Ce grand amoureux du Septième Art aura attendu la fin du Festival de Cannes pour tirer sa révérence. Comédien, réalisateur, metteur en scène, directeur de salle et grande figure de la vie mondaine parisienne, Jean-Claude Brialy a succombé ce mercredi 30 mai à une longue maladie, à son domicile de Monthyon (Seine-et-Marne). Lauréat d'un César du Meilleur second rôle en 1988 pour Les Innocents,
Débuts sur les planches avec Jean Marais
Fils de colonel, Jean-Claude Brialy, né en Algérie en 1933, vit son enfance au rythme des mutations paternelles. Après le bac, il s'inscrit d'abord au Conservatoire de Strasbourg où il obtient un premier prix de comédie, puis au Centre d'art dramatique de l'Est. En service militaire à Baden-Baden, il est affecté au service cinéma des armées, qui lui donne entre autres l'occasion de tourner dans son premier court métrage Chiffonard et Bon Aloi. Il sympathise aussi à cette époque avec plusieurs comédiens en tournée théâtrale, dont Jean Marais, qui l'encourage dans sa vocation.
La bande des Cahiers
Débarquant à Paris en 1954, il fréquente très vite la bande des Cahiers du Cinéma. C'est Jacques Rivette qui l'engage le premier dans son court métrage Le Coup du berger en 1956. Il tourne la même année L'Ami de la famille, qu'il considère comme son premier vrai rôle, et multiplie les apparitions
Acteur, réalisateur, directeur de théâtre...
En 1971, il réalise son premier film, Eglantine, une évocation nostalgique de ses souvenirs d'enfance, primée au Festival de San Sebastian. Attaché à cette période de la vie, Jean-Claude Brialy mettra également en images Les Malheurs de Sophie (1981) et surtout Un bon petit diable (1983), offrant à Alice Sapritch, effrayante en marâtre, un de ses rôles les plus marquants. En tout, il réalisera six longs métrages pour le cinéma, et autant pour la télévision. Parmi ses nombreuses activités, il faut aussi citer celles de directeur de théatre (celui des Bouffes-Parisiens notamment) d'organisateur de festivals, tels que celui de Ramatuelle, et d'animateur d'émissions de radio (sur Europe 1 en particulier). On l'a même entendu pousser la chansonnette face à Anna Karina, chez Godard ou dans le téléfilm Anna sur des airs de Gainsbourg.
Un César grâce à Téchiné
S'il cultive une image d'amuseur élégant, Jean-Claude Brialy est aussi capable d'explorer des territoires plus sombres. (Mortelle randonnée de Claude Miller, avec qui il tourna également L'Effrontée, photo).
Ces dernières années, on retrouvait son nom au générique de plusieurs comédies (dans C'est le bouquet !, il forme avec Dominique Besnehard un couple irrésistible), mais Brialy a surtout surpris son monde en publiant en 2000 un livre de souvenirs Le Ruisseau des singes, dans lequel ce formidable conteur revient entre autres sur son enfance en Algérie. Le succès est tel qu'un deuxième tome suit en 2004, J'ai oublié de vous dire..., nouveau recueil de confidences et de portraits signé par un grand connaisseur du cinéma au coeur de midinette. Une de ses dernières apparitions publiques, ce fut, en avril dernier, lors des obsèques de Jean-Pierre Cassel, un autre dandy chéri des Français, avec lequel il venait de tourner Dernière enquête.
La Rédaction d'AlloCiné