On avait laissé la saga Saw sur un chapitre final de triste mémoire n'ayant plus que la 3D à offrir comme seule véritable innovation.
Entre des pièges qui prenaient une dangereuse tournure vers un second degré à la "Destination Finale", des intrigues qui faisaient émerger de plus en plus de complices à un tueur mort depuis le troisième épisode (on veut bien imaginer que Jigsaw avait conçu un plan posthume mais, là, ça commençait à tenir de l'art divinatoire) et une mythologie à bout de souffle (on en était resté à l'affrontement de l'ex-femme de Jigsaw et un de ses complices Hoffman, oui, ça fait autant bizarre à écrire qu'à lire), la saga "Saw" ramait à trouver quelque chose de vraiment neuf et passionnant à raconter. Bon, après sept films sortis quasiment à chaque fois annuellement, c'était un peu logique.
(Mal)Heureusement, entre-temps, la franchise des "Paranormal Activity" a repris le flambeau de la case sortie-Halloween-à-faire-exploser-le-tiroir-caisse permettant ainsi au Tueur au Puzzle d'aller profiter d'une retraite amplement méritée.
Enfin... On imaginait bien voir un "Saw" ressurgir quelques années plus tard sous la forme d'un remake/reboot/suite pour voir s'il ne restait pas quelques dollars à engranger sur le dos du cancéreux machiavélique le plus célèbre du cinéma contemporain. Et ça n'a pas loupé.
Sept ans plus tard, nous revoilà donc en train de "jouer à un jeu" avec, cette fois, derrière la caméra, les prometteurs frères Spierig (les très bons "Daybreakers" et "Predestination"). Hélas, en l'espace de quelques minutes de film, on réalise que même eux n'ont pas pu/su tirer quoi que ce soit de potable du cadavre de cette franchise qui aurait mieux fait de rester définitivement enterrée car, allons-y franchement, "Jigsaw" est affligeant de bout en bout.
Partant sur un postulat similaire à la plupart des épisodes antérieurs (cinq inconnus se réveillent pour passer tout un tas d'épreuves mortelles) mêlé à une enquête policière avec des fausses pistes aussi trépidantes que la vie sexuelle d'une pintade un soir de novembre, ce huitième film atteint l'exploit de laisser en suspens les pistes médiocres de l'opus précédent pour aller en dénicher des nouvelles encore plus inintéressantes ! En fait, rien ne parvient à justifier la résurrection de la saga dans "Jigsaw" : le parcours piégé des cinq victimes est mortellement ennuyeux (si l'on excepte l'épreuve "la plus simple"), les personnages sont unanimement transparents et interprétés par un casting que personne n'a jugé bon de réveiller avant de mettre la caméra en route (on a droit à quelques têtes connues de seconde zone comme Callum Keith Rennie ou Laura Vandervoort) et tout le monde passe son temps à se soupçonner/hurler dessus inutilement en vue de la promesse de l'inévitable twist final qui va nous en mettre plein la vue... par sa médiocrité.
Ok, la franchise ne s'est jamais embarrassée trop de logique mais, là, le plan "génial" qui nous est révélé dans les dernières minutes atteint les sommets du grotesque en voulant faire tenir debout un ensemble de faits qui confine au n'importe quoi général. De plus, ce twist est construit en utilisant plusieurs artifices scénaristiques des meilleures fins des épisodes de "Saw" : certains y verront peut-être une sorte d'hommage ou de boucle bouclée mais la plupart seront sidérés devant ce recyclage complètement éhonté où l'on ne peut qu'imaginer les rires cyniques des scénaristes à l'idée de prendre une fois de plus les spectateurs pour une bande de bons gros pigeonneaux embarqués dans la plus improbable des galères.
"Vivre ou mourir, à vous de choisir !". Ben, choisissez de mourir car le meilleur de piège de Jigsaw... c'est d'aller justement voir "Jigsaw". La partie est finie.