Le Corbeau
Note moyenne
4,1
4525 notes En savoir plus sur les notes spectateurs d'AlloCiné
Votre avis sur Le Corbeau ?

73 critiques spectateurs

5
20 critiques
4
34 critiques
3
16 critiques
2
2 critiques
1
1 critique
0
0 critique
Trier par :
Les plus utiles Les plus récentes Membres avec le plus de critiques Membres avec le plus d'abonnés
Estonius

4 120 abonnés 5 465 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 23 mai 2021
Un sommet de l'art cinématographique et à tout point de vue. Le scénario est très habile dans sa forme, multipliant les fausses pistes et les retournements de situations en étant d'une intelligence rare dans sa forme (critique du manichéisme, appel à la compassion). Sur le plan de la réalisation on atteint la perfection, les cadrages sont fabuleux, la photo magnifique, certains ont parlé d'expressionnisme, sans aller jusque-là l'esprit de M. le maudit n'est pas si loin. Le film possède un sens du rythme assez remarquable chaque scène ne durant que le temps nécessaires. La scène de l'enterrement est anthologique Quant à la direction d'acteur elle est fabuleuse, Fresnay est bon (ça nous change de son rôle dans Marius), Larquey trouve sans doute son meilleur rôle et Ginette Leclerc crève l'écran.
Arthur Debussy
Arthur Debussy

174 abonnés 717 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 10 novembre 2020
D'emblée, ce qui frappe dans « Le Corbeau », c'est sa photographie remarquable. Les plans du tout début sont magnifiques, dans un noir et blanc contrasté qui illumine de belles prises de vues d'un petit village. Mais très rapidement, Clouzot filme des murs, des fenêtres, bref : l'enfermement. Le fond se coule alors dans la forme : nous sommes au cœur d'un épisode éprouvant, un corbeau fait chanter les notables de ce village. Ce qui fait froid dans le dos, c'est que si personne n'est épargné par les racontars du délateur, tout le monde semble coupable, de la jeune adolescente aux personnes âgées. Tous ont quelque chose à se reprocher, et les lettres du corbeau deviennent comme un jeu visant à faire ressortir toute l'ignominie, les moindres petits défauts de l'être humain.
Clouzot se fait bien sombre et pessimiste quand à l'humanité, qui s'entredéchire ici dans une spirale qui semble sans fin. Le contexte du tournage de ce long métrage n'y est pas pour rien : sorti en 1943, sous l'Occupation, la délation était à l'époque un sport national, et Clouzot dépeint ici tout le mépris qu'il avait pour ce procédé. Mais il en profite aussi pour mettre en lumière les ambiguïtés de la société d'alors : l'avortement était moralement réprouvé, mais dans les faits pratiqué, parfois de façon horrible, au risque d'y perdre la vie, parfois avec l'aide d'un médecin. Il est aussi question de drogue et d'adultère, des sujets abordés assez frontalement et qui ont dû choquer à l'époque. D'ailleurs Clouzot fut inquiété pour avoir tourné pour la Continental, une firme allemande, sans doute car au fond il dérangeait trop l'hypocrisie ambiante, mais il en est ressorti complètement blanchi.
Si l'on peut qualifier Clouzot de misanthrope, par l'entremise de son héros le Docteur Germain (magistral Pierre Fresnay), il se fait le chantre d'une humanité blessée mais conservant une part irréductible de dignité et de grandeur. Germain n'est pas un héros monolithique, tout d'un bloc et d'un blanc pur. Il est entre deux, courageux, intègre, mais parfois lâche et faible. Pour autant c'est un homme estimable, car voué aux autres. Et s'il peut être dur avec les autres et surtout lui-même, il finit par s'ouvrir étonnamment, dans une situation qui peut sembler un peu bancale mais tellement réaliste et plus humaine que dans bien des films.
Le corbeau de ce long métrage, tout comme Clouzot, finit par révéler la vraie nature des protagonistes de cette histoire. Certains, attaqués violemment, tels Germain et Denise (magnifique Ginette Leclerc, toute en nuances et contradictions), se feront d'autant plus combatifs. D'autres, plus ambigus, montreront leur vrai visage, un visage d'une noirceur effroyable. Outre le fond de ce long métrage, je ne peux que saluer la forme, avec cette mise en scène qui réserve bien des morceaux de bravoure, où tout est dit dans un regard, une attitude, une parole. C'est visuellement l'un des plus beaux films de Clouzot, l'un des plus terribles aussi. Il faut dire qu'il est servi par des acteurs exceptionnels, Pierre Fresnay et Ginette Leclerc en tête, mais également ces fameux seconds rôles de l'époque, particulièrement savoureux : Pierre Larquey et Noël Roquevert notamment, mais aussi Héléna Manson, peut-être moins connue, et finalement toute la galerie des autres personnages.
Clairement, on ne fait plus des films comme ça de nos jours en France, aussi courageux et ambitieux, aussi brillants sur le fond comme sur la forme. Et c'est bien dommage, espérons que l'avenir nous réserve d'agréables surprises et que la France retrouve un savoir faire qui fut bien réel.
Charlotte28
Charlotte28

