Ted Post connaissait bien Clint Eastwood pour l'avoir dirigé dans la série "Rawhide" puis dans "Pendez-les haut et court" (1968), son premier western post-Leone. Après le renoncement de Don Siegel, peu satisfait de la première mouture du scénario de "Magnum Force" écrite par Terrence Malick, c'est donc à lui que l'acteur s'adresse pour ce deuxième épisode qui initialement n'était pas prévu, l'inspecteur Callahan jetant son insigne à la fin de "L'inspecteur Harry". Mais la charge critique très violente contre le film menée par Pauline Kael (célèbre critique du New Yorker) accusant Siegel et Eastwood de promouvoir le racisme et la violence policière, conduit Eastwood à vouloir remettre les choses à leur place avec "Magnum Force" qui présentera un portrait plus nuancé de Callahan. Le scénario écrit tout d'abord par John Milius puis par Michael Cimino prend le parti d'introduire dans l'intrigue une milice organisée par un lieutenant (Hal Holbrook) bien décidé à rendre justice selon ses propres règles bien sûr très expéditives. Ainsi les quatre jeunes recrues, tous as de la gâchette avec à leur tête John Davis (David Soul), font contrepoids aux méthodes de Callahan certes critiquables mais qui agit toujours alors que le criminel est en action ou menaçant pour autrui. Toujours dans la même optique d’humaniser l’image de l’inspecteur mutique et solitaire, une idylle est improvisée avec une jeune voisine de palier (Christine White) entreprenante. Tous ces ajouts modérateurs n’ont pas suffisamment convaincu la critique, laissant sur les épaules de Clint Eastwood sa veste de réactionnaire qui désormais, contrairement à John Wayne, pourrait même être vu comme ne voulant pas assumer ses opinions. Il faudra encore un peu de temps pour que la même critique grâce à trois films comme « Breezy « (1973), « Bronco Billy » (1980) ou « HonkyTonk Man » (1982) lui concède quelques valeurs humanistes, toutefois contestées à la moindre occasion et notamment en fin de carrière. Hormis les conflits sur le tournage entre Clint Eastwood, déjà sans sa peau de réalisateur, et Ted Post, reste un film policer très bien interprété et assez captivant malgré une intrigue un peu trop cousue de fil blanc et manichéenne. On notera la présence réjouissante de Felton Perry aux cotés de Clint Eastwood en équipier valeureux et efficace mais aussi celle de David Soul qui remarqué sur le film, deviendra peu de temps après Kenneth Hutchison dans la célèbre série « Sartsky et Hutch ». Enfin, on appréciera revenant comme un gimmick en début de film, l’intervention fortuite de Callahan dérangé alors qu’il déjeune tranquillement dans un snack par un fait divers qui l’oblige à sortir son fameux Magnum 44. Ici un avion de ligne pris en otage, donnant lieu à une intervention plutôt comique de Callahan, poussé par les terroristes à prendre les manettes d’un jet.