Une comparaison de "Tokyo Vice" avec "Stupeur et Tremblement" n'est pas sans pertinence. Certes, dans l'oeuvre d'Amélie Nothomb, on ne se meut que dans le milieu de l'entreprise commerciale, et donc les enjeux sont bien moins dangereux que dans "Tokyo Vice". Dans l'intrigue de Jake Adelstein, on se meut dans des eaux très troubles et très périlleuses, celles des média, de la pègre, et des boîtes. Pourtant les deux œuvres traduisent très fidèlement les différences essentielles entre les occidentaux et les japonais. En revanche, si le film tiré du roman de Nothomb est très réussi , la série tirée du roman d'Adelstein est très décevante. Son intrigue, à la base, très longue et très complexe, est desservie dans son adaptation à l'écran, par une architecture narrative très mal fagotée. En effet, la série s'ouvre avec un enjeu essentiel du suspense : l'imminence de la sortie d'un bouquin explosif. Or ce rythme trépidant du tout début va peu à peu s'enliser. Car rien dans les épisodes de la saison 1 n'éclaire cet élément déclencheur du tout début : le bouquin. En fait, cet élément ne commencera à être traité qu'à partir de la saison 2. Très mauvais choix, qui casse totalement le suspense. Suspense d'autant plus saboté par le fait que l'équipe de producteurs et de réalisateurs, ont en outre, choisi de développer toutes les sous-intrigues, et ce, en même temps. Or là encore, aucune de ces sous intrigues n'est éclaircie à la fin de la série. On a donc entrouvert tous les tiroirs d'une armoire, en même temps, pendant huit épisodes, on a à peine vu ce que ces tiroirs contenaient, et puis, on a refermé l'armoire. La frustration est d'autant plus grande que le battage médiatique avant la sortie de la série était alléchant. N'arrive pas à la cheville de "Giri Haji", un vrai chef d'oeuvre.