158 abonnés 2 266 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 5 novembre 2019
Une plongée sombre dans les clairs-obscurs de l'âme humaine à travers l'atmosphère diffamatoire et délétère d'un petit village où chacun cache ses vices et lutte avec ses propres contradictions ou dilemmes. La réalisation sobre mais précise et symbolique (cette fameuse scène de l'ampoule!) associée à une direction d'acteurs très efficace contribue à distiller un climat étouffant et paranoïaque. Cependant l'intérêt émotionnel pour ces personnages peu attachants manque pour nous happer complètement. Il n'empêche que le contexte du film et ses qualités formelles à eux seuls justifient le visionnage de cette vision pessimiste mais fondée de l'Homme.
Ricco92
Ricco92

252 abonnés 2 228 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 24 octobre 2019
Si un film a bien été injustement calomnié, c’est bien Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot ! En effet, à la Libération, le film a été accusé de collaborationnisme sous prétexte que Clouzot était employé par la Continental-Films (société de production allemande produisant des films français qui avait cependant la particularité d’éviter de faire des films de propagande) et d’avoir fait un film anti-français, cette accusation empêchant même Clouzot de tourner pendant deux ans et demi (tout comme le scénariste Louis Chavance qui avait pourtant écrit le scénario en 1932 !) et plusieurs acteurs étant emprisonnés (notamment Pierre Fresnay et Ginette Leclerc). Et pourtant, le film est totalement l’inverse d’une œuvre collaborationniste. En effet, ce que dénonce justement Clouzot dans le film est bel et bien la France collaborationniste accumulant les lettres anonymes. Avec celle-ci, effectivement, Clouzot est sans pitié : elle est constituée de bassesse, de ragots, de préjugés et d’hypocrisie… Ce qui dérangea à la Libération, c’est sûrement aussi qu’il ne présente jamais les personnages comme étant tout blanc ou comme étant tout noir : ambiguïté est partout et chacun peut être le coupable (le véritable étant d’ailleurs un des personnages que l’on soupçonnait le moins). De plus, cette description prend toute sa force grâce à Henri-Georges Clouzot. En effet, celui-ci offre une réalisation classique mais tout à fait ciselée, un scénario parfaitement rythmée et une interprétation de haute tenue (Pierre Fresnay est tout bonnement parfait). Heureusement, depuis, le film a été réhabilité et reconnu pour ce qu’il est : un pur chef-d’œuvre du cinéma français. Le meilleur hommage qui puisse d’ailleurs avoir été fait à ce film, tiré d’un fait divers véridique qui avait eu lieu à Tulle entre 1917 et 1922, est le fait que son titre soit depuis devenu une expression courante de la langue française.
MemoryCard64
MemoryCard64

