Après des études secondaires au lycée Chaptal, Jean-Louis Barrault entre à l’Ecole de Théâtre Charles-Dullin. Réputé pour ses cours d’étude de pièces classiques, d'improvisation et de mime,
Charles Dullin l’engage dans sa troupe de 1933 à 1935. A la même époque Jean-Louis Barrault fait la rencontre du mime
Etienne Decroux, le jeune comédien se passionne immédiatement pour cette discipline. A l’âge de 25 ans il fait ses premiers pas au cinéma dans
Les Beaux jours de
Marc Allégret, avec lequel il tourne, dans la foulée,
Sous les yeux d'Occident aux côtés de
Pierre Fresnay et
Michel Simon. La même année il apparait dans
Jenny, le premier long métrage de
Marcel Carné, enchaîne avec
Un Grand amour de Beethoven d’
Abel Gance puis donne la réplique à sa future épouse
Madeleine Renaud dans
Hélène de
Jean Benoit-Levy. Les cinéastes semblent fascinés par cet homme au physique hors norme, bien éloigné des jeunes premiers. Il apparait donc en 1937 dans pas moins de six longs métrages. Il incarne un tueur de prostituées dans
Le Puritain de
Jeff Musso, un tueur de bouchers dans la comédie
Drôle de drame de
Marcel Carné, donne la réplique pour la première fois à
Arletty (les deux comédiens tourneront ensemble à 4 reprises) dans
Les Perles de la couronne de
Christian-Jaque et
Sacha Guitry et retrouve, pour la troisième, fois
Marc Allégret pour le drame
Orage.
En 1940, Jean-Louis Barrault devient le 408ème sociétaire de la Comédie Française et met en scène les pièces
Le Soulier de satin et
Phèdre. Alternant brillamment théâtre et cinéma le comédien apparaît, en 1941, dans le film de
Christian-Jaque,
La Symphonie fantastique, dans lequel il incarne le compositeur Hector Berlioz. L’année suivante il interprète un aveugle amoureux de
Michele Alfa dans
L' Ange de la nuit d’
André Berthomieu avant de prêter ses traits, en 1943, au mime Baptiste dans
Les Enfants du paradis de son ami
Marcel Carné. Le film doit, en grande partie, son origine à Jean-Louis Barrault, puisque c’est lors d'une réunion, à Nice en janvier 1943, que le comédien fait part à Marcel Carné et
Jacques Prévert de sa fascination pour le personnage historique du célèbre mime Jean-Gaspard Debureau. Marcel Carné et Jacques Prévert se mettent alors au travail afin de réaliser une adaptation romancée d'un moment précis de la vie du mime, mais devant l’ampleur de la tâche Marcel Carné suggère de
"conserver Debureau, mais en l'entourant de contemporains et d'êtres imaginaires". La trame des Enfants du Paradis, à la fois imaginaire et historique, était posée. Jean-Louis Barrault poursuit sur sa lancée avec les succès Le Cocu magnifique d’
Emile-Georges de Meyst et
D'homme à hommes de
Christian-Jaque où il incarne Henri Dunant, le fondateur de la Croix rouge.
En 1946, Jean-Louis Barrault démissionne de la Comédie Française et fonde, avec son épouse la comédienne
Madeleine Renaud, la Compagnie Renaud-Barrault, installée au Théâtre Marigny (jusqu’en 1954 où la compagnie s’installe dans le théâtre le Petit Marigny). Ils engagent, entre autres, Pierre Bertin, Georges Le Roy, Jean Desailly, Marie-Hélène Dasté, Pierre Renoir ou encore Simone Valère. En 1953, Jean-Louis Barrault créé avec André Frank la revue les Cahiers Renaud-Barrault et en 1958 il fonde avec Jean Mercure, André Barsacq et Raymond Rouleau le « Nouveau Cartel ». L’année suivante,
Andre Malraux, alors ministre d'État chargé des Affaires culturelles, le nomme directeur du Théâtre de l'Odéon (un poste qu’il gardera jusqu’en 1968). Vingt ans après avoir mis en scène une première représentation de la pièce de
Paul Claudel Le soulier de satin (d’une durée de 11 heures), il réitère au Théâtre de l'Odéon en 1963.
Durant ces années, Jean-Louis Barrault, très occupé par le théâtre, se fait plus rare au cinéma mais apparait tout de même dans
La Ronde de
Max Ophüls (1950), chez
Sacha Guitry pour
Si Versailles m'était conté... (1953), tient le rôle principal du
Testament du docteur Cordelier de
Jean Renoir (1959), donne la réplique à
Jean Marais et
Roger Hanin dans
Le Miracle des loups de
André Hunebelle (1961) et s'illustre au casting du
Le Jour le plus long (1962). En 1964, il joue aux côtés de
Bourvil et
Francis Blanche dans la comédie de
Jean-Pierre Mocky,
La Grande Frousse. Jean-Louis Barrault se consacre ensuite complétement au théâtre et réapparait sur grand écran en 1982 dans
La Nuit de Varennes d’
Ettore Scola où il incarne Restif de La Bretonne. Jean-Louis Barrault décède le 22 janvier 1994 à l'âge de 83 ans, quelques mois avant son épouse et partenaire
Madeleine Renaud, âgée de 94 ans.
Biographie rédigée par Laëtitia Forhan