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    Décès de Bernard Giraudeau

    L'acteur et cinéaste Bernard Giraudeau est décédé ce matin dans un hôpital parisien des suites d'un cancer dont il souffrait depuis une dizaine d'années. Il était âgé de 63 ans.

    Souffrant d'un cancer depuis une dizaine d'années, Bernard Giraudeau s'est éteint à 63 ans ce samedi matin dans un hôpital de Paris. Né à La Rochelle le 18 juin 1947, ce comédien charismatique s'était illustré avec brio dans des rôles de séducteurs romantiques et virils (Et la tendresse ? Bordel !, 1978 ; Viens chez moi, j'habite chez une copine, 1981), d'aventuriers fougueux et risque-tout (Le Ruffian, 1983 ; Rue Barbare, id. ; Les Spécialistes, 1985), avant d'évoluer vers des personnages plus ambigus (Ridicule, 1995 ; Gouttes d'eau sur pierres brûlantes, 1999), voire antipathiques (Une affaire de goût, 1999 ; Ce jour-là, 2003).

    Joli coeur au charme ambigu...

    Fils de militaire, Bernard Giraudeau s'engage à 15 ans dans la Marine nationale. Bientôt titulaire d'un brevet de mécanicien, il enchaîne les petits boulots aux Halles ou dans une agence de publicité avant d'intégrer en 1970 le Conservatoire de Paris, où il obtient un premier prix de comédie classique et moderne en 1974. Sa première apparition au cinéma remonte à 1973, il joue alors le fils de Jean Gabin dans le poignant Deux hommes dans la ville de José Giovanni. On le retrouve également au casting de plusieurs comédies à succès, souvent dans des rôles de "jolis coeurs" (Et la tendresse ? Bordel !, 1978 ; La Boum, 1980 ; Viens chez moi, j'habite chez une copine, 1981). Mais notre bourlingueur aux yeux bleus s'emploie très vite à brouiller son image de séducteur en interprétant des personnages violents (Rue barbare, 1983) et machiavéliques (Le Grand pardon, 1981 ; L'Année des méduses, 1984).

    Acteur vedette d'un cinéma populaire musclé (Le Ruffian, 1983 ; Les Spécialistes, 1985 ; Les Longs manteaux, 1986), Bernard Giraudeau est également remarqué pour ses compositions dans des films moins évidents comme le polar crépusculaire Poussière d'ange (1987) - où il campe un flic alcoolique - et L'Homme voilé tourné au Liban en 1987 par Maroun Bagdadi. Encouragé par le réalisateur italien Ettore Scola, qui le dirigea en capitaine séducteur dans Passion d'amour (1980), Bernard Giraudeau passe derrière la caméra à la fin des années 80. Après La Face de l'ogre, un téléfilm dans lequel il met en scène celle qui est alors sa compagne, Anny Duperey, il tourne deux longs métrages qui témoignent de son goût pour le voyage et l'aventure : L'Autre (1990), d'après le roman d'Andrée Chédid - un projet qu'il portait depuis 18 ans - et Les Caprices d'un fleuve (1996), un ambitieux film d'époque tourné au Sénégal.

    Des rôles entre ironie et cruauté...

    Loin d'avoir abandonné sa carrière d'acteur - à l'écran comme sur les planches -, Bernard Giraudeau trouve même, à l'approche de la cinquantaine, quelques-uns de ses rôles les plus marquants : prof homo dans Le Fils préféré (1994), prélat poudré dans Ridicule (1995) de son vieux complice Patrice Leconte, il incarne avec une évidente délectation les personnages ambigus et manipulateurs, comme le patron pervers d'Une affaire de goût (1999), thriller signé Bernard Rapp, ou le beauf homosexuel du décapant Gouttes d'eau sur pierres brûlantes (2000) de François Ozon. La critique et le public semblent alors redécouvrir le comédien, qui poursuit sur ce registre, entre ironie et cruauté, dans trois films présentés en 2003 au Festival de Cannes : La Petite Lili de Claude Miller, Je suis un assassin de Thomas Vincent, et Ce jour-là du Chilien Raoul Ruiz. Dans ce film, il joue le rôle d'un psychopathe diabétique. Au cinéma, cette éternelle "gueule d'amour" brillera une dernière fois en entraîneur de boxe thaï aux côtés de Dida Diafat dans Chok dee (2004) de Xavier Durringer.

    Atteint d'un cancer du rein en 2000 puis du poumon cinq ans plus tard, Bernard Giraudeau menait depuis ces dernières années une carrière de romancier à succès avec Le Marin à l'ancre (2001), Les Hommes à terre (2004) et Les Dames de nage (2007), tout en témoignant avec courage de sa lutte contre la maladie.

    Julien Dokhan et Guillaume Martin

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