Utilisant le nom de scène de son père, Jean Moncorgé devient Jean Gabin en montant sur la scène des Folies Bergères. Il chante et danse en y côtoyant
Mistinguett. Après plusieurs années de cabarets, le cinéma l’appelle et il tourne dans son premier film au titre prémonitoire :
Chacun sa chance (1930). Ses débuts de carrière sont difficiles, Gabin tourne des productions mineures, mais
Julien Duvivier lui permet de prouver son talent dans
La Belle équipe (1936) aux côtés de
Charles Vanel, et surtout
Pépé le Moko (1937), dans lequel Gabin interprète avec brio le truand qui donne son titre au film.
La carrière de Jean Gabin est lancée. En deux ans, il va tourner dans des films parmi les célèbres du cinéma français comme
La Grande illusion,
Gueule d'amour avec
Mireille Balin (1937),
Le Quai des brumes avec
Michèle Morgan,
La Bête humaine (1938),
Le Jour se lève (1939). En septembre 1939, Gabin est mobilisé, et en février 1941, il quitte la France pour les États-Unis, refusant de tourner pour les allemands. Il y jouera dans deux films :
La Péniche de l'amour et
L' Imposteur, et fréquentera
Ginger Rogers, ainsi que
Marlene Dietrich. En 1943, Gabin s’engage dans les Forces Françaises Libres et sera décoré de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre.
A son retour de la guerre, Gabin a une image de vieil acteur d’avant-guerre. A quarante ans, il a déjà les cheveux blancs. Il tourne un projet qui lui tient à cœur :
Martin Roumagnac (1946), avec
Marlene Dietrich. Le film est un échec. Commence alors une période de déclin pour la carrière de Gabin, qui tourne des films mineurs, à l’exception de
La Nuit est mon royaume (1951),
La Vérité sur Bébé Donge (1951) et
French Cancan (1954), de
Jean Renoir. La renaissance vient avec deux films :
Touchez pas au grisbi (1953) et
Razzia sur la chnouf (1955) avec le jeune
Lino Ventura. Dans ces deux films de truands, Gabin montre qu’il peut encore être un acteur remarquable.
Dès lors, Jean Gabin change d’image, il est l’homme d’expérience, autoritaire et qui impose le respect. Ce personnage, Gabin va le devenir également dans la vie, jusqu’à la caricature. En 1955, un petit film va être déterminant :
Gas-oil.
Michel Audiard découvre en Gabin une gouaille pour asséner ses répliques soigneusement élaborées. Leur collaboration va couvrir près de vingt films. Les réussites de Gabin dans cette fin des années 50, sont à trouver dans le polar
Voici le temps des assassins (1956),
La Traversée de Paris (1956) avec
Bourvil, et
En cas de Malheur (1958) avec
Brigitte Bardot.
Dans les années 60, Gabin va se constituer une équipe de fidèles, avec laquelle il va tourner de nombreux films. Ces réalisateurs se nomment
Gilles Grangier,
Denys de La Patellière,
Henri Verneuil ou
Jean Delannoy. Il crée sa boîte de production avec
Fernandel: la « Gafel ». Il agrandit sa propriété normande en rachetant des terres, et devient éleveur de bovins à ses heures perdues. Parmi les films de cette décennie marquée par beaucoup de cabotinage, se démarquent
Le Cave se rebiffe tourné avec son ami
Bernard Blier, et son interprétation de l’inspecteur Maigret, rôle qu’il avait déjà tenu à deux reprises dans les années 50. Surtout, Gabin se rapproche de la nouvelle génération avec
Un Singe en hiver, tourné auprès du jeune
Jean-Paul Belmondo,
Mélodie en sous-sol avec
Alain Delon, acteur qu'il retrouve ainsi que
Lino Ventura pour
Le Clan des Siciliens (1969).
Approchant des 70 ans, Jean Gabin choisit de plus en plus ses rôles, jusqu’à la caricature. Ainsi, ses prestations dans
La Horse (1970) ou dans
L' Affaire Dominici (1973), consolident encore son personnage de patriarche têtu. C’est plutôt avec
Le Chat (1970) de
Pierre Granier-Deferre, qu’il montre son talent intact et
Deux hommes dans la ville, pour lequel il retrouve
Alain Delon. En 1974, il enregistre une chanson,
Je sais, sur des paroles de
Jean-Loup Dabadie, qui se classe honnêtement dans les ventes de l’année. Son dernier film,
L' Année sainte (1976), réalisé par
Jean Girault avec
Jean-Claude Brialy est un échec. Le 15 novembre de la même année, Jean Gabin s’éteint, et avec lui, une figure mythique du cinéma français.
Auteur : Corentin Palanchini