Avis sur Les 2 Alfred

Le monde de Les 2 Alfred, c'est évidemment le nôtre, en réalité (légèrement) augmentée. Autant qu'aux technologies nouvelles et à l'hyperconnexion de nos vies modernes, Bruno Podalydès s'attaque au monde de l'entreprise, en particulier à un certain type de start-ups où l'usage d'une novlangue opaque se double d'une organisation du travail soi-disant libérée et en fin compte singulièrement aliénante. C'est à peine caricatural. S'y ajoutent l'uberisation des services et l'appel à l'intelligence artificielle pour constater que la déshumanisation de la société est en marche, façon 1984, mais de notre propre volonté, un asservissement consenti. C'est l'un des aspects les plus drôles du film d'ailleurs : les machines se rebellent et gagnent leur libre-arbitre tandis que les humains s'ajustent à de nouvelles exigences normatives avec une docilité de robots. Mais Podalydès n'est pas un moralisateur, il est davantage un observateur amusé, à la manière du Tati de Playtime, et est capable de trouver de la poésie dans un vol plané de drones, une réunion en visioconférence ou un SMS d'une voiture autonome. Petit bémol peut-être, comme beaucoup de films de son réalisateur, le rythme des 2 Alfred, pêche parfois par excès de nonchalance avec des transitions qui manquent de mordant, mais cela fait aussi partie du charme un brin désuet du style de Podalydès. Côté interprétation, jusqu'aux plus petits rôles, la copie est parfaite avec aux commandes un Denis Podalydès brillant comme jamais et une Sandrine Kiberlain irrésistible, comme d'habitude.

« Les deux Alfred » fait l’effet d’un vrai pavé dans la marre, tant ce que ce film démontre fait écho à notre société telle qu’elle devient, ou est même déjà devenue !
On ne compte plus en effet le nombre de signaux et d’allusions à notre monde actuel, un monde de plus en plus formaté et pétri de codes divers et variés sous couvert de startups qui se veulent familiales et branchées mais terriblement pernicieuses, de domotique et informatique étouffantes et envahissantes, de connexions intrusives et perpétuelles, de présence et… par conséquent de surveillance par écrans interposés,…
Tous ces thèmes sont parfaitement interdépendants et très bien décrits ici, et si de scène en scène, on reconnaît parfaitement ce qui se profile pour nos vies respectives, on en rit vraiment et de plus en plus, mais amèrement !
On ne peut en effet que rire jaune de cet univers qui nous est montré, alors qu’il correspond déjà à ce que l’on connaît aujourd’hui.
Un monde où il faudra lutter pour pouvoir survivre en multipliant les petits boulots, et déployer son ingéniosité pour être le premier partout.
Ainsi qu’un monde hyper lissé, contrôlé, surveillé, sécurisé, aseptisé, où même notre propre apparence nous incite à nous calquer, en oubliant d’être nous-mêmes !
Plutôt vouloir paraître en se formatant et en obéissant au risque de mentir sur sa vie privée, plutôt qu’être réellement…
Et ainsi, ce monde nous prive tout doucement de notre liberté d’esprit et d’agir, de nos capacités à réfléchir et à comprendre, de nos propres choix de décision qui partent en miette sans que nous réagissions !
Qu’en sera-t-il alors de nos rêves, de notre insouciance, de notre espoir ?
Notre crise actuelle avec nos comportements qui en découlent, en est d’ailleurs un reflet effrayant, comme l’est aussi ce formidable film de
Sandrine Kiberlain, Denis et Bruno Podalydès qui forment un trio très convaincant où chacun se montre différent, mais offre surtout une peinture on ne peut plus vraie des individus que nous devenons.
Franchement, cette réalisation nécessaire de Bruno Podalydès ne pouvait pas mieux tomber, en étant une excellente et judicieuse idée, d’autant plus qu’elle nous ouvre les yeux sur une réalité dangereuse et effrayante qui nous rattrape tous !
Un film indispensable et diablement intelligent à découvrir de toute urgence.

Gros gros kif pour ce film tres réussi ! Les travers de la start-up nation sont démontés efficacement mais gentiment. Il y a du rythme, de l’humour, beaucoup de poésie. Évidemment d’excellents acteurs. Un bon cru de Bruno Podalydes.

Alexandre (Denis Podalydès) est un has been. La cinquantaine bien entamée, les comptes dans le rouge, il élève seul ses deux enfants en bas âge depuis que sa femme, sous-marinière, l'a quitté. Ouvrier typographe, il n'a pas les compétences qu'un marché du travail de plus en plus compétitif, recherche. Sur un malentendu, The Box, une start-up, l'embauche. Mais il est à craindre que le malheureux Alexandre ne résiste pas longtemps aux méthodes managériales ultra-modernes de Aymeric (Yann Frisch), son patron, et de Séverine (Sandrine Kiberlain), sa supérieure hiérarchique. D'autant que la start-up interdit à ses salariés - en flagrante violation du Code du travail - d'avoir des enfants. C'est sans compter sur la rencontre providentielle que fait Alexandre, à la crèche de son cadet, de Arcimboldo (Bruno Podalydès), roi de la débrouille.