54 abonnés 375 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 9 avril 2016
Il était une fois, en France occupée, un réalisateur qui eut le courage de forcer les Français à se regarder dans une glace et de dénoncer une pratique malheureusement courante à l'époque : la délation. Bien évidemment le film fit scandale à la Libération, d'autant plus qu'il a été financé par une société allemande. Henri-Georges Clouzot fut même interdit de tournage pendant deux ans. Mais que reste-t-il du Corbeau de nos jours ? Le film n'accuse pas du tout le poids des années. Pour commencer tous les acteurs jouent incroyablement bien, selon le standard de jeu actuel. Les répliques fusent avec beaucoup de naturel, mais il faut bien dire que les acteurs sont aidés d'une écriture remarquable, qui sème suspens, ambiguïté et une touche d'humour dans les dialogues. L'intrigue extrêmement bien ficelée avance sans perte de rythme et distribue les indices au compte-gouttes jusqu'à la scène finale, où le Corbeau est démasqué. La révélation est d'autant plus agréable qu'elle tombe sous le sens, son identité ne sort pas de nulle-part. Il est intéressant de voir que tous les habitants de ce petit village sont suspects puisque tout le monde connaît tout le monde. Un climat de paranoïa s'installe rapidement et quelques personnes sont victimes de règlements de compte hâtifs : la scène où la personne accusée est poursuivie dans les rues par une foule qu'on ne voit pas mais dont on entend les cris est un bon exemple. Les petites magouilles que chacun faisait dans son coin seront révélées, soit par le Corbeau soit par les enquêteurs. Cette obligation qu'ont les personnages à se dévoiler (un thème que j'affectionne particulièrement) amène au spectateur quelque chose de très fort. L'ensemble profite d'une mise en scène très moderne. Clouzot joue avec énormément de techniques, les plus marquantes étant le hors champ, les jeux d'ombres et les magnifiques plans présentant un nouveau lieu du village. On retiendra également la scène de la lampe, qui possède un dialogue au timing parfait et une réalisation millimétrée, sans oublier tout le symbolisme qui tourne autour de l'objet. Je m'attendais à un bon policier mais Le Corbeau est beaucoup plus que cela. C'est tout simplement royal.
Hotinhere

666 abonnés 5 174 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 24 juillet 2022
Inspiré d'un fait divers, un grand film noir de Clouzot, tourné durant l’Occupation, qui dénonce froidement la délation dans une France rurale, sournoise et étouffante.
pierrre s.

493 abonnés 3 358 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 25 octobre 2020
La force d'un grand film c'est que même des décennies après son achèvement, son propos reste d'actualité. C'est tout à fait le cas du thriller/ drame de Clouzot. Grâce à des dialogues remarquablement écrit, ainsi qu'à une réalisation et à un montage très moderne pour l'époque.
Le Français Glacé
Le Français Glacé

31 abonnés 328 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 21 novembre 2017
Le Corbeau réalisé par Henri-Georges Clouzot en 1943.
*Les points que j'ai appréciés →
• Le scénario
• Le jeu des acteurs
• L'esthétique visuel

*Les points que je n'ai pas appréciés →
• L'ennui qui guette pas mal de fois

*Conclusion →
J'ai aimé, c'est un scénario ingénieux. 7/10.
Max Rss
Max Rss

218 abonnés 2 092 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 9 février 2015
Voici le film qui lorsqu’il est sorti, a causé de très gros soucis à Henri-Georges Clouzot. Si gros que le cinéaste fut banni à vie, avant que la sanction ne soit levée quelques années après. Heureusement me direz-vous, sinon nous, les spectateurs, nous aurions été privés des grands films que sont « Le salaire de la peur » et « Les diaboliques ». Je ne me prononce pas sur « La Vérité », étant donné que je ne l’ai pas encore vu. Penchons nous dès à présent sur le cas de ce « Corbeau ». Ce que l’on peut dire d’entrée de jeu, c’est qu’il s’agit d’un extrêmement couillu au regard de l’époque à laquelle il est sorti: en pleine seconde guerre mondiale. Clouzot y dresse un portrait au vitriol du français moyen et dénonce au passage un fait, que dis-je, un mal qui a bel et bien eu lieu en ces temps: la collaboration pendant laquelle les délations allaient bon train. N’importe quoi, n’importe quand pouvait être envoyé au trou sur une simple dénonciation. Il n’est donc pas difficile de comprendre pourquoi ce film s’est mis la presse à dos, surtout la presse communiste. Malgré tous ces évènements que l’on pourrait qualifier d’extra-cinématographiques, « Le Corbeau » est tout de même nettement inférieur à certains autres films du cinéaste. La faute à un scénario moins astucieux, moins travaillé que celui de « L’Assassin habite au 21 » par exemple et à une mise en scène un peu mollassonne qui peine à donner du rythme à l’ensemble. Cependant, on retiendra deux passages très forts: la dictée dans la classe de l’école communale et cette scène dans laquelle se balance une ampoule rendant la pièce où se situe l’action tantôt éclairée, tantôt sombre…
Gonnard
Gonnard

