes et de femmes en emplois précaires ou carrément sans travail. Filmé d'une façon quasi documentaire, l'ensemble est implacable, glaçant, et d'un réalisme frappant.

    Les longs plans séquences se succèdent et nous entraînent dans la spirale infernale des démarches à Pôle emploi. Pire encore, dans un entretien d'embauche via Skype, dans lequel les qualifications et l'expérience professionnelle ne comptent plus. Déshumanisation à tous les niveaux, y compris pour des caissières d'une grande surface, épiées en permanence par des caméras de surveillance. Chercher la faute à tout prix, sans accorder la plus petite circonstance atténuante. L'horreur, aussi, lors des entretiens avec la conseillère financière de la banque plus à l'aise pour vendre des "produits" que rester à l'écoute de son interlocuteur.

    Dépouillé à l'extrême, la réalisation de Stéphane Brizé est à la fois subtile et d'une incroyable réalité. Les silences sont oppressants. Certains mots adressés à ces êtres humains, résonnent d'une incroyable cruauté.

    Le réalisateur n'hésite pas d'appuyer son propos à l'extrême au risque d'écarter certains spectateurs par ce fait de société

    Vincent Lindon est remarquable de bout en bout. Entouré par beaucoup d'amour, seul point positif, son talent suffit à rendre ce film passionnant. D'un cours de danse à la vente d'un mobil-home ou déambulant dans les allées de la grande surface, sa volonté est inébranlable. Rester debout en dépit de tout.

    Un grand moment de cinéma qui secoue.
    Sally Ecran et toile
    Sally Ecran et toile

    56 abonnés 304 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 11 juillet 2015
    Lorsqu’on évoque le film « La loi du marché », on se doit de rappeler que Vincent Lindon a reçu le prix d’interprétation masculine à Cannes cette année et à raison ! Avec une telle carrière fructueuse derrière lui, on ne pouvait que reconnaître que ce prix était fait pour lui. L’émotion dont il a fait preuve lors de la cérémonie prouve que le jury ne s’est pas trompé sur le personnage et la fragilité de l’acteur qui, malgré des années de carrière, n’avait jamais été récompensé à sa juste valeur.
    La question que l’on peut se poser est : « Le rôle tenu par Vincent Lindon dans le long métrage de Stéphane Brizé est-il si remarquable ? » La réponse est sans conteste un grand « oui ! ». En effet, le jeu du comédien français est à souligner tant il est réaliste et troublant de vérité. Le quinquagénaire habite le personnage au point qu’on en oublie qui interprète le rôle. Ce n’est pas Vincent qui évolue sur notre écran, mais Thierry, ex-chômeur et père de famille modeste. Si le reste du casting, presque composé d’anonymes, est finalement secondaire, c’est sans doute pour mettre en exergue l’Homme à la moustache et sa (juste) vision de la vie.

    Coté réalisation, on doit admettre que le film peut paraître lent... mais pas long pour autant. Contradictoire ? Pas tant que cela. Si les scènes de vie quotidiennes peuvent donner une sensation de longueur, on se rappellera que notre vie de tous les jours peut être perçue de cette façon. On s’immerge réellement dans les problèmes de la société, de survie dans un quotidien de consommation et nous permet d'observer ce que l’on refuse peut-être de voir.

    Ce qui peut paraître dérangeant, c’est l'axe des prises de vue du réalisateur. En effet, nombreuses sont les scènes filmées de profil : un choix sans doute délibéré pour mieux inclure le spectateur dans les dialogues et échanges auquel assiste le personnage principal. Bien cela fonctionne les premières fois, la technique est peut-être un peu trop redondante pour être concluante.

    Si le film à tendance à humaniser les voleurs à l’étalage, il montre aussi combien les gardes des supermarchés sont finalement pris dans un engrenage de valeurs d’entreprise plus que de valeurs personnelles propres. Ils sont robotisés face au misérabilisme d’une partie de leur clientèle alors que leur situation familiale est parfois presqu’aussi difficile que celles des faiseurs de petits larcins. L’empathie a-t-elle sa place dans un travail aussi rigoureux ? Comment peut-on faire face à la réalité avec une certaine distance ? A travers ce film social bien réalisé, « La loi du marché » nous interroge et nous apporte quelques réponses, vraisemblables ou non. Un film d'actualité qui interpelle et qui offre un jeu sans fausse note et de qualité!
    Dandure
    Dandure

    151 abonnés 203 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 30 mai 2015
    Attention cet avis contient des spoilers tels que : spoiler: dura lex, sed lex (dure est la loi mais c'est la loi)

    D’où provient ce sentiment de malaise à la vision du film ? Évidemment un peu de cette loi du marché qui incite au « tous contre tous » au sein d'une même classe sociale, ici, celle du prolétariat (chômeurs et bas salaires). Mais pas que. Il surgit aussi du brouillage entre réalité et fiction. La caméra à l’épaule délivre en mode documentaire la vie, la vraie, par petites tranches, dans ses moments de flottement, quand la parole se fait hésitante, quand le texte ne semble pas écrit à l'avance. On simule l'émission Striptease et son art de la découpe. Pourtant le réalisateur trahit cette fausse neutralité. Il ajoute de la noirceur au monde du travail mais édulcore celui de la famille. Comme si la loi du marché ne s’immisçait pas jusque dans les cœurs. Là n'était pas le sujet. Il fallait juste démontrer la violence des échanges en milieu précaire. De ce point de vue, on rit parfois, souvent on enrage devant l'énormité kafkaïenne de certaines situations malheureusement vraisemblables. Le trouble atteint son paroxysme en la personne de Vincent Lindon. Lui qui incarne des valeurs de dignité à la ville comme à l'écran, se paye le luxe de rester droit dans ses bottes et de dire non, là où tous les autres s'avilissent dans la loi du marché. Lui seul est fort, eux sont faibles, lui seul a une parole, eux sont de mauvaise foi, lui seul est libre, eux sont soumis, lui est intègre, eux sont mesquins. Lui est acteur, eux sont parfois d'authentiques travailleurs. Lui est récompensé et palmé, eux sont vraiment au SMIC. Lui joue au pauvre, eux beaucoup moins. D'où la désagréable impression qu'avec ce dispositif « réaliste », les bourgeois de gauche, nostalgiques du mythe de la "belle" pauvreté des paysans et des ouvriers se servent de la misère d'autrui pour nous faire une leçon d'humanisme naïf. Moralité: faudrait pas prendre des vessies pour des lanternes, ni ces fictions pour des réalités.
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