J'ai eu la dent dure, la semaine passée avec quelques films auxquels j'ai reprochés d'être "vieillots", tournés par des réalisateurs essorés avec des acteurs qu'on a trop vus. Spontanément, sans en rien connaître, c'est typiquement le genre de reproche qu'on pourrait adresser au neuvième film écrit et réalisé par Bruno Podalydès, soixante ans tout rond, qui, comme dans tous les autres, offre à son frère cadet la tête d'affiche et à Michel Vuillermoz et Isabelle Candelier, ses amis de toujours, des rôles secondaires

Un film écrit et réalisé par Denis Podalydès, avec Bruno et Denis Podalydès et Sandrine Kiberlain ?! Quel ennui ! D'ailleurs la foule qui s'est pressée à son avant-première dimanche est grisonnante - pour ceux des spectateurs qui ont encore des cheveux.
Eh bien non !! (en fait si : les spectateurs étaient vraiment aussi vieux que je le dis)

"Les 2 Alfred" réussit à nous surprendre par une légèreté qu'on n'escomptait pas. Pourtant, le cinéma des frères Podalydès se caractérise précisément par une fantaisie, une légèreté qu'ils parviennent à renouveler de film en film. J'avoue que je l'ai souvent trouvé un peu futile :  "Bécassine !" ou "Comme un avion" m'avaient laissé un goût d'inachevé.
Mais "Les 2 Alfred" m'a transporté au point que j'ai hésité à lui attribuer le graal des cinq étoiles.

J'y ai vu d'abord une critique assez efficace des tics de notre société, de son jeunisme, de ses modes de management faussement cools.
J'y ai souri, souvent, à des situations ironiques qui sans déclencher le fou rire de certaines comédies françaises (je pense au "Discours" par exemple) fonctionnent par leur intelligence et leur drôlerie.
Et enfin, j'ai été submergé par la bienveillance et la gentillesse de ce cinéma. Le feel-good-movie est un genre qui, souvent, à force de sucreries mielleuses et de situations tire-larmistes, suscite le malaise. On en est loin avec ces "2 Alfred" qui, sans l'ombre de la moindre démagogie, réussit tout simplement à nous faire sentir bien. Merci :)

Une véritable satyre du monde du travail actuel , déshumanisé , froid , robotisé , royaume de l'artificiel , où les anglicismes sont roi....totalement IN.....un monde uberisé , aux petits jobs ....
Les frères Podalydès sont parfaits ...et les dialogues collent juste.

Cette agréable parodie souligne bien les travers du fonctionnement des entreprises américaines dont la France a longtemps copié le modèle il y a plus de 20 ans : L’abus des acronymes et du franglais dans les échanges, les modes de communication high-tech, l’intransigeance des règles inhumaines imposées au sein d’une entreprise. Beaucoup de paradoxes entre le sérieux, la recherche de la perfection et les résultats loufoques obtenus, le côté rigide du système hiérarchique s’opposant à la fragilité du vécu quotidien des employés, le règlement rigoureux du monde adulte dans l’entreprise face à la vie chaleureuse et tendre au sein d’une famille : une charmante comédie menée tambours battants qui ne cesse de surprendre, drôlissime à souhait. Même si parfois le trait est trop marqué, on se laisse séduire et emporter par cette remarquable comédie très réussie, très bien jouée, par son côté parfois burlesque mais tellement convaincant ! Une pépite d’humour divertissante qu’il ne faut surtout pas manquer en ces temps de crise autoritaire !

Voir un film de Bruno PODALYDES est toujours un peu spécial. Mais il faut reconnaître qu'il sait taper juste.
Son dernier traite du nouveau monde du travail avec sa dérive et il voit juste.
Vous sentez dans ce film la complicité des 2 frères et c'est jubilatoire. Vraiment de très bons acteurs ces 2 là.
Mais mention spéciale pour Sandrine la troisième larron toujours au top dans ses films.
J'ai vraiment passé un agréable moment. Laissez-vous guider dans cette comédie sociale et vous aurez certainement des interrogations à la sortie du film par rapport à votre monde de travail à vous.