264 abonnés 1 930 critiques Suivre son activité

2,0
Publiée le 1 juillet 2017
Un manque de rythme durant les trois-quarts du film, ce qui fait quand même beaucoup, le scénario manquant de consistance alors que le fait divers d'origine offrait quelques pistes supplémentaires.
CH1218
CH1218

239 abonnés 3 018 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 14 décembre 2024
Inspiré d’un fait divers authentique, ce film d’Henri-Georges Clouzot se veut la vitrine peu reluisante d’une certaine population sous l’Occupation. Noirceur, paranoïa, délation, fausses pistes, rebondissements et suspense, le tout écrit avec intelligence et réalisé avec beaucoup de minutie et de maturité. Plus de 80 ans au compteur et pourtant « Le Corbeau », par sa modernité, n’a quasiment pas pris une ride. Un chef d’œuvre du cinéma français dont le titre est depuis entrer dans le langage courant.
Santu2b
Santu2b

279 abonnés 1 803 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 1 janvier 2019
Deuxième long-métrage et déjà un chef d'oeuvre pour Henri-Georges Clouzot avec son célèbre "Corbeau" sorti en 1943. Produit par la controversée Continental Films, l'oeuvre écopa d'une interdiction et valut quelques soucis à son auteur à la Libération. À travers cette histoire de lettres anonymes, le cinéaste parvient magistralement à retranscrire le climat délétère de l'Occupation, fait de suspicion, de délation, de peur du voisin, voire de folie collective virant à la meute. Dans son propos, le cinéaste se situe à l'opposé de tout manichéisme : si une seul scène devait résumer cet état d'esprit, ce serait bien sûr celle où les deux protagonistes principaux dissertent sur le bien et le mal avec une ampoule tournoyant autour d'eux. Une maestria parfaite jusqu'au dernier souffle, portée par un grand Pierre Fresnay.
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 14 janvier 2016
Clouzot est probablement l'un des réalisateurs français les plus sûrs : on sait que le film va être bon. Et Le Corbeau ne déroge pas à la règle. On a là un scénario captivant, une atmosphère malsaine et paranoïaque réussie, une réalisation qui s'amuse à jouer sur les ombres, des acteurs convaincants... Bon, j'ai un problème avec la fin : d'un côté je la trouve bien menée et assez surprenante, de l'autre je la trouve un peu prévisible (c'est un sentiment assez indescriptible, il faut le voir).
En tout cas, voilà un classique qui n'a pas volé sa réputation.
Eselce

1 520 abonnés 4 240 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 2 novembre 2014
Très efficace, malgré son grand âge, si vous aimez les enquêtes et les intrigues à l'ancienne, ce film est pour vous !
Redzing

1 286 abonnés 4 630 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 9 août 2024
Dans une petite ville lambda, un mystérieux "corbeau" envoie des dizaines de lettres anonymes. Mêlant mensonges grossiers et révélations fracassantes, elles visent en particulier le docteur Germain, l'accusant de procéder à des avortements clandestins. La frénésie va bien vite s'emparer de la ville...
"Le Corbeau" est une remarquable peinture au vitriol de la population française, et en particulier des notables ! Corps médical, clergé, élus, fonctionnaires, commerçants : tout le monde en prend pour son grade.
Le film est sombre, incisif, et très intelligemment écrit de A à Z. Jusque dans ses dialogues qui ne manquent pas de mordant, allant du second degré à l'humour noir. Et son enquête qui tient en haleine, avec un dernier quart très riche en rebondissements, incroyablement moderne.
Henri-Georges Clouzot peut en outre s'appuyer sur de truculents personnages, qui vont vite contribuer à faire s'envenimer les choses. Pierre Fresnay en médecin sec, entravé par un passé trouble. Ginette Leclerc en croqueuse d'hommes malsaine. Ou Pierre Larquey en psychiatre amusé, pour ne citer que les principaux.
Le réalisateur se montre accessoirement inspiré. Jouant régulièrement avec les ombres, les regards accusateurs des habitants, ou les mouvements de ses personnages.
"Le Corbeau" est une vrai réussite du cinéma français, qui malheureusement coûtera cher à Clouzot. En effet, entre son label (production Continental, compagnie financée par les Allemands), son portrait peu glorieux de la population, et l'utilisation de délation, procédé fréquemment utilisé sous l'Occupation, les communistes y virent un film de propagande nazi. A la libération, Clouzot sera mis au ban et le film interdit ; il faudra quelques années pour que les choses se tassent...
Les meilleurs films de tous les temps