La bande-annonce donnait furieusement envie de voir cette série évoquant la vie de bureau dans une version dystopique, où la technologie permet de séparer mentalement la personne qui travaille, de la personne de tous les jours.
Si l’on pouvait s’attendre à ce que cette technologie soit utilisée pour des raisons de confidentialité, il n’en n’est rien.
C’est l’occasion de questionner le pouvoir absolu de la firme américaine, où les employés sont corvéables à merci, ne se souvenant pas de leur condition de travail, ni des mauvais traitements ou de la pression psychologique permanente.
Une des questions plus philosophique est qui sommes-nous? Qu’est-ce que l’identité propre? Est-ce que la personne au bureau est la même en dehors?
J’ai adoré le scénario, particulièrement bien écrit, qui en donnant à voir le quotidien ordinaire d’employés de bureau, questionne jusqu’où chacun est prêt à aller pour son employeur. Les relations entre les quelques employés vus dans cette saison, sont un écho avec leur personnalité profonde.
On découvre dans les épisodes, que la firme Lumon contrôle son personnel de manière orwellienne, avec des caméras partout, un suivi psychologique poussé, et toute une série de protocoles et démarches administratives absurdes pour rendre visite à un autre service, par exemple.
La famille du fondateur est même aller jusqu’à créer une pseudo-religion selon les dictons et préceptes énoncés par le créateur de la firme, comme si travailler pour cette compagnie donnait un sens profond à la vie de chaque employé.
Le téléspectateur reste bouche-bée devant l’incroyable manipulation des employés, les manigances, les secrets de la corporation sur le programme severance.
Un dialogue qui m’a marqué est quand Petey dit à Mark : « Tu pourrais tuer des gens du matin au soir, tu ne t’en souviendrais pas ».
Le casting est un des plus grandes réussites de cette série : on retrouve le toujours génial John Turturro, et dans des rôles plus secondaires, le sympathique Christopher Walken et la charmante Dichen Lachman (Dollhouse).
Adam Scott incarne avec justesse le rôle de Mark, employé de bureau passif, obéissant, servile, qui va commencer très doucement à se poser des questions et tenter de découvrir les secrets de son employeur.
Mention également à la formidable Britt Lower, qui incarne la seule employée qui résiste ouvertement à la firme, qui fait bouger les choses, et n’a littéralement peur de rien.
Patricia Arquette est parfaite de ce rôle de cadre supérieure, autoritaire, dominatrice, sans pitié, et qui a une obsession malsaine doublé d’une empathie maternelle envahissante pour le pauvre Mark.
J’ai trouvé la prestation de Tramell Tillman (Milchick) est bluffante, passant du gentil employé RH bienveillant et attentionné, à l’homme de main déterminé, coriace et particulièrement menaçant.
La saison se termine sur un cliffhanger, mais pouvait-il en être autrement, tant cette histoire hallucinante et parfaitement mise en scène, avec toutes ces intrigues, cet univers riche et intéressant, à tant de chose à nous offrir.
À découvrir absolument, me rappelant la série tout aussi originale et barrée Maniac (2018).