Censé être l'ultime film de Miyazaki avant une retraite bien méritée (depuis, il nous fait le coup a chaque film), Princesse Mononoké est autant une œuvre testamentaire d'un géant du cinéma qu'un cri de colère d'un homme qui voit l'humanité foncer droit dans le mur.
Ne nous y trompons pas, Miyazaki nous livre toujours des scènes d'une beauté hallucinante mais, pour une fois dans sa carrière, le cinéaste japonais ose injecter de la violence et de la noirceur dans son film (décapitation, mutilation) ce qui se justifie par l'époque troublée a laquelle se déroule l'histoire.
Le film raconte l'histoire de Ashitaka, jeune prince maudit pour avoir tuer un dieu qui menaçait son village.
Découvrant que le dieu était devenu fou a cause d'une balle qui lui déchirait les entrailles, Ashitaka s'exile volontairement de son village et parcours un pays ravagé par la guerre.
Il arrivera jusqu'au terres de Lady Eboshi, noble dame qui exploite la forêt voisine au détriment de la vie sauvage ce qui provoque la colère des dieux et de San, une jeune sauvageonne qui vit avec eux.
Soyons clair, ce film monstre, aussi beau et merveilleux que brutal et apocalyptique, n'a rien de la fable écologiste béate pour au moins deux raison:
1: l'écologie n'est qu'une forme de domestication de la nature, ce que Miyazaki a toujours fustigé dans son œuvre.
2: il n'y a aucun manichéisme dans la caractérisation des personnages, au contraire c'est leur complexité qui fait tout le sel du film.
Ashitaka, bien que sage malgré son jeune âge, est un témoin neutre qui n'a pas la solution miracle pour arranger les chose si ce n'est son bon sens.
Malgré son pacifisme, il n'hésite pas a tuer si il n'y a pas d'autres solutions.
Lady Eboshi est loin du monstre abominable qu'elle aurait été si le film aurait été fait ailleurs (chez les studios Disney, qui n'aurait jamais mis autant de nuances dans un seul de leur films, par exemple).
Elle déboise la forêt, c'est clair, mais est elle-même menacée par l'empereur (le VRAIS méchant du film que l'on ne voit jamais) et cherche a farouchement protéger son territoire.
De plus, elle accueille auprès d'elle les déshérités et les exclus (lépreux, prostituées) qu'elle traite avec beaucoup d'humanité et sans le moindre calcul.
San, enfin, est une guerrière courageuse et indomptable mais elle, qui a été élevée par le Déesse louve Moro, est aussi aveuglée par sa haine envers les humains.
Les dieux, animaux géant dotés de la paroles, sont eux aussi vindicatif et craignent, en plus de la perte de leur territoire, que leurs "rejetons" régressent.
Contrairement a ce que j'ai pû lire dans des commentaires négatifs complètement claquée au sol écrits par des gens d'une mauvaise foi démentielle, Princesse Mononoké est un poème visuel d'une maîtrise incroyable et d'une énergie rageuse surprenante dans la carrière de Hayao Miyazaki, a la fois humaniste et furieux, aux personnages complexe et servis par une bande originale sublime et épique du grand Joe Hisaishi.
Un film d'animation (et pas un "manga", ce terme désignant les livres) exceptionnel et intelligent qui enterre tranquillement la concurrence a chaque plan et qui ne commet pas l'erreur d'un optimisme béat ni d'un pessimisme exagéré, Miyazaki donnant tout de même sa chance au humains via un épilogue apaisé.
Quand le Sage vous montre la lune, ne commettez pas l'erreur de vous concentrer sur le doigt, sinon vous passerez a côté de la splendeur céleste.