Adam Mc Kay déjà géniteur du ludique et éducatif The Big Short, avait réussi le pari d’être instructif et divertissant à la fois pour nous expliquer la crise financière et trouver une narration légère et des dialogues précis mais compréhensibles sur un tel sujet. Il utilise à nouveau la même méthode et grammaire cinématographique pour mettre en scène Vice, biopic sur Dick Cheney.
Regard acide sur la politique US d’avant-scène comme de jardin, réflexion populaire sans être populiste sur les choix que font ces hommes que les voix (électorales) amènent au pouvoir, Vice est excellent en tout point et aurait probablement mérité l’Oscar du meilleur film 2018 au dépend du plaisant mais inoffensif Green Book. Force du fond, densité de la forme, tout est réuni pour mettre un peu plus à jour, ou tenter du moins de nous éclairer sur la vie de Dick Cheney, homme le plus puissant de la politique moderne américaine, agissant dans l’ombre de Bush.
Tout est détaillé dans un jeu de mise en scène qui mixe les genres et les temporalités, Vice fascine à chaque séquence, nous fait sourire une minute et nous effraie la suivante. Adam Mc Kay, dont la filmographie ne laissait pas penser un tel revirement artistique il y a encore deux films, parvient à se hisser le temps de deux long-métrages dans la filiation de certains films des années 70 dans ce qu’ils tentaient de dénoncer ; des films engagés.
En outre, Vice n’aurait pas cet impact sans la présence et l’interprétation de Christian Bale, monstre de jeu (Idem pour l’Oscar qui passe à côté cette année) qui donne vie à un Dick Cheney plus vraie que nature. Geste, mouvements, voix, on ressent l’homme à chaque plan, même lors de sa jeunesse l’interprétation proposée par Bale colle parfaitement au personnage. Et l’ensemble du casting brille aussi par son mimétisme Steve Carell, Amy Adams et Sam Rockwell sont tout simplement géniaux.
La puissance du film se joue également dans la participation maline du film à inviter le spectateur sur un créneau ludique, un jeu de réflexions personnelles, comme sur l’aspect informatif de la politique US en on et off, tout en ne délaissant l’aspect dramatique et émotionnel d’un biopic. Le film, engagé il l’est évidemment, et c’est d’ailleurs avec deux scènes, la fin du film et une séquence post-générique (une des plus maline de ces dernières années) que tout le génie de McKay explose en pleine face du spectateur pour mieux l’interroger sur ce qu’il est dans son jugement facile et sa place réelle de citoyens, américains ou non. requiemovies.over-blog.com/