Le film est loin d'être mauvais, bien au contraire, mais c'est clairement loin d'être une réussite aussi limpide que certains de ses autres films.
Le décalage entre, le rendu du film à notre époque actuelle, et la complexité réelle de l'histoire du perso principal et l'ensemble des critiques formulées à l'égard du monde dans cette histoire, y est surement pour quelque chose, nuisant à la cohérence de l'ensemble et rendant +compliqué la possibilité de rentrer facilement dans le film.
À cette date début 2020, il a moins de 8 ans et pourtant, il a relativement mal vieillit comparé à d'autres métrages qui pour certains en ont +de 20 (du même réalisateur ou pas d'ailleurs).
La faute a des concepts souvent maladroit, même si on sent bien l'idée derrière...
Mais la manière dont sont représentés les différents types de traitement en rapport avec la gestion des données et de l'information, l'apparence virtuelle que prend la résolution des "traitements d'abstractions", le numérique d'une manière générale, ou la représentation de certains aspects du net dans ce futur "gentiment" dystopique, ont un coté "cheap" et pas tjs bien pensés dans la forme et assez loin de l'esprit "retro-vintage" imagé que pourrait dégager l'univers du film (et surement souhaité par le réalisateur) si l'impression de fake n'était pas aussi prédominante, donnant un visuel aussi peu flatteur par moment, qu'une immersion difficile dans un univers qui manque de crédibilité.
La simplification + ou - à l'extrême et la fantaisie peuvent être des outils utiles pour véhiculer des idées complexes comme celles présentes dans le film (et le réalisateur est un habitué de ce genre de procédé dans sa filmographie), mais la limite entre une image/un concept/une idée/une critique/un système/etc qui devient +concret à l'écran grâce à cette manière de faire, et son rejet par manque de cohérence/finesse/réalisme/etc est parfois mince.
Depuis Brazil réalisé en 1985, le cinéma a continué son évolution, et des choses qui auraient correctement fonctionnées il y a 30 ans, passent bcp +difficilement à l'écran aujourd'hui...
Probablement un des films les +ambitieux de Terry Gilliam dans l'idée potentielle de départ (et les diverses possibilités de traitement et d'exploitation des sujets qui en découlent), mais clairement un des moins abouti dans le résultat à l'écran aussi bien que dans le déroulement du script (on est assez loin de la complexe subtilité mais néanmoins qualité de "l'Armée des 12 singes" ou de l'efficace pertinence d'un "Las Vegas Parano").
Reste les acteurs principaux, comme Melanie Thierry, dont la presta qui parait en roue libre, est probablement le seul élément du film qui parait être vraiment authentique "dans la forme", touchante et sexy à la fois (probablement un rôle en partie assez proche d'une facette de sa personnalité), et Christoph Waltz qui sait jouer bcp de choses (et très finement), mais dont on a l'impression d'un script le poussant parfois à +/- "surjouer" certaines scènes, rendant parfois un peu caricatural une interprétation pourtant relativement juste d'un personnage à la pensé "fracturée" (à l'opposé quasiment de ce qui se dégage de la sensation que laisse le rôle de Mélanie Thierry).
Le coté "schizophrénique" au centre de l'histoire du film (et le puzzle narratif en découlant avec ses éléments + ou - subtilement cachés) plaira probablement aux fans inconditionnels de Terry Gilliam, et à un certain nombre de gens aimant également la réflexion mais arrivant à "s'extraire" du coté fantaisiste parfois un peu grossier, car le trip du film d'une manière globale est bon, et dans l'histoire, les personnalités "décalés" des personnages du film restent attachantes & complexes à la fois dans la liaison réelle qui les unit au sein du scénario.
Mais pour tous les autres, ça risque d'être bcp +compliqué d'arriver à rentrer et adhérer à l'univers "faussement léger", de ce qui n'est clairement pas le +limpide et encore moins accessible des films du réalisateur...