Un sublime conte japonais moderne. Voilà, en quelques mots, comment ce film pourrait être résumé.
On suit l'histoire de Taki et Mitsuya, deux jeunes adolescents qui se retrouvent inexplicablement à échanger leurs corps. Ce qui donnera lieu à des scènes cocasses mais surtout à des scènes profondes remplie d'émotions. Nous sommes plongés sur fond d'affrontement entre Japon des traditions, de la campagne et Japon moderne, de la ville, et dans un contexte de pays meurtri de récentes catastrophes naturelles (tremblements de terre, nucléaire, tsunami...).
Le film, nous montre une peinture en mouvement, tant les personnages, décors, les mouvements de caméra, les effets de lumière, sont réussis. Il y a un vrai travail sur la lumière, le ciel bleu entre en interaction de manière très belle avec le vert des champs et le rose violet des nuages. Le film explore à la perfection le Sakuga, le fait d’animé toutes les séquences, d’animer le mouvement des feuilles dû au vent, le soleil qui tourne, les vêtements qui bouge ect, ce qui rend le tout plus dynamique et réaliste. Un procédé long et cher mais ce procédé est présent sur l’intégralité du film.
De plus, le doublage japonais n'est pas en reste, avec des acteurs qui donnent l'humanité aux personnages animés, en nous faisant vivre cette aventure adolescente atypique. L'auteur livre des moments de poésie, mettant en valeur les paysages campagnards et la vie grouillante urbaine, mais surtout le quotidien de deux lycéens qui s'éclaire par le prisme du fantastique via l'échange de leur corps. Néanmoins, je m'interroge encore sur l'idée de commencer le film
avec Taki qui se découvre dans le corps de Mitsuya alors qu'on ne verra pas du tout cette dite journée racontée par ses amis où elle était bizarre. Non pas que l'idée soit mauvaise mais on marque aucune rupture entre la scène où on voit Taki tripoter le corps de Mitsuya et la scène où Mitsuya prend son riz avec sa sœur et sa grand-mère pour nous montrer qu'il ne s'agit pas de la même journée.
On dirait presque que le film a sauté une séquence entière.
On prend donc plaisir à suivre les personnages qui n'ont pourtant pas d'évolution nécessaire dans leur vie, apprendre l'un de l'autre et vivre dans la peau de l'autre juste parce qu'ils avaient envie de s'évader un peu (enfin surtout dans le cas de Mitsuya). On ne pourra pas en dire autant des autres personnages. Certes beaucoup de personnages secondaires sont pour la plupart assez développés et ne sont pas des clichés type qu’on a l’habitude de voir dans la majorité des animés.
Cependant, si l'entourage de Mitsuya est sympathique à suivre, son père est un personnage beaucoup trop caricatural et trop survolé pour qu'on puisse comprendre l'ampleur de ses réactions et de sa relation avec ses filles. L'entourage de Taki est par-contre moins travaillé mais dispose d'assez de présence malgré ça.
On a droit à une dernière demi-heure vraiment prenante avec
le risque que la comète tuera tout le monde dans le village de Mitsuya et que cette apocalypse est sûre d'arriver. On sent toute l'ampleur que la catastrophe va avoir (car finalement, on la déjà subit quand Taki apprend la vérité
) et que le film gère très bien le temps et le montage pour resserrer le sort fatidique qui va se produire.
Cependant, la fin est quelque peu mal abordée sur le dénouement. Là le problème n'en est que plus gros dans un film d'1h46 où il avait pourtant tout bien géré avant les dix dernières minutes.
Après que l'on voit la comète réellement s'écraser sur le village, on suit Taki qui est revenu à sa vie quotidienne, sans qu'il ne souvienne clairement de ce qu'il s'est passé, bizarre mais bon.
Cette manière de placer la perte de mémoire un peu partout pour faire avancer l’histoire est un peu dommage, quoique parfois un peu mignonne. Bref, et là l'ambiance chute d'un seul coup.
On suit Taki se morfondre pendant un long moment avant qu'il ne croise deux fois Mitsuya et qu'il décide enfin de lui adresser la parole.
Le problème de cette séquence est qu'elle est inutilement étirée, alors qu’elle aurait gagnée en intensité si elle avait été plus courte.
En somme, un film que je conseille de voir par son réalisme, la beauté des décors et la surprenante histoire qui finalement en découle. Cette sensation plutôt féérique de l'œuvre qui nous pousse petit à petit a lâcher notre larme virile devant l'émotion qui en ressort.