Comédie sur la start-up nation et ces métiers inutiles dont les détenteurs se pensent indispensables à la société, les 2 Alfred parle de notre époque tout en adoptant un ton désuet rafraîchissant. Les Podalydès sont, comme à chaque fois, parfaits et Sandrine Kiberlain illumine son personnage de working girl irritante. Les idées pullulent et si on ne rit jamais aux éclats, on est transporté dans une bulle de bonheur pendant 90 minutes.

Il est amusant de voir Denis Podalydès revenir avec ce film avec une thématique qui n'est pas très éloignée de "Effacer l'Historique", où comment un homme d'âge mûr est confronté à un monde hyper connecté. Si la caricature de la start-up est jubilatoire sur plusieurs points, elle n'est pas toujours probante. Début léger, intrigue légère, condition d'embauche peu crédible, rien n'est assez sérieux pour qu'on y croit même un peu. La fable a ses limites et on a surtout l'impression de Bruno Podalydès n'avait pas assez d'idées pour combler un long métrage, d'où quelques longueurs. Le béton urbain semble avoir un peu engoncé le cinéaste dont on a surtout apprécié jusqu'ici les échappées bucoliques. Heureusement il y a les acteurs, la complicité entre les Podalydès est toujours aussi savoureuse, Sandrine Kiberlain s'amuse et c'est communicatif. Inégal mais assez singulier pour offrir une alternative aux autres productions du moment.
Site : Selenie

Comédie légère, ce film ne se prend pas au sérieux et n'est pas non plus à prendre trop au sérieux. Il faut dire que toutes les situations rocambolesques liées aux nouvelles technologies sont quand même très exagérées de la réalité. Travaillant autour de start-up, je peux vous dire que le vocabulaire utilisé dans le film n'est qu'un enchaînement non crédible de mots à l'"anglicisme" prononcée, mots qui existent bel et bien dans le monde des start-up mais qui là pour le coup, étaient vraiment trop caricaturaux car mal transposés quand on connait le sens de chacun des termes. On sent que le film a été écrit par des personnes d'un certain âge qui ne maîtrise pas totalement ces nouveaux outils mais qui en comprennent clairement les inconvénients et les abus qu'ils entrainent au quotidien. Tout y passe, l'ubérisation des nouveaux services, les voitures autonomes, les robots, l'intelligence artificielle, les drônes de livraison, etc. D'ailleurs, la thématique, l'intrigue et l'ambiance qui se dégageaient du film m'ont vraiment fait pensé au très récent film "Effacer l’historique" de Gustave Kervern, avec la même touche humoristique emprunté !
Il y a des moments très drôles, et le duo Bruno & Denis Podalydès fonctionne bien. Sandrine Kiberlain vient aussi apporter un vrai plus comique, et y est plutôt à l'aise. Par contre, j'ai trouvé l'acteur Yann Frisch, dans le rôle du patron, pas très bon... il était vraiment pas crédible, et on n'y croyait pas du tout. La scène de l'embauche était horrible et vraiment pas réaliste tellement ce n'était pas bien joué, je n'ai pas trouvé non plus la scène du coming out parental très bien joué, censée pourtant être forte. Dommage, car je trouve que ça cassait un peu la dynamique de jeu entre tous les autres personnages qui étaient tous sur une même lignée de niveau de jeu.
C'est donc un film léger, qui est agréable à regarder si on ne souhaite pas trop se prendre la tête, autrement, rien de bien sensationnel.

C'est drôle, parfois surréaliste et intelligent. On passe un très bon moment face à de très bons acteurs. Un film qui en dit beaucoup sur notre société. Belle réussite. A voir.

Une comédie gentillette mais sans plus. Bref aurait pu mieux faire...certes de bons acteurs mis un net manque de profondeur dans ce qui aurait pu être...

Ce film est un petit bijou d'humour. Il m'a surpris par son inventivité, son originalité, sa drôlerie. Certains gags sont particulièrement énormes mais c'est justement ça qui fait son charme.

Comédie hilarante qui critique joyeusement le côté start-up nation des entreprises "innovantes". Bruno Podalydès vise juste et remet de l'humanité dans ses personnages. Le réalisateur étant Tintinophile, il aime placer des objets ou des allusions à Tintin. J'ai repéré un bateau pirate en flyer transparent lors d'une scène de bar. Et vous ?

Cette comédie réalisée et scénarisée par les frères PODALYDES est très distrayante et décrit bien l'univers de travail des stars-up dans la haute technologie moderne internationale. Le scénario très bien écrit, apporte un regard lucide et souvent critique de cet univers avec leurs anglicismes, l'utilisation systématique du jargon informatique et abréviations pompeuses qui régissent leur fonctionnement. Tout cela est rendu sans méchanceté systématique mais est surtout réjouissant avec beaucoup d'humour parfois déjanté. Le film emmené par un trio d'acteurs talentueux nous fait passer un agréable moment de cinéma.

Bernard CORIC